Sepultura, Soulfly, ou bien nouvelle formation totalement différente ? Un peu des trois à la fois au final. Mais au delà des conflits d’appellations, l’auditeur ne retiendra presque qu’un unique détail. Cavalera Conspiracy propose aujourd’hui l’un des line-up les plus excitants et prometteurs du moment : les frères Cavalera, Iggor et Max, une nouvelle fois réunis en studio, accompagnés d’un Marc Rizzo ayant brillamment permis la renaissance de Soulfly ainsi que du français Joe Duplantier (Gojira) à la basse. Une formation en béton armée sur laquelle reposait une pression plus que palpable, exigence à laquelle le quatuor répond aujourd’hui par un Inflikted impeccable.
Si ce premier opus pourra aisément répondre à toutes les exigences des adorateurs du mythique tandem Cavalera, inutile d’espèrer y dénicher une quelconque once de nouveauté ou d’originalité. Le binôme reprend presque les choses là ou il les avaient laissées à la sortie de Roots, ces onze nouveaux morceaux sonnant presque aussi proche du Sépultura pré-Derrick Green que des travaux de Max au sein de Soufly. La recette demeure donc identique, mais s’avère une nouvelle fois diablement efficace. Le groupe déroule les riffs à vitesse grand-V, Max Cavalera et Marc Rizzo faisait preuve via ce disque d’une appréciable volonté à s’épancher dans une brutalité encore plus prononcée que sur Dark Ages. Supportés par la batterie assassine d’Iggor, les musiciens jouent toutes leurs cartes sur la puissance et livrent quelques uppercuts ultra-carrés parfois proches de la virulence du Sepultura d’Arise, tout en conservant une touche résolument moderne (« Inflikted », pépite déboussolante balancée sans pré-avis en guise d’apéritif, le bien nommé « Ultra-Violent et sa rythmique lourde et appuyée). Inflikted est un disque rentre-dedans, ponctué aux encornures d’influences Thrash, et ne s’encombrant d’absolument aucun détail superflu. Les échappées world ou tribales prennent donc le large, celles-ci ne se greffant désormais aux instrumentations qu’afin d’effectuer n stricit minimum syndical. Dommage qu’elles ne marquent pas Inflikted d’une présence légèrement plus marquée, tant ces incartades permettent aux compositions de respirer (le superbe break planant de « Bloodbrawl »).
Malgré une séparation de dix années, Inflikted tend à prouver que la symbiose Cavalera est totale, en témoigne une série de composition sur lesquelles les musiciens font preuve d’une étonnante propension à faire dans la rapidité d’exécution décoiffante (« Hex », un « Bloodbrawl » thrashisant à souhait). Max Cavalera n’avait d’ailleurs pas exprimé une telle hargne dans sa voix depuis bien longtemps, même si l’épisode Dark Ages tendait à démontrer que le larron souhaitait revenir vers des vocaux nettement plus violents. Les paroles s’accordent de plus avec un chant caverneux riche en hurlements rageurs, le frontman y présentant une envie d’en découdre plus que significative (« Nevertrust » et « Must Kill », deux titres annonciateurs de la tempête à venir). Mais si Inflikted remporte son pari haut la main, c’est bien grâce au travail opéré par le fantastique et médiatiquement ignoré Marc Rizzo au niveau des parties de guitare. Max Cavalera construit le squelette des compositions autour d’un riff ultra-catchy et entêtant, son compagnon d'armes se chargeant d’habiller les ossatures d’une bluffante technicité. Indiscutablement brillant dans les leads, le guitariste accouche d’une flopée d’envolées solos percutantes qui attribueront définitivement à Inflikted ses lettres de noblesse (« Inflikted », « The Doom Of All Fires », le festival « Nevertrust »). Du très beau travail.
Inflikted est au final l’album que tout le monde attendait, les amateurs du Sepultura de la bonne époque comme ceux qui n’auraient connus les travaux de Max Cavalera que via Soulfly. Sûrement pas une révolution, mais un sacré bon disque.
.: Tracklist :.
01. Inflikted
02. Sanctuary
03. Terrorize
04. Black Ark
05. Ultra-Violent
06. Hex
07. The Doom Of All Fires
08. Bloodbrawl
09. Nevertrust
10. Hearts of Darkness
11. Must Kill