Les nantais attendaient la venue de Charlie Winston avec un tel engouement que la billetterie affichait Sold Out depuis plusieurs mois. Peu connu du grand public il y a de cela un an, Mr Winston avec sa dégaine atypique coiffé d’un chapeau qui fait désormais sa marque de fabrique a charmé un auditoire non pas seulement par son style vestimentaire mais par une voix attachante qui ne fait pas défaut, et dont le timbre est reconnaissable comme ancré dans nos têtes. Son premier album Hobo a reçu un très bon accueil par la presse spécialisée mais aussi du public, seul véritable juge de la qualité d’un artiste. Malgré un matraquage des ondes radio avec le tubesque « Like A Hobo », ce premier opus de l’anglais est relativement très agréable à écouter. Un bon point pour un musicien, mais le véritable défie n’est pas seulement de plaire à travers un album, il faut savoir se défendre en live. En ce début octobre, il fallait être présent à la Carrière…
20h40. Nos dix minutes de retard nous ont confirmé que la capacité d’accueil de la salle allait être maximale au vue du grand nombre de véhicules présents sur le parking mais aussi sur les trottoirs des rues voisines. Il ne fallait donc pas faire partie des retardataires si nous voulions être proche pour le placement de notre voiture mais aussi dans la salle. On affronte le froid pour se diriger vers l’entrée principale. Les guests de la soirée ont lancé les hostilités depuis une dizaine de minutes qu’il existe encore une file d’attente assez conséquente pour entrer se réchauffer auprès de la chaleur humaine qui va régner dans quelques secondes, une fois les portes passées. Après l’habituelle fouille, on se dirige vers la scène où résonne un bruit de foule, un son qui nous est encore inconnu. Ne connaissant rien au préalable de la première partie qui devait jouer le rôle d’ouverture. Après quelques faufilages entre certains spectateurs, histoire d’obtenir une vue intéressante, on s’installe tranquillement à quelques mètres de la scène pour pouvoir porter un jugement sur cette première partie. Dès la première écoute, on ne tarde pas à remarquer que malgré derrière la grande chevelure du chanteur, se cache une voix qui possède un timbre qui donne du cachet aux compositions avec un croisement entre la soul et le rock.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Quel artiste a donc été choisi pour assurer la première partie de Monsieur Charlie Winston ? Pourquoi chercher des heures alors que l’on a sous la main un artiste qui possède un talent prometteur. Le groupe qui chauffe la salle ce soir à Nantes et sur plusieurs dates de la tournée n’est autre que le batteur et ami de Winston, Medi. Niçois d’origine, Medi a fait ses gammes comme guitariste de la belle Emilie Simon. Batteur de formation, il sort en 2006 un premier album Medi and The Medicine Show, éponyme au groupe. Apres un passage outre Manche, il revient en France en laissant quelques uns de ses musiciens à la frontière et forme un nouveau line up de sa formation avec quelques amis d’enfance. Un nouveau son se dégage au sein de cette renaissance musicale et c’est ainsi qu’At Last, le deuxième opus de Medi And The Medicine Show est sorti dans les bacs sous une forme originale. At Last comporte deux faces, une qui recèle 5 titres enregistrés en studio et 5 autres titres mais d’une captation live. L’album est disponible à la fin de chaque concert et plusieurs personnes étaient tres envieuses de s’approprier le disque après le passage de Charlie Winston. Il est vrai que lorsque l’on écoute en live « Stop Me right Now » que l’on voit la qualité vocale du chanteur mais aussi des compositions. Rythmé, enjoué, ce titre nous fait nous trémousser sur place et prépare le public a la suite des hostilités prévues à la Carrière.
21h05. Il est l’heure pour Medi And The Medicine Show de quitter la scène sous les applaudissements du public qui a totalement été comblé par la prestation des musiciens accompagnant Medi. Au vue de cette soirée, il n’est pas faux de dire « chapeau » bas à Medi and Co. Dès les dernières notes de guitares, un rideau noir vient faire face aux spectateurs pour cacher les préparations scéniques. Le public s’impatiente et il le démontre en haussant la voix après seulement 10 minutes de pause. Il va falloir encore attendre quelques minutes mesdemoiselles…
21h30. Les lumières de la salle s’éteignent progressivement, à l’inverse, les cris des demoiselles prennent place. Des sons de guitares résonnent mais sont couverts par les vocalises des premiers rangs. Charlie Winston fait son entrée, rejoins par ses musiciens (dont Medi) quelques secondes après lui. Il se met à danser et se déhanche sur scène. Rien de tel pour exciter encore plus la gente féminine. « Tongue Tied » vient calmer leurs ardeurs par son rythme posé et lent mais plus le titre arrive sur sa fin qu’une phrase de la chanson « Voulez vous couché avec moi ce soir ? » relance les cris mais cette fois ci à pleins poumons. Charlie enchaine en Beat Box sur « I’m a Man » pendant plusieurs minutes, une lumière blanche s’immisce au dessus de lui, l’homme est seul sur scène pour le début de « Kick The Bucket » mais petit à petit les musiciens réapparaissent aux côtés de l’hôte de la soirée. Le temps passe très vite et chacun doit se dire que l’on doit profiter au maximum du moment présent. Le pianiste, lui, quitte sa place pour se diriger vers l’avant scène pour motiver un public déjà bouillonnant.
