Cap'tain Planet : Pouvez-vous nous décrire votre univers ?
Samsara : Notre univers musical est formé par un prisme assez vaste, de la pop au post-hardcore en passant par le dub, le trip-hop… C'est un univers assez évanescent, une invitation permanente au voyage, voire aux voyages, qu'il s'agisse de quête ou d'évasion, de bonheur serein ou de catharsis violente.
C : Quelle est votre recherche esthétique ? (votre visuel …)
On la la chance de travailler avec un graphiste formidable, Sacha Kolpacoff, un véritable ami que l'on considère comme un membre du groupe… Certains font la bande-son d'un film, lui fait la bande-image de notre musique. Il y a une véritable cohérence entre image et son : chaque affiche réalisée par Sacha, par exemple, naît des impressions qu'il a pu capter en concert, ou en répétition. Les affiches naissent de la musique, le talent de Sacha fait le reste. C'est assez difficile à décrire en fait, mais on peut se faire une idée assez claire avec le visuel de notre site internet (www.samsara.new.fr).
C : Votre démarche artistique ?
On travaille davantage au ressenti, à l'intuition, et non pas sur la base de la technique ou du codage musical pur. Il est vraiment question de sensations dans notre musique, dans un sens volontairement large. Et puis on cherche à cultiver l'éclectisme qui nous caractérise. Ca permet de ne pas s'enfermer dans un style musical, de s'ouvrir sans cesse à un éventail d'expressions complémentaires.
C : Quel a été votre parcours pour en arriver là ?
Tout est parti du projet Fatalis (l'ancien nom du groupe), initié par Julien et Steve. Puis Steve et Guilhem, qui jouait dans Oria, se sont rencontrés humainement et musicalement, sur les bancs de Sciences-Po Toulouse… Depuis, le groupe a muté, changé de nom, solidifié son line-up, pour arriver à sept membres avec un bassiste, une violoncelliste, une chanteuse, et un ingénieur / dompteur de son génial et sans limites, capable de construire ses instruments ou, pire, de faire de n'importe quel objet un instrument (un narghilé, une boîte pleine d'eau…), utilisable live en analogique. Ce qui donne des perspectives incroyables en terme de son.
C : Comment vous définissez vous ?
Pendant longtemps, par souci de clarté, on avait laissé l'étiquette « rock / post-rock » sur les affiches, les flyers, le site… Mais les termes ne traduisent pas réellement le style du groupe. Dans la démarche, oui, on accepte volontiers l'appellation post-rock, mais notre musique s'en éloigne assez souvent. Comme ils l'ont dit sur Benzine, « Samsara, c'est presque un genre à eux tous seuls »…
C : Quels thèmes abordez-vous dans votre musique ?
Disons que les thèmes sont liés au nom du groupe : le « Samsara », dans les traditions védiques (comme le bouddhisme), c'est le cycle des renaissances ; plus simplement, c'est le monde dans lequel nous sommes supposés vivre actuellement, c'est-à-dire avant l'éveil : c'est donc dans le Samsara que nous sommes traversés par l'attachement, la colère, la peur, les passions, l'amour… Ces thèmes sont présents dans les compositions. Plus globalement, on peut dire que les morceaux traitent autant de ce qui compose ce « samsara » que de l'envie de s'en échapper…
C : Comment décrivez-vous les ambiances mises en place par Samsara au travers de ses compositions ?
Elles sont variées, à l'image des titres de « One Shot » : du calme aux tourments, en passant par la joie, l'exutoire sous forme de rage… Mais, au final, le message reste toujours positif et les ambiances, variées, sont destinées à laisser l'auditeur libre de son interprétation. A lui d'en tirer une quête, un voyage, une joie, de l'énergie, une larme… ou un sourire.
C : Combien de concerts avez-vous à votre actif ?
Au moins une quarantaine, principalement dans la région toulousaine.
