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« Kurt Cobain : Montage Of Heck » : un documentaire à voir ou pas ?

Ce lundi 4 mai, une centaine de cinémas a diffusé en avant-première le documentaire sur Kurt Cobain, intitulé Montage Of Heck. Si l’idée est venue de Frances Bean Cobain, unique enfant du musicien dont la ressemblance est plus que troublante, c’est Brett Morgen qui l’a réalisé. Une fois n’est pas coutume, l’entourage de Cobain s’est mobilisé pour que ce documentaire soit le plus proche possible de la réalité. Ainsi, Courtney Love a donné les clés d’un garde-meuble où se trouve un véritable trésor : une quinzaine de cartons contenant des enregistrements, des dessins, des paroles de chansons, des photos ou encore des journaux intimes. Le but affiché sur le papier n’est donc pas de sublimer une légende ou de la mettre au pilori, mais juste de montrer qui était l’homme derrière l’icône. Mais, en réalité, ce documentaire vaut-il la peine d’être vu ?

C’est dans une salle comble qu’une très grande majorité d’ados aux cheveux longs, Converse aux pieds, patiente en attendant le début de la séance. Nés bien après 1994, date du décès de Kurt Cobain, ces ados confirment que le mythe est toujours d’actualité. Les lumières s’éteignent et le générique de début met d’emblée dans l’ambiance à coup de « Territorial Pissings ». Puis, on découvre Kim, la sœur de Kurt Cobain. Admirative depuis le plus jeune âge de son grand frère, elle a vite compris pendant son enfance que ne pas avoir hérité du même génie était en fait une bénédiction. La parole est ensuite laissée aux proches de Cobain (Wendy, sa mère, Krist Novoselic, bassiste de Nirvana et ami de longue date, Tracy Marander, sa première petite-amie, et Courtney Love, épouse). Le but du réalisateur était de faire parler uniquement les vrais proches, ceux qui auraient été présents à l’enterrement de Kurt Cobain s’il avait été une personne comme les autres. Vous ne verrez donc aucun expert dans Montage Of Heck. Une grande question demeure cependant : où est passé Dave Grohl ? Totalement absent du documentaire, cela interpelle.

Le scénario suit scrupuleusement la chronologie de la vie de Cobain. On découvre ainsi de nombreuses photos et vidéos de l’enfance du leader de Nirvana sur un fond de « All Apologies » transformée en berceuse. Le petit ange blond aux grands yeux bleus amorcera par la suite très mal le virage de l’adolescence. Le divorce de ses parents brise son besoin de foyer uni et sa peur irrémédiable de la honte en public prend le dessus. Cette jeunesse turbulente, où Kurt Cobain est balloté entre sa mère, son père, ses grands-parents et ses oncles et tantes, est formidablement illustrée sous forme de dessins animés par le néerlandais Hisko Hulsing. Personne ne veut de l’ado à problèmes et ce dernier commence à trouver refuge dans la drogue. Après une tentative de suicide ratée où il s’était attaché sur des rails en attendant qu’un train l’écrase (le train passera finalement sur le rail juste à côté de lui), Cobain, qui s’est décrit par la suite comme « différent et fou au lycée », découvre le punk rock et devient ami avec Krist Novoselic. Ils ont entre 17 et 19 ans ; ce sont les prémices de Nirvana. Kurt trouve ensuite refuge chez Tracy Marander, sa première petite-amie. Cette dernière, vivant visiblement encore aujourd’hui dans le spectre Cobain, l’hébergeait gracieusement pendant qu’il composait ses premiers morceaux. C’est ainsi que l’on doit la chanson « About A Girl » sur Bleach.

Les premiers concerts s’enchaînent et Bleach voit le jour en 1989. On y découvre les premières vidéos du musicien et les premières bribes d’interviews. Les yeux profonds et malicieux de Cobain envahissent l’écran de cinéma et on est tout de suite transporté dans les années 1990 (où certains d’entre vous étaient encore d’insoucieux bambins ignorant ce qu’était le grunge). Nirvana est alors un groupe peu connu mais Cobain l’affirme déjà : hors de question de devenir populaire et de sombrer dans la musique commerciale. Les premières critiques tombent et ne sont pas toujours bonnes. Cobain fulmine. La honte qu’il ressent lui est de nouveau insurmontable et le met en rage.

C’est aussi à cette époque que ses terribles maux de ventre font leur apparition. Les médecins ne trouvent rien, l’héroïne le soulage. Lors d’une interview filmée, Cobain admet que tout ça est paradoxal : « je chante avec mon estomac mais j’abandonnerais tout pour être en bonne santé. » Nevermind est à peine sorti que la presse parle de plus en plus de Nirvana, ce jeune groupe venu de nulle part mais qui est la promesse d’un séisme dans le monde du rock’n’roll. Parallèlement, dans Montage Of Heck, les parents Cobain se renvoient la balle et s’accusent mutuellement d’être responsables du mal-être grandissant de leur fils. Wendy, sa mère, affirme (avec peu de conviction) qu’en écoutant la maquette de Nevermind elle a compris que la vie de son fils allait complètement changer.

