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La Féline : nouveau clip « Senga »

Après le poignant Adieu l’enfance, La Féline annonce la sortie de son nouvel album Triomphe, à la fois pop, lyrique et aventureux pour le 27 janvier 2017. Depuis ses débuts sur la scène pop française, Agnès Gayraud s’est tracée un chemin bien à elle, entre deux mondes, celui de la musique, celui des textes. Ici et là, le secret devient de moins en moins gardé et le bouche à oreille s’installe : on salue son écriture, sa personnalité, sa présence, son jeu de guitare, son chant. Depuis bientôt sept ans et plusieurs vies, La Féline construit une œuvre riche et profonde, sans équivalent dans la nouvelle scène française : zébrures de guitares, mélodies atemporelles et écriture littéraire se combinent pour provoquer l’une des plus belles charges émotionnelles qui soit.
La Féline s’est associée, pour le clip de Senga, premier single extrait de l’album Triomphe, au collectif As Human Pattern pour concevoir un clip sombre et fascinant, qui met en scène une traque : une armée de villageois obscurs contre une créature fantasmatique et nue.
Avec Senga, La Féline révèle sa face obscure et nous transporte dans la profondeur d’une forêt brumeuse où résonnent encore des flûtes d’un autre temps, entre mythologie païenne et violence.

Dans une vie précédente, La Féline était trois. Trois voix fondues en une qui, sur une poignée de EPs aux influences multiples, se cherchaient entre les genres musicaux, les langues, les expériences, avec pour fil d’Ariane l’écriture et le timbre lumineux d’Agnès Gayraud, chanteuse et guitariste. Puis vint Adieu l’enfance en 2014, premier album remarqué sur lequel elle endossait désormais seule le pelage de La Féline. Une voix unique y émergeait, laissant libre cours à des obsessions qui apparaissaient jusque-là en filigrane. Album cathartique annoncé comme tel dès son titre, entièrement chanté en français, Adieu l’enfance était aussi un acte de renaissance. Hypnotique dans ses sonorités new wave, urbain dans ses climats, introspectif dans ses textes où le monde extérieur faisait parfois irruption dans un éclat de vitres brisées.
Docteur en philosophie et chroniqueuse qui réfléchit sur la musique des autres, Agnès Gayraud aurait pu choisir d’intellectualiser sa démarche ; au lieu de quoi elle fait voeu de candeur et de sincérité dans ses propres chansons, comme pour mieux contrer la dureté du monde. Qu’elle ait choisi pour terrain de jeu la pop, naïve et spontanée par essence, n’est sans doute pas un hasard. Malgré cet adieu revendiqué, une part d’enfance continue d’habiter sa voix et son regard. Un regard qui, au fil des écoutes, finit par imprégner le nôtre ou se confondre avec lui. Peut-être cette part d’enfance résonne-t-elle avec la nôtre. Derrière leur simplicité de surface, les chansons de La Féline réveillent des échos surprenants dans notre quotidien comme dans notre perception du monde.
Quand elle conçoit Triomphe, son deuxième album, sous le signe d’un dieu d’ivresse et de pulsions, Dionysos — alors qu’Adieu l’enfance, si pop et minimal avait quelque chose d’apollinien — elle commence par se rêver guerrière impitoyable ou sauvageonne à la Miyazaki. «Senga», premier single placé en ouverture, signe un passage de relais : dans le miroir des eaux, Agnès la féline devient Senga qui parle aux loups, Senga qui grimpe aux arbres et connaît les secrets de la forêt. Et l’on sourit en découvrant la clé cachée dans l’envers de ce titre, subtil jeu de double et de reflets : qui n’a jamais rêvé de cet autre soi capable d’accomplir tout ce qui nous échappe ?
Triomphe devient alors un ambitieux terrain de jeu où La Féline transforme la forêt en refuge, la mer en bain primordial où renaître, se projette dans un Tokyo où la nature aurait repris ses droits. On y croise des dieux grecs et des animaux totems («Senga»), on y parle de renaissances («Samsara», «Le Plongeur» — attirés dans les profondeurs du son d’une flûte octobasse), on y questionne la place de l’homme dans la communauté («Le Royaume», «Comité rouge»). Autrefois tournées vers l’intime, ses chansons s’ouvrent désormais sur les autres et le monde, suggèrent tout un monde inexploré derrière le voile des apparences, en arrière plan, qu’on oserait à peine soulever, de peur d’en devenir fou, comme dans la nouvelle d’Arthur Machen, le Grand Dieu Pan. N’est-ce pas ce qui se joue dans l’inquiétant final de «Gianni» aux allures de descente aux enfers, ou encore dans le crescendo libérateur du «Royaume» où flûtes et saxophones mêlent leurs voix stridentes dans leur célébration extatique ?
Derrière ce titre ambigu et cette pochette où le regard nous défie, les ambiances sont profondes et sensuelles, les couleurs chaudes et les grooves sinueux. Entre les lignes perce un imaginaire nourri de cinéma comme de mangas, de mythes anciens comme d’archétypes populaires. Dans les yeux de La Féline, le monde se peint de clair-obscur et de couleurs fantasmatiques, les contraires se cherchent et s’équilibrent. Ici, la candeur est intense. Ici, la sauvagerie est douce.
En concert :
16/03/2017 – PARIS @ La Maroquinerie – Release Party

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