Après cinq années de silence discographique, The Prodigy refait enfin surface avec le très attendu Invaders Must Die. Pour ce cinquième opus, la bande à Liam Howlett renoue avec la tradition « rave » de ses débuts, sans pour autant négliger ses aspirations punk, rock et industrielles. Entre résurrection du passé et revival d’une époque, la formation anglaise célèbre ainsi les fondations de sa musique, donnant à entendre une vision du futur à la fois nostalgique et survoltée.
A la sortie d’Always Outnumbered, Never Outgunned en 2004, il paraissait évident que The Prodigy avait peine à se remettre du succès du fort acclamé Fat Of The Land. Trop répétitif et peu innovant, cette production n’avait en effet pas suffit à convaincre les plus (ou moins) fidèles d’entre nous et ce, malgré la présence de titres accrocheurs (« Girls », « Hotride » et « Spitfire »). Au jour d’aujourd’hui, on est alors en droit de se demander si le trio londonien parviendra à marquer un véritable come-back.
Ce que l’on constate principalement à l’écoute d’Invaders Must Die, c’est une volonté de retour aux sources. Boucles acides, synthés psychés, breaks distordus… Dans son ensemble, ses sonorités tendent à rendre hommage aux premiers essais du groupe, mais aussi à toute une génération adepte des free-parties. De « Colours » à « World’s On Fire », en passant par « Thunder » et « Take Me To The Hospital », elles font de ce fait émerger la mémoire ancienne de classiques, tels que « Out Of Space » (Experience, 1992) et « No Good (Start The Dance) » (Music For The Jilted Generation, 1994), nous replongeant par la même occasion, nous enfants de la techno, dans la Grande-Bretagne illuminée du début des années 90.
Même si le flash-back musical entrepris par nos trois trublions se veut majoritairement électronique, Invaders Must Die dévoile quelques réminiscences punk, indus et fusion. Ainsi, « Run With The Wolves », « Piranha » ou encore le très nu-rave « Invaders Must Die » révèlent à travers leurs rythmiques abrasives une intensité ravageuse, qui ne saurait rappeler les brûlots fondateurs que constituaient les morceaux « Firestarter » et « Breathe » (Fat Of The Land, 1997). Cette dimension « rock » est cependant moindre et laissera sans aucun doute les amateurs de grosses guitares sur leur faim.
Finalement, le moment est venu de savoir si l’on doit considérer Invaders Must Die comme un simple recyclage de souvenirs ou comme une réelle immersion vintage… Pour 2009, The Prodigy puise clairement ses inspirations dans ses acquis, mais réussit grâce à un travail de production plus actuel et un calibrage sonore parfaitement maîtrisé à se remettre sur pieds. Le groupe laisse également entrevoir une compréhension meilleure des tendances musicales actuelles, qu’il n’hésite pas à réinterpréter à sa propre manière, voire à ironiser. Les évocations brit-pop de « Stand Up », morceau de clôture de l’album, en sont d’ailleurs une très bonne illustration.
.: Tracklist :.
01. Invaders Must Die
02. Omen
03. Thunder
04. Colours
05. Take Me To The Hospital
06. Warrior’s Dance
07. Run With The Wolves
08. Omen Reprise
09. World’s On Fire
10. Piranha
11. Stand Up