L’un des rares contacts pris par Misery Index avec le public français n’avait pas véritablement joué en sa faveur. Engagé sur la tournée de Fear Factory, le quartet se voit malheureusement épaulé par un son plus que discutable sur la majorité des dates, et ne parviendra pas à retranscrire le relief des morceaux issus de son premier album ainsi que de la poignée d’EPs et splits qui l’auront précédés. Avec Traitors, ces quatre américains furieusement inspirés amorcent un retour dans la fureur, la sueur et le sang. Un ratiboisage des conduits auditifs en règle.
Traitors n’est sûrement pas l’album de l’année, ni une véritable ré-invention d’un style death / grind qui a depuis longtemps montré ses limites en terme d’originalité. Pour autant, ce second format long se montre sacrément efficace, tant Misery Index se complait à poser sur bandes des compositions aussi bourrines que jouissives à souhait. Monté par deux anciens piliers du tout aussi virulent et délicat Dying Fetus (dont ils se montrent inévitablement très proches), Jason Netherton au chant et à la basse ainsi que Sparky Voyles à la guitare, il aurait été surprenant que la formation évolue ailleurs que dans la comptine saturée pour adultes joyeusement allumés du ciboulot. Traitors apporte donc son avalanche de riffs plombés en cascade, le groupe naviguant joyeusement entre un death ultra-brutal et primaire (« Theocracy », « Ghosts Of Catalonia ») et plus surprenant, compositions aux enluminures hardcores concises et rythmées avec une vélocité pour l’occasion décuplée (un « The Arbiter » aux envolées quasi-punk). Ce second opus n’a donc rien d’une pure démonstration de death bête et méchante, et tend à prouver qu’il est possible d’intégrer au genre des variations bienvenues. Une diversité que Misery Index parvient à insuffler par une grande maîtrise d’une rythmique constamment changeante.
Bien que la frappe d’Adam « je blaste dans tous les sens » Jarvis ne se montre donc adepte du mode mitraillage frénétique, le musicien parvient néanmoins à laisser (légèrement) respirer la musique de Misery Index. D’un accompagnement rythmique épileptique à grand renfort de double-pédale marteau-piqueur, le quatuor mue sans vergogne vers des horizons à la lenteur lourde et appuyée. Cette technique se retrouve par ailleurs dans les lignes de guitares, qui viennent à quelques (rares) occasions apporter une dimension mélodique par l’intégration de solos, bien que ces derniers demeurent relativement courts et majoritairement anecdotiques (« Theocracy », « Partisans Of Grief », « Ghosts Of Catalonia »). Bien que moins riche que les tissus instrumentaux, la voix de Jason Netherton habille le tout avec la hargne nécessaire. Nanti d’un timbre guttural qui pénètre le tympan en profondeur, le frontman s’arrache les cordes vocales avec bonheur et rage communicative.
Armé d’un Traitors bien calibré, Misery Index s’en va en guerre contre les oreilles sensibles. L’écoute de ce nouvel opus en forme de tremblement de terre n’est pas conseillée sans échauffement préalable du conduit auditif. Pour les habitués, ces onze morceaux ne peuvent qu’être vivement recommandés.
.: Tracklist :.
01. We Never Come In Peace
02. Theocracy
03. Partisans Of Grief
04. Traitors
05. Ghosts Of Catalonia
06. Occupation
07. Ruling Class Cancelled
08. The Arbiter
09. American Idolatry
10. Thrown Into The Sun
11. Black Sites