Charlie Winston quitte son chapeau pour le poser sur le rebord de son piano. Il fait face à son public nantais venu en nombre écouter ses chansons et il va leur rendre une interprétation magistrale de « Boxes ». Tout le monde a le regard fixé sur ce chanteur qui n’était pas connu il y a de cela un an et qui là envoute toute une salle en piano/voix. Le public reste sans voix jusqu’aux dernières touches du piano effleurés par les mains de l’artiste. Les lumières s’éteignent, les applaudissements soutenus prennent place. Il reste assis sur son tabouret derrière le clavier, Medi vient faire un excellent duo sur « Lonely Alchemist où des notes jazzy et un solo d’harmonica se sont fait remarqué. Winston se lève et commence à siffler un air qui ne parle pas au public. Le rythme donné augmente petit à petit, la pression monte, le chanteur se met à faire des vocalises saturées et d’un coup il fait un break…Il reprend tranquillement sa salive, comme pour mieux siffler…Guitare à la main, il réalise un sifflement qui ne met qu’un quart de seconde pour faire réagir l’auditoire et annoncer le titre qui va suivre. « Like A Hobo » met le feu à la salle qui attendait patiemment ce titre et l’auteur demande de taper dans les mains. Il fait chaud, tellement chaud qu’une jeune fille a fait un malaise secouru à temps par le personnel de sécurité.
L’acoustique de « Soundtrack To falling In Love » vient baisser la pression. Malheureusement la douce voix de Liza Manili qui est sur la version studio ne sera pas de la partie. Winston se charge du remplacement en s’éloignant du micro lorsque les passages où la chanteuse aurait du poser ses douces vocalises. Du Beat Box refait son apparition pour lancer les prémices de « My Life as A Duck » où le public reprend le refrain.
22h40. Winston part tranquillement de la scène en demandant à la salle de garder le chant. Dès que son chapeau n’était plus visible, le public à commencer une véritable ovation. Pendant 4 minutes, les cris et les demandes de retour se sont succédés. Le public a eu le sourire aux lèvres lorsqu’il revint pour s’asseoir face à lui. Charlie nous parle, en français s’il-vous-plaît, il cherche ses mots, et la foule se fait un plaisir de traduire en chœur. Il aborde sur le sujet de son voyage en Inde et explique les bienfaits du commerce équitable. Intermède qui fait venir le régisseur de la tournée, cithare à la main pour interpréter « Bleeding Heart », où un dépaysement total se fait ressentir par le mélange guitare/cithare/cajon. Pour la dernière fois de la soirée, il reprend sa place derrière le piano pour « I Love Your Smile ». Il voit que le public connaît les paroles, et l’on voit à son regard qu’il est touché par cette attention. Sans répit, il enchaine direct sur « In Your Hands » et bien évidemment le public suit à nouveau. D’un coup, il se met à danser et enlève son veston ainsi que la chemise… du pantalon seulement ! Winston se lance dans des vocalises un peu bizarre et coupe le public en deux (droite et gauche) et fait travailler leur voix tel un professeur. Puis comme pour voir si les rangs du fond ne rechignaient pas à la tache, il se faufile dans la fosse pour atteindre la régie. Il escalade la régie et surplombe ainsi les spectateurs. A capela, il se met a chanter « In Your Hands » et relance ainsi la chanson. Un jam africain est interprété par les musiciens tandis que Winston effectue son retour sur scène.
23h17 exactement, Charlie Winston accompagné de ses musiciens remercient le public de son accueil chaleureux et inversement, la salle lâche ses derniers cris de joies pour remercier la prestation remarquable du chanteur présent ce soir à la Carrière. Mais le plus beau reste à venir…
Le rideau se ferme, coupant le lien visuel entre Charlie Winston et le public qui commence à quitter la salle pour se rendre vers les sorties extérieures. Une tête dépasse de la toile noire, il réapparait debout sur une chaise. Il lâche ces quelques mots « J’ai envie d’être présent, just you and me », c’est pourquoi il demande à la salle aucune ferveur pendant la chanson. Il commence à jouer quelques notes de « Calling Me » sans ampli, guitare acoustique dans son plus simple appareil. Dès les premiers mots chantés dans cette version, les regards restèrent fixé vers l’artiste. On sent que l’on est pris à la gorge par l’émotion que Charlie Winston dégage avec cette interprétation qui restera dans nos têtes comme le moment le plus fort du concert. Rien que d’y repenser, on en a encore des frissons…