Ils ne sont pas inscrits sur un site de rencontre mais c'est la toile qui a réuni Mark Daumail (chant/guitare) et la charmante Morgane Imbéaud (chant/piano) pour former le duo folk Cocoon. Après la sortie d'un Ep officiel début 2007 sous le joli nom de From Panda Mountains très bien accueilli par le public, le duo nous dévoile pleinement leur univers musical avec leur prometteur premier album My Friends All Died In A Plane Crash confirmant tout le bien que l'on pensait d'eux. Leur single « On My Way » largement diffusé sur les ondes a permis de découvrir au grand public leur son attachant, feutré et intimiste. C'est lors de leur passage tout près de Nantes le 21 mars 2008 que je rencontre Mark et Morgane, deux heures avant leur set dans la salle du Jam pour discuter de ce pemier album qui est une vraie réussite.
Interview placé sous le signe de la bonne humeur avec un Mark en grande forme et Morgane qui mange des dattes. Un blind test a été effectué pour lancer certaines questions de l'interview. En ma compagnie, deux jeunes lycéens sont venus poser quelques questions, je les laisse débuter la discussion…
Pouvez vous expliquer la genèse de Cocoon ? Le début de l’aventure.
Morgane : L’aventure Cocoon a commencé il y a deux ans. Mark avait écrit des chansons et il cherchait une chanteuse pianiste. Il avait posté quelques maquettes sur un site de notre région et j’ai répondu présente à l’annonce. Cocoon a commencé comme cela et au bout d’une semaine on a été sur scène car nous participions à un petit tremplin. On a enchaîné les concerts, on a trouvé notre éditeur, on a gagné des concours, trouvé notre label Sober & Gentle.
Tout s’est enchaîné très vite pour Cocoon.
Morgane : C’est allé très vite. Disons qu’un tremplin nous a permis de nous faire connaître nationalement, le concours des Inrock le CQFD. Suite à cela on a sorti un premier Ep qui s’appelle From Panda Mountains, ensuite on est allé au Printemps de Bourges…
Mark : Le but de l’Ep était d’essayer de garder le buzz que l’on avait eu par le CQFD et de continuer à être présent. On en a pressé 5000 que l’on voulait faire en édition limitée et ils se sont écoulé super vite. On a été très surpris par cela et du coup ça nous a permis d’accélérer le rythme pour l’album. On a terminé l’album pendant l’été 2007 et il est sorti en octobre dernier.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Hervé : Le public a découvert l’univers de Cocoon à la sortie de votre premier album en octobre 2007. Est ce que l’album à bien été accueilli par le public ? Suite aux Ep qui ont permis d’apporter cet effet Cocoon, le public est il content de ce premier essai ?
Mark : En fait on a voulu le sortir en édition limitée sous forme de livre, on en a pressé 3000…
Hervé : Cette édition limitée devient un objet collector car elle est désormais presque introuvable dans le commerce.
Mark : Un mois après la sortie il y en avait déjà plus. On voulait vraiment privilégier l’objet. Je ne sais pas pour le public on ne se rend pas trop compte car les concerts sont complets…
Morgane: C’est surtout depuis que l’on joue sur notre propre tournée. Notre première date était à Marseille au poste à galène. On est arrivé à cette salle et c’était complet. Les gens chantaient nos chansons, c’était super.
Mark : En tout cas la presse a été plutôt cool avec nous. On n’a pas eu trop de galère à part avec Technikart sinon, rien de bien grave.
Hervé : Ca ne vous fait pas bizarre que Cocoon prend de l’envergure d’un coup, en si peu de temps ?
Mark : Ce n’est pas d’un coup car il y a eu tellement de travail avant que lorsque l’on est à l’intérieur du tourbillon on sait à quel moment on sera sous les projecteurs. Tout le monde te prépare à cela, ton label, ton tourneur, ton manager. Et le but c’est d’en vivre le mieux possible.
Hervé : Ce que je voulais dire c’est qu’entre la sortie de l’Ep et l’album, la période a été assez courte.
Mark : Il n’y a eu qu’un seul Ep officiel. Le tout premier Ep était des démos de studios que l’on a pressé à 300 ou 400 exemplaires pour démarcher les labels. Une fois que l’on a trouvé un label on a sorti un Ep officiel qui était à peu près le même que celui que l’on avait fait.
Morgane tu as pris des cours de piano, Mark tu es guitariste autodidacte. Je voulais savoir comment vous en étiez venu à la musique ?
