Concept original que celui proposé par les américains de Zombi. Se rapprocher d’une ambiance rock en basant sa musique sur des canevas synthétiques n’est en effet pas chose aisée. Le binôme s’adonne pourtant à cet discipline artistique de haute voltige depuis 2004. Avec Spirit Animal, les américains signent un quatrième opus original et audacieux, placé sous la bannière de Relapse Records, qui prouve une nouvelle fois de sa volonté à s’engager sur les marchés les plus expérimentaux.
Placer un synthétiseur au premier plan dans la composition et dépouiller à l’extrême les canevas sonores de la présence de guitares auraient pu engager Zombi vers des horizons kitchs à souhait, d’autant plus lorsque les lignes posées sur bandes par ledit clavier se rapprochent au plus près des sonorités new-wave des années 80. En cinq titres ambitieux, les deux musiciens parviennent pourtant à se détacher de tout mouvement pour imposer une vision personnelle et habitée de la musique, usant pour ce faire de schémas étirés aux encornures progressives. Mais la notion de morceau reste ici très subjective, tant Spirit Animal forme un ensemble cohérent de quarante-cinq minutes, le binôme imposant une ambiance bien spécifique de la première à la dernières note. Logiquement synthétiquement froides, les étendues sonores explorées par Zombi se dressent comme un trip chargé en substance hallucinatoires. Un voyage vers la perdition mentale, peuplé de boucles électroniques vrombissantes, hypnotiques et aliénantes. Le groupe entraine en l’espace de quelques mesures sa proie dans un univers psychédélique transcendant en se basant sur des motifs musicaux répétés afin de dérouler des compositions ne répondant à aucune formule traditionnelle.
Dénué de toute présence vocale et de ce fait relativement difficile d’accès aux premières écoutes, Spirit Animal enquille des étendues stratosphériques au cours desquelles reviennent occasionnellement quelques gimmicks familiers, le tout oscillant sans cesse entre ambiant cotonneux et cavalcade de synthés superposées. Les compositions restent cependant down-tempo sur l’ensemble, Spirit Animal se montrnant rythmiquement très discret. Le travail apporté sur les parties de batterie est en effet volontairement très classique, l’instrument se profilant en simple accompagnement et évitant ainsi une technique ou une variété peu propices aux excursions enfumées et futuristes des claviers. La basse se détache cependant en imposant des lignes très marquées, groovy à souhait et en partie détachées des motifs mélodiques les plus récurrents. Si Spirit Animal ne s’apparente à aucun style musical en vigueur, on pourrait cependant y voir une évolution du travail de John Carpenter dans les années 80. Proche d’une bande-originale de bobine de série B rongée par la temps, les excursions de Zombi évoquent en effet les thèmes composés par le maitre du fantastique pour certains de ces chefs-d’œuvre, à l’instar de la relecture du thème de Escape From New-York pour les besoins de sa suite, Escape From Los-Angeles.
Complètement décalé, Spirit Animal est pourtant un disque passionnant. Novateur dans son approche de la musique, Zombi accouche d’un chef-d’œuvre atypique. A découvrir absolument.
.: Tracklist :.
01. Spirit Animal
02. Spirit Warrior
03. Earthly Powers
04. Cosmic Powers
05. Through Time