LETTRE OUVERTE
A Monsieur Xavier DUC DODON, gérant de la Scène Bastille.
Monsieur,
La Grosse Radio, association loi 1901, concentre ses efforts bénévoles à la promotion des artistes autoproduits et indépendants depuis 4 ans.
Parmi nos nombreuses actions (radio, site internet, concerts…) nous organisons un tremplin mensuel « Le TNT ou Top des Nouveaux Talents » qui récompense les 3 lauréats de chaque classement avec la possibilité de jouer dans une belle salle parisienne.
Nous pensions avoir trouvé en la Scène Bastille un partenaire qui, outre le rapport « client/fournisseur » partagerait la même vision que nous sur la situation des artistes autoproduits et mettrait tout son coeur dans la bonne réalisation de cette manifestation.
Nous avons été plusieurs fois choqué par le manque de chaleur humaine de l'équipe de la Scène Bastille, mais les artistes nous ayant assuré du plaisir de jouer dans les conditions qu'offre cette salle en général nous avons décidé de poursuivre, et ce, malgré les conditions financières qui nous ont coûté les 2/3 de nos revenus annuels pour l'organisation de 3 concerts.
Nous avons décidé de revenir à la Scène Bastille le 26 octobre dernier pour le concert éTNTé avec les groupes Blue Paranoïa, NML Memorial et Bad-In, manisfestation cette fois-ci en co-réalisation avec la Scène Bastille et la Grosse Radio. Nous pensions alors qu'un lien de confiance s'était établi.
Le soir du 26 octobre, les deux premiers groupes ont pu jouer dans des conditions normales si l'on met de côté les choix de mixage pour le moins personnel de l'ingénieur du son qui visiblement n'aimait pas trop la guitare d'un des groupes, et la batterie d'un autre. Passons…
Contractuellement, le concert devait s'arrêter à 22H45, et la salle libérée à 23H30. Comme nous avons l'habitude de nous faire jeter de votre établissement après chaque concert, nous apportons un soin parituculier à l'organisation de nos manifestions pour éviter la milice de la Bastille à l'heure fatidique.
Le dernier groupe à se produire ce 26 octobre, fut BAD-IN. Un set super carré, plein d'entrain avec un public en osmose avec l'artiste. Le dernier morceau du set commence, et un responsable, ou plutôt un « chef » de la Scène Bastille a fait signe au chanteur que c'était terminé. J'ai regardé ma montre il était effectivement 22H45 pile, rigoureusement pile.
Le chanteur a pris sur lui de poursuivre le morceau. Je lui rend hommage et lui témoigne ma solidarité pour deux raisons.
– D'abord parce que le respect du public c'est au moins de terminer un morceau qu'on vient de commencer et terminer proprement son spectacle.
– Ensuite, parce qu'avec un minimum de bon sens et de professionnalisme, on ne pouvait alors pas prévoir quelle aurait été la réaction du public après un arrêt brutal du morceau et donc du spectacle, et les répercutions probable sur la fin de soirée (sifflets, mouvements de foule, altercations, casses ? Comment savoir ?).
En professionnel, le chanteur de Bad-In a donc continué son morceau, sans sonorisation de façade, car celui qui se présentait ce soir-là comme le grand patron de la Scène Bastille avait donné l'ordre à la technique de couper. Le public était tout proche de la scène, a chanté avec les artistes, le morceau s'est terminé proprement et le chanteur à remercié tous les organisateurs de la soirée y compris la Scène Bastille qui venait pourtant de lui couper le son.
Le tout sans aucune provocation, aucun sinisme ou second degré de la part du groupe bad-In. Il était alors 22H49.
Le service de sécurité a alors littéralement mit tout le monde dehors avec son tact habituel, subtile mélange de douceur à la Rocky Balboa et de compréhenion humaine dans le style Schwarzenegger.
Tout le monde dehors, à commencer pas les clients qui ne pouvaient pas terminer leurs consommations. A 7 euros la bière, on peut avoir envie de la boire jusqu'à la fin, rappelons au passage que la totalité des recettes du bar reviennent à la Scène Bastille.
Tout le monde dehors, c'est à dire aussi les accompagnateurs des musiciens, les organisateurs de la soirée, y compris votre serviteur pourtant co-réalisateur du concert mentionné sur le contrat signé par les deux parties, et signataire des sacro-bastillo-chèques. En clair même la Grosse Radio se fait mettre dehors.
Et surtout ce « tout le monde dehors » s'adressait aussi aux artistes qui avaient eu l'outrecuidance de jouer 4 minutes de plus sans s'applatir sous les ordres du Sergent Chef Bastille. Rappelons qu'il était facile de rattraper ce petit retard qui ne remettait absolument pas en cause la restitution de la salle, prévue je vous le rappelle pour 23H30.