Morgane : C’est nos parents. Mon père était musicien, il faisait du piano et il a tout appris tout seul. On a baigné dans la musique donc je pense que c’est essentiellement grâce à nos parents. On n’a pas voulu prendre la suite mais ça nous a donné plus facilement envie de faire pareil.
Mark : De mon côté je pense que pour mon père c’était très important mais ma mère ce n’était pas trop son truc. Je crois que l’influence des parents a été très importante mais ensuite, comme tout le monde on se fait sa culture soi même. Au collège on écoute de la dance (rires !) puis après du Nirvana, on essaie de jouer « Come As You Are », c’est mignon.
Hervé : Pourquoi avez vous choisi de mettre en avant My Friends All Died in a Plane Crash, passage qui est un peu mélancolique de la première piste « Take Off » en nom d’album ?
Mark : En fait c’est la première phrase que j’ai écrit, avant même d’écrire la chanson. C’est la première phrase que j’ai écrit avant même d’écrire un album quand j’étais tout seul. Cette phrase c’est un peu le fil directeur de cet album. C’est réellement ce qu’il s’est passé, mes amis sont tous mort il y a quatre ans. Pas dans un accident d’avion mais ça aurait pu être la cas car ça a été vraiment violent, soudain et inattendu. Voir cette phrase dans tous les magasines et les livres musicaux, qu’on en parle pendant les interviews ça me permet vraiment de tirer un trait là dessus et de passer à autre chose. On dit que la musique c’est un peu une thérapie, c’est peut être un peu cliché de le dire mais c’est vrai. Et puis maintenant je la trouve drôle cette phrase, je trouve qu’elle résume bien l’humour que l’on a voulu mettre dans nos textes.
Même question au niveau de la phrase, vous avez mis cette phrase à la fin du clip d’« On My Way ». C’est une phrase triste et le clip est assez joyeux…
Mark : C’est un peu nous ça. On ne pense pas que les choses joyeuses durent très longtemps…
Morgane : Donc on les casse tout de suite (Rires !)
Mark : De peur que le clip se finisse trop bien, on a voulu mourir dès la fin du premier clip au moins c’était fait (Rires !)
Morgane : Au moins on est déjà mort (Rires !)
Mark : Je trouve que la fin du clip c’est le moment le plus drôle du clip. Finalement un panda qui vient nous sauver en avion c’est un peu débile (Rires !) Mais le moment le plus rigolo c’est lorsque l’on meurt à la fin du clip.
Hervé : J’ai été charmé par l’artwork que vous avez mis pour cet album. Je trouve que cette image reflète l’idée que l’on peut se faire à l’écoute des chansons de My Friends All Died In A Plane Crash. Je voulais savoir s’il y avait un lien voulu par vous deux entre l’artwork, les chansons et le nom du groupe Cocoon qui donne un effet très intime ?
Mark : C’est très important pour nous le design. On a un designer qu s’appelle My Name Is et il est très fort. Il fait des tas de pochettes pour des groupes, des affiches, des stickers. Avec lui, on s’est posé la question, quel est le format photographique qui représente le mieux Cocoon. Vu que les chansons sont des chansons très courtes, c’est des chansons de poche. Le format instantané en photo, sur le moment c’est le polaroïd. On est parti sur le polaroïd, on aimait bien l’idée de mettre les photos en patchwork, d’en faire de grandes lignes blanche. En plus avec un polaroïd il y a un côté collector, collectionneur, c’est unique. Du coup, on est parti là dessus, sur des enchevêtrements de polaroids. On est parti dans les montagnes avec My Name Is et Christopher Mc Fersen qui est le champion du monde de pola. On est donc parti trois jours dans les montagnes à prendre tout et n’importe quoi. Des fleurs, des arbres et des animaux, toutes les choses qui nous parlaient sur le moment. Il y a beaucoup de hasard sur la pochette de l’album ce n’est pas normal qu’il y ait ce chat, ce n’était pas prévu. Vraiment , on ne savait pas du tout sur quoi on partait…
Morgane : Le chat c’était vraiment un pur hasard.
Mark : Morgane l’a trouvé dans la rue, elle lui a fait un bisou et la photo était prise.
Morgane : Ce n’était pas du tout cherché en se disant Tiens, on va prendre un chat !
Hervé : C’était un peu sur l’instinct cette photo…
Morgane : Exactement.
Au niveau de l’ambiance dans le groupe, ça fait deux ans que vous vous connaissez. Avez vous la même complicité que sur scène car on a l’impression d’une certaine unité ?