C : Préparez-vous un album / un EP ? Pouvez-vous m'en parler un peu plus …
Oui, un second disque qui devrait sortir cet automne. Quelque chose de plus barré, de plus expérimental, de plus atmosphérique encore, un peu dans la veine du dernier titre de « One Shot ». La durée moyenne des morceaux devrait encore un peu augmenter ! On a déjà la liste des titres, on travaille en ce moment sur les samples, les arrangements… Mais on n'en dit pas plus, autant laisser un peu de surprise…
C : Comment voyez-vous l'évolution de votre style musical en général dans le futur (niveau local / national / international) ?
Le rock, en général, est en pleine renaissance actuellement, même si les groupes qui passent à la radio n'ont pas grand-chose à voir avec ce que l'on fait. On aurait peut-être dû s'appeler « The Samsaras » et faire du rock garage… Sérieusement, disons que le rock profite d'un mouvement de fond favorable ; j'imagine que les groupes que l'on aime, comme Radiohead, Explosions In The Sky, ou encore Mogwai, feront leur chemin en drainant toujours plus d'adeptes. Du moins on l'espère.
C : Quel regard portez-vous sur votre région en matière de musique ? (groupes et politique régionale)
La région Midi-Pyrénées est assez bien fournie en festivals et en initiatives culturelles. Il y a des rendez-vous immanquables, comme le Summer ou les siestes électros… Après, Toulouse est vraiment une ville agréable à vivre côté musique, pour les musiciens comme pour le public : une grosse effervescence, un éclectisme musical, avec des formations reconnues dans tous les styles, comme Psykup en metal, Zebda ou les Fabulous Troubadors en chanson, Punish Yourself en indus etc. Et puis les musiciens toulousains ont la réputation de ne pas se prendre la tête, ce qui est assez agréable et pas toujours vrai sur la capitale. Entre la Team Nowhere à Paris et le collectif Antistatic à Toulouse, il y a une différence significative dans la façon de faire… Et puis, pour nous, rester à Toulouse était un choix réfléchi et une question de plaisir avant tout.
C : Que pensez vous de votre situation géographique pour votre développement au niveau national et international ?
Le centre de Toulouse est une sorte de gros village dans lequel tout le monde finit par se connaître, ce qui est plutôt un bon point pour débuter. Reste après à s'y épanouir, pour se développer. Bien sûr, Paris est incontournable pour les séances promotion et le relationnel, mais la vie à Toulouse est plus agréable sur beaucoup de points. Ca favorise la créativité, et certainement aussi le développement. Aujourd'hui Toulouse semble être une ville assez ‘chargée' culturellement pour faire entendre ses voix au niveau national, voire international.
C : En quel sens la musique vous permet-elle de vous exprimer ?
Pour nous la musique peut d'abord s'appréhender en terme de catharsis, de libération d'émotions refoulées ou à fleur de peau… C'est en ce sens que la musique nous conduit autant à exorciser nos démons qu'à sublimer nos rêves… Et dans les répétitions, les improvisations comme les concerts, on se retrouve souvent « vidés » d'une certaine charge émotionnelle, apaisés ou déchargés d'un sentiment qu'on ne pouvait pas sortir autrement…
C : Quel groupe vous a donné envie de faire de la musique ?
Quelques groupes phares comme Radiohead ou les Smashing bien sûr… mais au-delà des groupes, c'est surtout la puissance des émotions véhiculées par la musique en général qui nous a donné envie de jouer. C'est d'ailleurs aussi ce qui nous donne la force de continuer…
C : Quels sont vos objectifs actuellement ?
On a pas mal de projets de scène, en France ou à l'étranger, comme une tournée en République Tchèque par exemple. Au niveau de la production on commence à envoyer du son aux labels qui nous plaisent, en France ou ailleurs. On espère trouver un label avec qui travailler sérieusement au plus vite… Inch' Allah…
C : Y a-t-il une question que vous auriez aimé que je vous pose ?
Oui. Celle-là. C'est notre préférée.
C : La question que je pose à tous les groupes (vous pouvez répondre totalement à côté de la plaque …) : Préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
Ce serait bien qu'elles s'évanouissent… comme ça on pourrait voir les filles du second rang pleurer !
Steve, Julien et Guilhem, pour Samsara