Le chanteur du groupe est sorti de cette soirée très affecté et nous a confié qu'il a cru qu'il allait être agressé physiquement par le patron de la Scène Bastille qui arrivé vers lui avec des intentions de gérer cela de manière plutôt… vigoureuses. J'ajoute que les deux responsables de cet évènement au sein de la Grosse Radio sont allés demander des explications au patron qui n'a eu comme réponse que de rappeler qu'il était le patron, qu'il faisait ce qu'il voulait, et que le mieux pour nous était d'oublier la scène Bastille (sic). Oublier… Nous nous en souviendrons, c'est promis.
Le lien de confiance auquel nous avions cru n'existe manifestement pas. On nous reprochera peut-être notre naïveté aujoud'hui, mais à notre décharge voici ce qu'était notre vision des choses avant cet épisode :
– Nous avons d'un côté une association, La Grosse Radio, qui oeuvre pour une cause artistique à laquelle elle croit et qui regroupe aujourd'hui quelques 2000 artistes rock, artistes qu'elle diffuse sur son antenne, qu'elle interviewe, artistes qu'elle tente de produire sur scène, artistes dont elle tente de promouvoir les enregistrements. Artiste qu'elle pourrait aussi conseiller la Scène Bastille.
– De l'autre côté nous avons une salle de spectacle bien située dans Paris qui propose des conditions de jeu excellentes (quand l'ingénieur mixe avec ses doigts et ses oreilles), et une capacité d'accueil du public dans d'aussi bonnes conditions.
A l'évidence ces deux là avaient des choses à faire. Et bien non, et vous savez pourquoi Monsieur le Gérant de la Scène Bastille ?
Parce que vous vous contrefoutez de la musique et de ceux qui la composent, vous vous fichez de ceux qui défendent leurs textes et leurs notes sur scène, fut-ce la votre. Vous ne respectez pas ceux qui ont fait voeu de consacrer leur vie et bien plus à leur art.
Votre art à vous c'est l'argent, le business. Ce même apat du gain qui a transformé la diversité culturelle française en « industrie musicale », en machine à vendre, à vendre encore, et surtout à encaisser, et à encaisser à l'heure.
Là où nous sommes blessés Monsieur le Gérant de la Scène Bastille, c'est que nous avons le sentiment d'avoir reçu un coup de couteau dans le dos.
En effet, il suffit de lire vos programmes pour se rendre compte que vous vivez, en ce qui concerne les concerts, grâce à la scène indépendante, à la scène alternative, celle qui crève de faim et qui se ruine pour pouvoir jouer chez vous en espérant conquérir quelques futurs fans de plus. Le public qui fréquente votre établissement, cher Monsieur, ce n'est pas le votre, c'est le leur.
Vous compendrez que, pour nous qui consacrons tout notre temps libre à notre association en bénévolat, la musique et l'art c'est autre chose qu'une caisse enregistreuse et une ponctualité de chef de gare.
Ce soir du 26 octobre, la Scène Bastille a insulté les artistes.
La Scène Bastille a insulté le public venu soutenir ces artistes en payant l'entrée, le vestiaire obligatoire (…), et les consommations vendues à des prix hors de portée pour beaucoup.
Enfin, ce 26 octobre vous avez insulté celui qui fut à 3 reprises votre client pour un chiffre d'affaire de plus de 6000 euros, et vous avez insulté celui qui était, contractuellement votre partenaire dans l'organisation de cette soirée en question, j'ai nommé la Grosse Rado.
Alors pour conclure cher Monsieur, sachez que nous ne sommes pas du genre à nous laisser traiter de la sorte sans réaction.
En grand connaisseur du rock vous devez savoir les valeurs que cette musique véhicule, ce ne sont à l'évidence pas les mêmes que celles qui vous font vibrer.
Alors sachons profiter de nos différences, voici comment :
Nous ne vous demandons pas d'argent, contrairement à vous ce n'est pas notre moteur, en revanche nous vous demandons de vous comporter en personne humaine capable de sentiments et d'un minimum de compassion pour ceux qu'elle cotoie.
Nous vous demandons des excuses, écrites, et même si c'est peut-être trop demander, des excuses sincères. Cette lettre sera publiée sur notre site internet pour que nos visiteurs sachent. Nous vous accorderons sur simple demande un droit de réponse.
Ceux qui choisiront votre établissement pour se produire, ont maintenant un avantage sur nous, ils sont prévenus du traitement que vous êtes capable de leur réserver, qu'ils en tirent les conclusions qui s'imposent.
La balle est dans votre camp.
Respectueusement,
Franck Milcent
Président de la Grosse Radio