Mark : Je crois que dans la vie il nous suffit d’un regard pour se comprendre. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre. On a vécu ensemble pendant deux ans. Elle m’a beaucoup plus vu que ses parents ou son copain. Je suis la personne qu’elle a vu le plus lors des ces deux dernières années et réciproquement. Ça peut être pesant et génial à la fois. On est devenu une petite famille sur la route.
Morgane : Une famille avec ses hauts et ses bas.
Mark : Tu vois avant j’avais un groupe avec cinq garçon, un groupe de rock. Je suis resté deux mois car je n’ai pas supporté. Morgane me laisse ma place et je lui laisse la sienne. On ne se marche pas sur les pieds.
Hervé : Plusieurs majors vous ont fait les yeux doux lorsque Cocoon a commencé à vraiment intéresser le public. Vous avez refusé leurs demandes de contrats, ce qui est tout à votre honneur car je pense que beaucoup de groupes auraient sautés sur l’occasion. Vous avez signé sur un label à taille humaine, Sober & Gentle. Etait ce un choix professionnel et d’éthique de signer sur un label indépendant ?
Mark et Morgane répondent ensemble : Oui
Mark : Mais j’aurais sauté sur l’occasion si les contrats de major étaient intéressants.
Morgane : Les majors exigeaient la moitié des chansons en français.
Mark : Puis une major elle signe trente artistes de la taille de Cocoon par an et elle s’occupe d’un seul sur trente. Si jamais j’avais eu une major j’aurai voulu que dans le contrat il y avait des conditions comme une priorité sur nous. Mais ça, c’est inexistant et elle te propose des avances incroyables, tu es même millionnaire avant même d’avoir sorti ton album. C’est assez hallucinant.
Hervé : Justement, le fait d’être sur un label indépendant, vous n’avez pas les mains liées. Vous êtes plus libre de choisir ce que vous désirez. Par exemple, l’édition collector n’aurait peut être pas vu le jour si vous étiez sur une major.
Morgane : Exactement, on aurait peut être pas eu le choix du design.
Mark : Mais on a les mains liées dans un label indépendant, il y a des contrats qui existent les même que pour une major. On a signé pour plusieurs albums…
Morgane : (En regardant Mark) Non mais c’est vrai que l’on a eu beaucoup de libertés !
Mark : Oui, de la première note de musique à la pochette on a créé notre album.
Morgane : On a eu le choix de nos chansons. Une major aurait exigé que l’on mette nos têtes sur l’album…
Mark : Là, si l’on regarde bien il n’y a pas un seul moment où l’on voit nos visages sur la pochette. Si, il y a un côté de Morgane (Rires !)
Morgane : Oui, une demi-face. (Rires !)
Mark : Je ne sais pas, tu vois je ne regrette pas on vient de passer chez Wagram. C’est de la taille d’une major mais ça reste indépendant car elle ne fait pas partie des quatre grandes majors qui sont Sony, Universal…
Hervé : Même si c’est une grosse structure, Wagram reste un peu dans la lignée indépendante.
Mark : Wagram c’est énorme. Maintenant on est passé chez eux parce qu’ils distribuent notre album. Pour moi lorsque tu es indé, tu ne passes pas à Taratata, tu ne passes pas à Virgin Radio, tu ne joues pas avec Julien Doré. Tu ne fais pas des choses que nous sommes en train de faire qui font que nous avons pas l’esprit indé. Pour moi non, c’est un esprit pop, on veut que notre musique soit écouté par le plus de gens possible. Avec l’esprit indé il y a un côté intégriste et très extrême. Non je ne veux ni passer à la radio, ni à la télé, je veux coudre moi même mes disques, les imprimer moi même et je veux faire des concerts seulement dans des petits bar et je resterais indé toute ma vie. Il y a des intégristes qui ont l’esprit indé et je ne suis pas comme cela, c’est à dire qu’on nous a proposé de faire Taratata, on a dit bien sûr. On nous a proposé d’écrire des chansons pour Julien Doré on a dit Ok… mais on nous aurait proposé Christophe Willem on aurait dit non ! On nous a proposé de passer à la télé, de faire la Morning Live. Des choses comme celle là, il y a trois ans j’aurais refusé. Aujourd’hui j’y vais à fond parce qu’il n’y a que comme cela que tu arriveras à démocratiser l’esprit indé. On garde cet esprit mais sans forcément le montrer dans les actes. Je connais des gens qui sont indépendants et lorsque je leur ai dis que je faisais Taratata, ils m’ont tout de suite insultés. Même passer en radio pour eux c’est incroyable et je peux comprendre cette vision. Il y a des gens qui ne veulent pas se servir des médias pour exister, se sont de purs artistes et ils veulent vivre de leur art c’est à dire bouffer de l’eau et du pain toute leur vie…
Morgane : Nous, on préfère des dattes (Rires !)
