Attention, c'est du lourd. Cephalic Carnage revient, et ce n'est sûrement pas pour faire du tricot avec mémé. Quinze années d'activisme, une discographie riche de quatre albums et de quelques splits, la bande de beaux gosses n'a aujourd'hui plus grand-chose à prouver à un public quasiment conquis d'avance. Si ce n'est, accessoirement, qu'il garde intact l'art d'envoyer des grands coups de massue dans les roubignoles…
Rassurons nous d'entrée de jeu, avec Xenosapien, la formation ne déroge pas à la règle et livre la marchandise en ce qui concerne la brutalité. Les quelques secondes d'ouvertures présentées en guise d'amuse-gueule par un ensemble de cordes se voient rapidement remplacées par un chaos sonore instaurant immédiatement une ambiance ténébreuse et saturée. Pas de doute possible : ce cinquième opus se montre une nouvelle fois bien couillu en matière d'accords assommants. Les Américains balancent sans retenue du riff pachydermique à vous écraser un trente-huit tonnes, une série d'attaques frontales oppressantes couplées à une efficace section rythmique basse / batterie en béton armée (l'ouverture « Endless Cycle Of Violence », morceau faisant preuve d'un tempo lent et d'une lourdeur sans pareille). La voix de Lenzig Leal, ou plutôt l'espèce de chose s'apparentant chez lui à un organe vocal, vient une nouvelle fois habiller les instrumentations d'un registre tantôt guttural, tantôt hurlé, mais bien évidement jamais facile d'accès. Le bougre s'adapte aux variations et aux nombreux changements et cassures de rythmes aussi bien qu'un caméléon se fondant dans sa nature, virant aisément d'une voix rauque et pesante (« Divination & Volitition ») à une véritable série d'éructions surexcitées (« Touched By An Angel »), se permettant même une incartade de chant clair surprenante et loin de s'avérer désagréable (« G.obal O.verhaul D.evice »).
La violence de ces onze nouveaux brûlots se voit de plus décuplée par une production qui viendra parfaitement mettre en exergue toute la puissance délivrée par ces cinq vétérans d'un style musical qui n'appartient qu'à eux. Car Cephalic Carnage présente toujours cette petite touche lui permettant de conserver toute son originalité, et de dégager une forte identité au sein d'un mouvement death / grind de plus en plus courtisé. Xenosapien n'est en effet pas qu'un simple album de death, dans le sens ou peu nombreux sont ceux à pouvoir se targuer de proposer une telle variété au sein des instrumentations. De prime abord, ce cinquième opus procure le sentiment de partir dans tous les sens. Quelques écoutes supplémentaires viennent prouver qu'il s'agit bien d'un disque redoutablement cohérant, empruntant massivement au metal extrême tout en puisant des éléments dans des registres plus expérimentaux comme le Free Jazz (le break slappé de basse sur « The Omega Point »). Le groupe prend toujours autant plaisir à la déstructuration et à la dissonance, cassant subitement le rythme et livrant sur chaque nouvelle composition un tableau différent (le délirant « Divination & Volition », bien éloigné du titre qui le précède). Rien ne semble freiner Cephalic Carnage, qui s'autorise même à dériver vers le mélodique (l'excellent « G.obal O.verhaul D.evice ») là ou la soi-disant intégrité de certains auraient rendus ce choix impensable.
Extrême, sans réelle concession mais d'une originalité rare. Voilà comment pourrait être une nouvelle fois résumée la musique de Cephalic Carnarge. Une franche réussite qui vient balayer en quelques secondes tous les essais présentés par les prétendants à la couronne du death.
.: Tracklist :.
01. Endless Cycle Of Violence
02. Divination & Volition
03. Molting
04. Touched By An Angel
05. Vaporized
06. Heptarchy (In The U.K.)
07. G.obal O.verhaul D.evice
08. Let Them Hate So Long As They Fear
09. The Omega Point
10. Megacosm Of The Aquaphobics
11. Ov Vicissitude