L’Allemagne a Rammstein. La Norvège compte dans ses représentants metal indus Gothminister. Une formation moins reconnue, moins classe, parfois involontairement drôle, mais musicalement entraînante. Les deux précédents opus seront d'ailleurs plutôt bien accueillis en pays teuton, mère patrie du metal gothique, bien que le succès sur d’autres territoires européens demeure plus frileux. Accompagné d’un visuel aussi clownesque que par le passé, Gothminister propose aujourd’hui un troisième opus au nom toujours évocateur : Happiness In Darkness. Les bonnes choses ne changent jamais.
Une nouvelle fois, Gothminister ne lésine pas sur les clichés. Entre visuels pseudo-gothiques ringards au possible et repompe intégrale d’un style propre à Rammstein, Happiness In Darkness ne se fend pas d’une réelle originalité et propose dix compositions résolument calibrées pour un public « adolescent dépressif et remonté contre la société ». Mais passé outre cette parure commerciale évidente, force est de constater que Gothminister parvient néanmoins à tirer son épingle par une relative efficacité ainsi qu’un certain talent du refrain entêtant. Si les expérimentations novatrices se s’avèrent pas être le moteur du travail des norvégiens, l’écrasante majorité des riffs et rythmiques martiales rappelant la formation allemande sus-citée (les lourds couplets de « Darkside »), Gothminister parvient néanmoins à allier des éléments rock à un habile dosage d’éléments électroniques. Ce qui confère tout de même à Happiness In Darkness une certaine saveur. A l’électricité gentiment plombée des guitaristes Machine et Icarius s’accordent les étendues digitalement sombres du robot nommé Hallface (cette science du nom), Gothminister posant sur bandes dix singles aisément assimilables de par leurs structures radiophoniques et ultra-calibrées (le titre d’ouverture « Dusk Till Dawn », « Sideshow », « Beauty After Midnight »). Tartiné sur l’intégralité des ossatures, l’électronique impose même une présence nettement plus marquée que les deux guitares, qui se contentent de répéter des riffs bateaux à la puissance gommée par une production bien propre.
Pourtant, les étendues sonores limitées du quartet s’imposent rapidement, la rythmique menée tambour battant (mais bien évidemment sans verser dans une brutalité exacerbée) développant un fort potentiel entraînant et la sur-multiplication des samples instaurant une ambiance « d’apocalypse joyeusement dansante ». Certains titres s’orientent cependant dans un autre registre, ces derniers déroulant des mid-tempos sur lesquelles le chant viendra occuper une position encore plus centrale (« Freak » ainsi que la ballade digitale « Emperor ») au dépend des guitaristes, encore d’avantage relégués aux postes d’accessoiristes de luxe. Les lignes vocales de Gothminister, leader à l’égo sur-dimensionné (qui en plus de s’affubler du nom du groupe impose sa seule présence sur l’artwork), s’avère cependant très convaincant. Le chanteur excelle en effet dans les registres clairs, naviguant avec la même aisance dans les étendues graves des couplets que dans les refrains enlevés (« Your Savior », « Darkside »). Très efficace, bien que le timbre ne rappelle une nouvelle fois Rammstein lors de ses excursions du côté sombre, à la différence près que Gothminister ne fait usage que de l’Anglais.
Parfait pour les dancefloors gothiques, Happiness In Darkness reste un album accessoire. Ce qui ne le confine nullement dans la case des ratages complets, puisque le tout se savoure sans déplaisir. Concis (seulement dix morceaux) et facile d’accès, l’incarnation parfaite d’un « pure entertainment » musical.
.: Tracklist :.
01. Dusk till Dawn
02. Darkside
03. Your Saviour
04. Freak
05. Sideshow
06. The Allmighty
07. Beauty after Midnight
08. Emperor
09. Mammoth
10. Thriller