Mark : On ne veut pas non plus gagner des millions parce que c’est faux. Les gens sont persuadés qu’à partir du moment que tu passes à la radio, tu deviens millionnaire. C’est faux ! On commence tout juste à gagner notre vie, on gagne essentiellement notre vie grâce aux tournées et pas avec la vente de disque car nous n’avons pas vendu énormément d’albums…
Morgane : On vit grâce aux Assedic ! (Rires !)
Mark : Je suis arrivé avec pleins de rêves dans le milieu de la musique et aujourd’hui ils sont perdus. On se rend compte qu’il y a pleins de concessions à faire, pleins de choses à abandonner, pleins d’idées à oublier parce que ce n’est pas du tout faisable. Il y a Radiohead qui peut se permettre de faire des choses très indé alors que c’est le groupe le moins indé au monde, tu vois ce que je veux dire ?
Hervé : Il faut dire qu’il y a Thom Yorke à la tête de Radiohead…
Mark : C’est Thom Yorke, c’est Radiohead et ils étaient sûrs de vendre des milliards sur Internet en proposant le prix qu’ils voulaient. Je trouve que c’est l’ironie du sort c’est à dire que plus tu es connu et plus tu peux te permettre d’être libre et indépendant. On s’en rend compte, plus Cocoon devient connu et plus on a le droit de refuser des projets. On a le choix de dire oui ou non aux projets que l’on nous propose. Plus tu es connu et plus tu as des choix et le plus dur c’est de faire les bons choix. En ce moment, je suis un peu dans cette période où je me pose des questions…Où va t’on ? Fait on les bons choix ? Pour le moment je pense que l’on s’en sort pas trop mal…
Comment se passe le travail de composition au sein de Cocoon ?
Morgane : Au départ Mark avait 80 chansons, on a fait un tri. Il m’amène le squelette de la chanson en guitare/voix et je m’occupe de l’harmoniser puis on cherche des arrangements en studio.
Hervé : Alors je vais commencer le petit blind test pour lancer les prochaines questions.
Mark : Tu n’as pas le droit de regarder Morgane !
Morgane : Oui, de toute façon je suis myope. (Rires !)
Amy Winehouse – Rehab…au bout de quelques secondes…
Morgane: C’est Amy Winehouse ! (Rires !)
Hervé : Alors j’ai mis cette chanson car si je ne me trompe pas vous avez fait une reprise d’Amy Winehouse en compagnie de Julien Doré. Je voulais savoir si vous aviez choisi cette chanson ou bien on vous l’avait imposée ?
Mark : Taratata nous a appelé et nous a dit vous enregistrez l’émission en janvier et vous devez faire une reprise. Voilà, j’étais là sur mon ordinateur, j’ai repris du Britney Spears…j’adore reprendre des morceaux décalés (Rires !) Amy Winehouse, ce n’est pas du tout ce que j’écoute. C’est comme pour Stéphane Bern lorsqu’il nous a demandé de faire Outkast. Du coup, j’ai bossé « Rehab, je l’ai envoyé à la production et elle était d’accord. On a enregistré avec Julien Doré qui avait travaillé de son côté. En plus Morgane était amoureuse de lui à cette époque (Rires !)
Hervé : Autre chanson, justement on a abordé le sujet tout de suite…
Obadiah Parker – « Hey Ya »
Hervé : Mark, tu devrais facilement trouver…Je ne sais pas si vous connaissez ce groupe mais en tout cas cette chanson vous la connaissez.
Morgane : C’est Outkast ?
Hervé : C’est un groupe que j’ai découvert il n’y a pas longtemps. C’est un trio américain.
Mark : C’est quel groupe ?
Hervé : Obadiah Parker.
Mark : Je ne connais pas.
Morgane : Moi non plus.
Hervé : C’est un groupe américain qui fait pas mal de reprises, genre « Idioteque » de Radiohead ou encore cette chanson que l’on écoute « Hey Ya » d’Outkast dans une version acoustique que je trouve vraiment très belle…
Morgane : Elle est belle cette version.
Hervé : Je voulais seulement savoir pourquoi vous aviez repris cette chanson ?