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Brett Morgen, soucieux d’avoir toujours un ton décalé dans son film, nous offre le clip de « Smells Like Teen Spirit » sur grand écran mais avec une version chantée par une chorale. Le rendu est excellent et permet de mettre en scène la gravité de la folie médiatique qui gronde au-dessus des épaules de Kurt Cobain. La folie gagne aussi les foules en concert et on peut voir des vidéos de pogos démentiels. En coulisse, Cobain se défonce de plus en plus. Krist Novoselic confie d’ailleurs que, lui, avait heureusement « la bière et le vin. Kurt, c’était l’héroïne. » Une dépendance qui s’accroît très vite lors de sa rencontre avec Courtney Love. Ils sont fous l’un de l’autre, vidéos à l’appui. Leur bonheur va cependant vite devenir le début d’une très longue descente aux enfers. Cobain ne supporte pas la médiatisation autour de lui et l’intrusion des médias dans sa vie privée. Il accorde de moins en moins d’interviews car « ça ne sert à rien » et crache sur les caméras qui le filment en live. Conscient de son état, le leader de Nirvana affirme même sur une vidéo que « les gens veulent que je meurs. Cela correspondrait au cliché de la rock star. »

Quelques mois plus tard, la naissance de sa fille, Frances Bean, semble lui faire remonter la pente. On découvre ainsi des images très intimes du couple avec leur bébé. Ces vidéos touchantes, voire hilarantes quand Cobain s’amuse avec elle, montrent qui était l’homme derrière le mythe : drôle, bienveillant et protecteur vis-à-vis de sa famille. Mais on voit aussi une face plus sombre : Kurt Cobain et Courtney Love, complètement défoncés, se filment en train de jouer avec leur fille. Un certain malaise se ressent dans la salle de cinéma. Le documentaire explique dans la foulée à quel point la presse s’est déchaînée contre le couple, accusant Courtney Love d’avoir été une junkie pendant sa grossesse. On entend même un enregistrement audio de Kurt Cobain, dont la voix est fantomatique, menacer une journaliste de le pousser à bout et qu’elle le regrettera. La rancœur du chanteur est grande et il décide de rompre avec la célébrité en sortant l’album In Utero. Malheureusement pour lui, le disque connaît un succès fulgurant.

Wendy, la mère de Cobain, témoigne. Ses problèmes de drogue étaient arrivés à un point de non retour et son fils était rongé par la honte d’être un junkie. Cette fameuse honte qui le poursuivra jusqu’à la fin. Montage Of Heck montre ensuite quelques images du live MTV Unplugged, diffusé quatre mois avant le suicide de Kurt Cobain. La tension monte petit à petit, la fin est inéluctable.

L’une des dernières images du documentaire est celle de la rock star, âgée de deux ans, disant au revoir d’un signe de la main avec, en fond sonore, une chanson de Nirvana en acoustique. Impossible de s’empêcher de frissonner tellement c’est bouleversant.

Montage Of Heck se termine alors brutalement. On passe sèchement d’une image de concert au générique de fin, sur lequel la voix de Kurt Cobain hurle le refrain de « Smells Like Teen Spirit, « A denial, a denial, a denial ! ». La déception se fait sentir dans la salle. Certains spectateurs restent malgré tout quelques minutes supplémentaires pour regarder une interview de Brett Morgen. Véritable bobo arrogant et agaçant, le réalisateur nous apprend peu de choses. Ah si, une quand même : d’où vient le nom de Montage Of Heck ? Il s’agit simplement du nom que Kurt Cobain avait donné à la cassette n°58, contenant des mélanges de chansons et d’extraits de films, que l’on peut trouver dans les cartons sagement rangés dans le garde-meubles.

Autre détail qui peut passablement agacer dans Montage Of Heck : les fautes d’orthographe dans le sous-titrage… Une véritable torture visuelle !

Malgré cela, ce documentaire reste un moyen non négligeable de voir des extraits vidéos et audios d’une rock star partie trop tôt, le tout sur grand écran. L’esthétique, mélangeant archives vidéos, audios, dessins animés, photos et extraits de journaux intimes mis en animation, permet de plonger un peu plus dans l’univers de Kurt CobainMontage Of Heck est donc à voir sans hésitation pour tout fan de Nirvana ou toute personne curieuse de découvrir l’homme derrière le mythe.

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