Bien que l’on ait (malheureusement) que peu de chance d’avoir un jour entendu parler de Hollow Corp. à l’heure actuelle (exception peut-être pour ceux présents cette année aux Eurockéennes de Belfort), un nom posé sur la pochette de leur tout premier album attire directement le regard : Magnus Lindberg. S’il n’a assuré que le mixage de ces huit brûlots, l’intérêt porté par l’un des guitaristes du génial Cult Of Luna ne pourra que difficilement être vu autrement qu’un gage de qualité. Et heureusement, la marchandise livrée sur ce Cloister Of Radiance ne déçoit à aucun moment.
Avec seulement deux années d’existence au compteur, la maturité dont font preuve ces cinq audacieux colmariens s’avère plus qu’impressionnante. Le background musical présenté par une partie du line-up n’y est sans doute pas étranger (ceux-ci ayant auparavant évolués dans une formation du nom de Coverage), et si le quintet n’a pas trouvé preneur sur le territoire Français, le label suédois Dental Records ne s’y est pas trompé. Hollow Corp. livre avec ce premier essai un disque très compact, regorgeant d’ambiances oppressantes savoureusement teintée d’un noirceur absolue et envahissante, relativement proche des premières expérimentations post-hardcore de Cult Of Luna ou encore Neurosis. Les cinq musiciens ne s’adonnent pas pour autant à un vulgaire copié coller sans intérêt de ces maîtres de file incontestés, et accouchent d’un album à la fois très personnel et surtout véritablement habité. Ces huit morceaux se voient emballés dans un écrin d’une froideur presque apocalyptique, le mur de décibels érigé par la puissance écrasante des guitares se montrant souvent inébranlable. Celui-ci s’effondre brusquement afin de laisser place aux traditionnelles échappades atmosphériques d’une beauté saisissante (l’introduction en crescendo de l’excellent « Peripherals »), plus rares que chez Cult Of Luna et permettant quelques courtes mais appréciables divagations en apesanteur avant de replonger en apnée dans les tréfonds troubles et désespérés.
Arraché et rocailleux, le chant de Stéphane Azam vient s’enrouler autour des instrumentations avec le même sentiment d’effrayante obscurité. Maîtrisé de bout en bout, variant à de rares reprises vers un registre plus clair et lumineux lorsque la tempête laisse place à une accalmie apaisante (« Thujon », grand huit d’émotions absolument remarquable sur lequel la basse s’échappe véritablement), son timbre s’accorde à merveille avec les sonorités massives et lourdes des textures instrumentales. Pas de gimmick ni de structure académique à l’horizon, Hollow Corp. étale ses instrumentations sur des durées résolument anti-radiophoniques, n’hésitant pas à casser brusquement le rythme de son morceau et emportant son auditeur dans un long voyage qui ne cessera qu’à la dernière seconde de cet album hors-normes. Cloister Of Radiance ne se limite pas à un ensemble de morceau, mais se découvre comme un tout à vivre d’une traite tant chaque composition fait preuve d’un anti-conventionnalisme prononcé.
Cloister Of Radiance se positionne comme l’un des disques français les plus intéressants de l’année, en dépit de sa relative et presque inévitable difficulté d’accès. En huit titres, Hollow Corp. vient se placer aux cotés de Sleeppers en tête d’une mouvance musicale avant-gardiste d’une qualité indiscutable.
.: tracklist :.
01. Elevation
02. Inferno
03. Code
04. Peripherals
05. Sabbat
06. Opium
07. Samen
08. Thujon