Morgane : C’était pour le fou du roi sur France Inter avec Stéphane Bern
Mark : J’avais adoré, en plus on avait eu le droit à un pianiste avec nous…un vrai pianiste (Rires !). Mais ce groupe a fait la reprise avant ou après nous ?
Hervé : Si je ne me trompe pas Obadiah Parker a fait cette reprise avant Cocoon.
Mark : Je ne sais pas, j’adorais Outkast…je ne sais pas quoi répondre à cette question ! On l’a fait comme ça pour le feeling de la chanson.
Hervé : Autre chanson pour continuer le blind test.
Dionysos – « Miss Acacia »
Hervé : C’est assez facile…
Morgane : C’est Dionysos ?
Hervé : J’ai mis « Miss Acacia » de Dionysos car sur leurs derniers albums on remarque la présence d’ukulélé. Je voulais savoir comment était venu cet instrument dans les compositions de Cocoon ?
Morgane : Dans un magasin de jouets.
Mark : C’est dans un magasin de jouets que j’ai acheté un ukulélé à 20 euros, vraiment un truc très pourri (Rires !) Puis sur le chemin du retour j’ai écrit une chanson qui s’appelle « Chupee». Vraiment cette chanson est venue en dix minutes chrono, paroles, musique. Je l’ai enregistré sur un petit quatre pistes et je l’ai envoyé à Morgane. On l’a joué la première fois dans un festival et là on s’est rendu compte que les gens faisaient Hello d’eux mêmes, ils nous répondaient…Là on s’est dit que c’était notre chanson de scène. Au bout d’un moment on avait fait une espèce de mise ne scène autour de cette chanson avec pandas etc…Les pandas se sont démocratisés grâce à cette chanson. Je suis parti sur le délire du mot «Chupee». A l’origine, elle devait s’appeler «Chupa Chups» car je voulais absolument avoir une chanson qui s’appelle «Chupa Chups». On n’a pas eu le droit. Puis «Chupee» est venu d’un coup, c’était mignon. On aime les trucs mignons, les bébés phoques etc…
Hervé : Pour continuer, une autre chanson mais je ne pense pas que vous connaissez.
John Frusciante – « The Past Recedes »
Hervé : Alors c’est le guitariste des Red Hot Chili Peppers, John Frusciante.
Mark : John Frusciante, voilà. C’est super bien ce qu’il fait.
Morgane : Ah oui ! C’est vrai !
Mark : Personnellement, je déteste les Red Hot.
Morgane : Moi j’adore.
Hervé : John Frusciante est une de mes références musicales. A l’inverse, j’aurais aimé savoir quels étaient les artistes ou groupes qui font aujourd’hui l’identité musicale de Cocoon ?
Mark : Il y a une chanson magnifique de Frusciante qui est une de mes références aussi mais je ne me souviens jamais du nom. Elle est dans mon I-Pod à vie.
Hervé : « A Song To Sing When I’m Lonely» ?
Mark : Exact, c’est cette chanson. Elle est magnifique.
Hervé : C’est ma chanson préféré l’album Shadows Collide With People.
Mark : Sinon dans mes références, il y a aussi Elliot Smith pour son parcours et sa carrière. Tu vois il a signé sur une major et il a réussi à rester intègre. Il a réussi à gérer son image et sa musique. Puis Sufjan Stevens pour l’esprit un peu plus musical c’est à dire que la musicalité que ce mec possède avec son côté orchestral pop, voir ultra pop avec des chorales, des instruments, des bruits de vélos. Un son bricoleur génial et en même temps on sent que tout est écrit, tout est sur partition. C’est un génie de la musique contemporaine.
Hervé : Et toi Morgane ?
Morgane : Je n’ai pas vraiment de références. Je n’arrive pas à me décider. Je ne suis pas fan ou influencé par un artiste. Disons que j’ai découvert le folk grâce à Mark donc je suis super fan d’Elliot Smith et je découvre pas mal de choses comme Anthony and The Johnson, Cat Power…C’est surtout des chanteuses/pianistes.
On voulait savoir quels étaient vos pires et meilleur souvenirs ?
Mark : Notre pire souvenir a été à Dotigny en Belgique.
Morgane : Avant Cocoon, il y avait trois groupes de Ska-Punk anarchistes (Rires !)
Mark : On était la tête d’affiche du festival car notre disque venait de sortir en Belgique. On arrive sur cette scène, il y avait plein de gens bourrés, ça sentait la pisse et le vomi dans une salle où il y avait 600 personnes…
Hervé : Bien alcoolisées !
