L'allemand à la côte. La faute à quatre insupportables morveux qui squattent depuis quelques mois les ondes radios et hertziennes, risquant bien au passage de renflouer les classes de langue teutonne plutôt désertées ces dernières années. Stoppons là toute comparaison, Letzte Instanz, qui livre avec Wir Sind Gold son sixième essai, ne mérite absolument pas d'être rattaché à cette formation pré-pubère.
Il est toujours agréable de constater que malgré une époque où le formatage radio semble de règle, certaines formations osent encore prendre des risques. Certes, Rammstein a déjà démontré avec brio que le chant en allemand pouvait aisément passer les frontières, mais son utilisation représente pourtant encore une certaine barrière. Chez Letzte Instanz, l'emploi de cette langue ne gène aucunement, glissant comme une lettre à la poste sur les instrumentations concoctées par les six musiciens, et contribuant même grandement à l'ambiance gothique amenée par celles-ci. Si Wir Sind Gold pourrait évoquer par leur penchant pour les couplets sombres et donnant lieu à de nombreuses interventions de claviers les vétérans de Lacrimas Profundere ou encore leurs collègues de label Jesus On Extasy, le septet possède néanmoins une corde bien plus originale à son arc. Là ou certains se contentent de faire appel à une section de cordes afin d'accompagner une ou deux compositions, Letzte Instanz présente directement dans son line-up un violoncelliste ainsi qu'une contrebasse. L'alchimie entre les cordes et les éléments saturés fonctionne à merveille, le groupe alternant puissance catchy sur des étendues mélancoliques sans aucunement nuire à la cohérence de ces seize compositions (« Sturmvogel » et son ouverture ténébreuse, le groovy « Sie Kommen »). Tout fonctionne en partie grâce à une agressivité fortement limitée, voire même quasi-inexistante, les guitares n'imposant pas leurs présences par une série de riffs acérés et décolleurs de tympans.
Leurs présences se veut d'ailleurs bien plus limitée que chez une grande majorité de formations cataloguées rock, celles-ci se taisant bien souvent lors des couplets afin de laisser pleinement s'exprimer les cordes ou encore une basse très marquée, composant discrètement un arrière fond constitué de quelques discrètes notes. Chaque instrument trouve une place identique au niveau de la composition des morceaux ainsi que du mix de l'album, les six-cordes s'avérant bien loin d'être inutiles et permettant bien souvent d'intéressants contrastes entre le calme des couplets et la puissance des refrains. Les deux guitaristes savent également varier leur jeu, jonglant entre l'acoustique et l'électrique (« Komm Nie Zurüch », « Mein Ton »), plaçant lorsque l'envie se présente quelques judicieuses incartades en solo (« Sturmvogel »). Difficile pour Holly de proposer un accompagnement vocal aussi varié et vallonné. Face à ces six musiciens, le frontman prend bien évidement une tangente fortement mélodique aux intonations glam qui bien que moins originale que les instrumentations se greffe parfaitement à l'ensemble. Néanmoins, et sans doute afin de rendre les parties vocales moins répétitives, Letzte Instanz fait néanmoins intègre quelques parties de chorales bienvenues étant donné le style dans lequel évolue la troupe (les enfants sur « Wir Sind » ou encore une cantatrice aux envolées délirantes et très hautes perchées au cours de « Maskenball »).
Malgré un nom imprononçable, Letzte Instanz remporte son pari haut la main. Wir Sond Gold se montre de plus bourré jusqu'à l'os avec pas moins de seize compositions, une raison de plus pour ne pas s'en priver.
.: Tracklist :.
01. Du Und Ich
02. Morgenrot
03. Sturmvogel
04. Wir Sind Allein
05. Komm Nie Zurück
06. Der Ewige Kreis
07. Monument Der Stimme I
08. Worte Brennen Gut
09. Maskenball
10. Sie Kommen
11. Und Das Meer…
12. Frei
13. Jeden Abend
14. Mein Ton
15. Meine Innere Stimme II