Mark : Oui, de bons belges !
Hervé : Sans oublier la frite et la bière !
Mark : Oui la frite et la bière (Rires !) Donc on arrive sur scène, le public était à 100 décibels seulement avec la voix, c’est l’équivalent d’un concert de métal au niveau sonore. On arrive sur scène, on dit Bonsoir, personne n’entend…on crie BONSOIR, le résultat est identique. On se met à jouer « Take Off » et personne n’entend. Puis tu es en Belgique, tu es seul au monde tu te dis en plus j’ai un hôtel pourri…
Morgane : Ah non ! Il était bien cet hôtel !
Mark : En plus on était un peu exténué car on avait enchaîné deux, trois plans un peu pourri en Belgique et là c’était un peu la goutte d’eau. C’est un peu à cause de notre booker en France car il n’est pas au courant des endroits où l’on va jouer en Belgique parce qu’il ne s’est pas rendu sur place. Ce n’est pas que de sa faute, c’est un peu de tout le monde. Donc on arrive là bas et on se barre au bout de sept morceaux…
Morgane : Sept morceaux, ça fait environ 25 minutes au lieu d’une heure de concert.
Mark : On s’est fait expulser du festival en nous disant vous êtes trop cher, vous vous la pétez, vous n’avez joué que sept morceaux. Alors que j’étais prêt à partir au bout du deuxième.
Morgane : On a rendu le cachet !
Mark : On a rendu le cachet, en plus il était minable. On s’est fait foutre dehors d’un festival, c’était la première fois que ça nous arrivait depuis nos débuts. En plus on est tout sauf des stars mais aucune star n’accepterait d’aller jouer dans un truc comme cela.
Hervé : Tout cela car vous étiez la tête d’affiche.
Morgane : On était la tête d’affiche puis après c’est des histoires bêtes comme des contrats…
Mark : En plus en Belgique on a du vendre 1000 albums. On n’existe pas en Belgique.
Morgane : Alors que juste avant l’accueil était super, tout se passait bien, c’était nickel. Puis sur scène c’était impossible, on a joué les chansons les plus rapides mais en gros c’était horrible. Après l’un des meilleurs souvenirs il y a les Eurockéennes, Arles avec Cocorosie…
Mark : Il y a notre première date parisienne complète à la Maroquinerie, La Cigale mais c’est un vieux souvenir car c’était en 2007. En 2008, personnellement c’est La Maroquinerie, Limoges, Marseille et Bordeaux…
Hervé : Et Clermont ?
Mark : Oui c’est ça. Le top 5 c’est Clermont, Bordeaux, Limoges, Marseille, Paris. Limoges c’était trop sympa car c’était notre concert le plus drôle avec Lille où on m’a envoyé un soutif sur scène puis la culotte. C’était assez marrant.
Morgane : C’était à Lille ou bien à Roubaix ? Je ne me souviens plus de la salle.
Mark : A Roubaix. En plus il y avait Miss Roubaix qui est trop belle, elle est arrivé pour me draguer…mais je suis nul avec les filles.
Morgane : Noooon (Rires !)
Mark : Je suis nul !
Morgane rit…
Mark : Tu te fous de ma gueule en plus (Rires !) C’est vrai que tu es meilleure que moi.
Hervé : Je voulais savoir au niveau de l’album, est ce que le choix de la tracklist a été difficile ? Vu que vous aviez sorti deux Ep, le choix des titres aurait pu être difficile si vous vouliez mettre des titres de ces Ep sur l’album. Certains titres ne figurent pas sur My Friends All Died In A Plane Crash.
Mark : Non car c’était obligé qu’ « On My Way», Tell Me étaient sur l’album. « June » c’était obligé pour moi qu’elle ne soit même pas sur l’Ep. Notre label voulait absolument qu’elle figure sur l’Ep, on ne voulait qu’elle figure nulle part cette chanson (Rires !). « I don’t give a shit » j’aurais bien aimé qu’elle soit sur l’album mais ça aurait peut être fait beaucoup mais j’aime beaucoup « I Don’t give a shit », encore aujourd’hui. Même pour l’album, il y a une chanson que je ne voulais pas forcément mettre dans la tracklist. Elle s’appelle « Microwave». Je la sentais trop personnelle mais pas forcément aboutie comparé à d’autres morceaux. Puis notre label a envoyé une tracklist de l’album avec « Microwave » en dernière position. J’ai écouté l’album et je me suis dit que cette chanson était géniale en toute dernière position. Maintenant cette chanson prend une dimension en live. « Microwave », je l’aime maintenant alors que je ne l’aimais pas forcément au début de la sortie de l’album. Pareil pour « Owls» je l’aime maintenant alors qu’au départ je ne l’aimais pas autant que les autres chansons. On a toujours ces chansons préférées. Je crois que pour notre label c’est «Owls» et «Microwave» .
Hervé : Sinon il y a des titres qui ne sont joués qu’en live comme «Oklahoma» ?
Mark : Exactement, c’est pour rendre hommage à Sufjan Stevens. «Super Hero» c’est une face B des chutes de l’album mais je ne l’aime plus trop en ce moment. Mais je vais peut être l’apprécier ce soir ! Morgane tu aimes cette chanson ?
Morgane : «Super Hero» ? Des fois oui, des fois non !
Mark : Du coup il y a des chansons qui ne vivent que sur scène et je pense que c’est leur place. Elles n’ont pas besoin d’être forcément sur un support. «Super Hero», je reste persuadé que mieux produite et mieux enregistré elle pourrait être bien sur un album. Mais à mon avis on va passer à autre chose. En plus il y a les nouveaux morceaux , j’en ai écrit une vingtaine. On en joue une sur scène, elle s’appelle «Baby Seal» même si je n’ai pas eu le temps de la travailler, surtout Morgane (Rires !)
Hervé : Est ce que dans l’avenir Cocoon pourra prendre une autre dimension en live avec l’intégration d’autres musiciens ?
Mark : Oui, il y aura d’autres musiciens sur scène parce que l’on a un tourneur plus gros qui aura peut être les moyens de payer les gens qui vont jouer avec nous. On va partir avec une base basse/batterie puis avec des cordes, violons, violoncelles et peut être des cuivres. En tout cas il y aura beaucoup plus de gens. Vu que Cocoon fonctionne à deux je pense que Cocoon peut fonctionner avec d’autres musiciens. Par exemple si l’on fait un Olympia l’an prochain, on pourra peut etre inviter trente musiciens et si jamais on fait un Jam à Nantes et bien on peut le faire à deux. On peut prendre pleins de configurations différentes.
Hervé : Mark tu as composé My Friens All Died in a Plane Crash au niveau des textes, je voulais savoir si le successeur sera plus hétérogène ?
Mark : Cocoon de toute façon c’est nos deux cerveaux mélangés, (en regardant Morgane) son nez, son ventre, ses jambes, sa joue, son oreille…(Rires !) C’est nous deux ensemble et c’est un peu l’ébullition en studio. Je suis un peu un grand gamin en studio, je veux enregistrer plein de choses alors que Morgane est toute calme. Pour ce premier album, j’étais un peu la locomotive car c’était mes morceaux, mes textes…
Morgane : C’est normal, je lui ai laissé sa place. Je n’allais pas arriver et lui dire ça ne va pas du tout, tu vas me changer ça petit !
Mark : Et pour le deuxième album, elle va arriver en se la pétant en disant ça c’est ma chanson (Rires !)Au niveau des textes je pense que se sera moi mais au niveau musical il sera plus hétérogène. Tout le monde nous attend pour le deuxième album en espérant que Morgane soit un peu plus présente. Mais il faut lui laisser le temps à Morgane. C’est un bébé, elle est en train…
Morgane : De grandir.
Mark : Le côté bébé, grandir je l’ai fait il y a cinq, six ans. Il faut arrêter de mettre la pression à Morgane.
Morgane : Disons que Mark pour composer une chanson, il lui faut trente minutes, moi non ! (Rires !)
Hervé : Comment est arrivé cette collaboration de Cocoon avec Julien Doré pour écrire des textes de son prochain album?
Mark : Il nous a appelé en disant qu’il sortait un album. Il nous a dit qu’il aimait bien ce que l’on faisait et il voulait qu’on lui écrive des morceaux. Je lui ai dit qu’à la Nouvelle Star je trouvais bien ce qu’il avait fait mais tu as quand même l’image Nouvelle Star et ça m’embête un peu. Il nous a dit que sur son album il y aura des invités et que se serait bien que Cocoon soit présent. On lui a amené cinq ou six morceaux, il en a choisit deux pour son album. Là, il est rentré en studio, Morgane chante sur son album donc Morgane va gagner un paquet de fric et pas moi (Rires !) Puis je le trouve cool Julien Doré, il me fait rire. Il est dans la vie comme on l’a vu à la télévision, il est carrément décalé.
Hervé : A la différence de certains groupes vous êtes très proche de votre public qui vous soutien depuis le départ. Je suis allé faire un petit tour sur le forum et vous êtes très présents et soucieux de répondre aux questions de vos fans. Est ce que c’est un objectif de Cocoon d’être proche de son public ?
Morgane : Moi non, j’ai du mal (Rires !)
Hervé : Enfin c’est bien Morgane, tu essaies !
Morgane : Oui, j’essaie mais je n’y arrive pas.
Mark : Morgane elle poste n’importe quoi, elle va sur le forum pour se griller. Elle va sur le forum pour mettre de la merde puis elle s’en va (Rires !). J’essaie d’aller sur le myspace pour répondre a tout le monde, Facebook aussi tout comme sur le forum. Je trouve cela très important. J’y passe une heure par jour et je trouve que ça fait partie de mon travail. Je n’ai pas envie de prendre les gens pour des cons. S’ils me demandent des choses, je veux bien y répondre à condition que l’on ne rentre pas dans le privé. Sinon sur le forum je sélectionne les questions car si un mec a posé cinq fois la même question je ne répondrais pas cinq fois. Je répondrais une seule fois et il faudra qu’il cherche un peu. Après les concerts, j’aime bien aller dans le public pour discuter, je trouve cela très important.
Morgane : Je préfère rencontrer une personne réellement que par le virtuel.
Mark : Pour moi c’est pareil. Que tu sois virtuel ou en vrai, c’est des gens derrière leurs ordinateurs. Ce qu’il me fait peur c’est que le jour où je n’aurais plus le temps de répondre aux questions , je vais passer pour un enculé. Et ça j’en suis conscient car on va se dire « il se la pète maintenant il ne réponds plus à nos questions »
Hervé : Mais cette peur tu la fais clairement comprendre sur le forum.
Mark : Déjà je l’ai dis sur myspace que je n’ai pas le temps de répondre à tout. C’est à dire Eh vous jouez quand à Bruxelles ? . RRRrrr ! Il y a les dates affichées sur le myspace. Je pense tout de même que c’est aussi important de rencontrer le public après un concert que de répondre à des questions sur internet. C’est primordial.
Hervé : « On My Way » a été le premier single permettant de vous faire connaître au grand public. Quel sera le prochain single ?
Mark : « On My Way » je ne sais pas si tu te rends compte mais vous allez en bouffer et nous aussi jusqu’à octobre 2008 (Rires !) Mais on ne sait pas quel titre sera le prochain single. Peut être « Chupee » ou « Vultures ». En tout cas le prochain clip sera sur « Vultures »
Hervé : Et vous avez décidé du scénario pour le clip ?
Mark : On a reçu une trentaine de scénarios. J’en ai choisi deux et Morgane doit choisir entre ces deux scénarios.
Hervé : Quels seront vos projets pour 2008 ? Aura t’on la chance de vous croiser sur la route des festivals cet été ? Faites vous les Terres Neuvas de Bobital ?
Mark : Oui, on fait aussi quelque chose à Brest, les Papillons de Nuit, Paléo Festival, Solidays, Rock en Seine.
Hervé : La route du rock ?
Mark : La route du Rock c’est en train de se confirmer. On va faire pas mal de festivals. Sur Bobital je crois que c’est ce festival où l’on va jouer sur une scène immense.
Hervé : C’est possible car depuis l’année dernière il y a une nouvelle grande scène en plus de l’ancienne.
Mark : Elle est grande ?
Hervé : Oui. Alors deux sur scène vous allez devoir combler l’espace (Rires !)
Mark : C’est justement la question que l’on se pose. Comment remplir l’espace ? On arrive à remplir l’espace sonore mais pas encore l’espace visuel. Ça va peut être faire bizarre mais je pense que c’est le moment de le faire. Il y a des groupes comme Aaron, Yaël Naim, The Do cartonne. Je pense que c’est le moment de Cocoon d’arriver dans cette veine je chante en anglais alors que je suis français. Puis c’est de la musique relativement douce et je l’accorde on est les plus doux de tous. Je pense que c’est le moment de les faire ces festivals. Après si c’est vraiment trop gros on verra nos ambitions.
Merci à Morgane et Mark pour avoir répondu à mes questions et leur grande gentillesse.
Un grand merci à Laura du label Sober & Gentle pour m’avoir calé cette interview.