Qu’est-ce qu’un label communautaire ? Pouvez-vous revenir sur le concept de NoMajorMusik ?
NoMajorMusik est un label musical qui change la donne. D’un côté les artistes non produits et qui ont, bien entendu, du talent. De l’autre des fans de musique qui ne demandent qu’à découvrir de nouveaux talents. Les artistes exposent sur NoMajorMusik – et dans un espace qui leur est dédié – leur bio, photos etc et mettent à la production des chansons à l’état de maquettes. Le public vient donc visiter les pages d’artistes et s’arrête sur la page d’un artiste qui lui plait. Là le public peut devenir co-producteur en misant des $oux sur une chanson. Le $oux étant la monnaie virtuelle utilisée sur la plateforme. Une fois que la jauge d’une chanson est remplie (18.000 $oux, soit 3.000 euros), NoMajorMusik accompagne l’artiste en studio pour enregistrer sa chanson dans des conditions professionnelles, en assure la distribution et la promotion. Enfin, les bénéfices dégagés par la vente d’un titre sont réparties de façon équitable à 40% pour l’artiste, 40% pour les co-producteurs et 20% pour NoMajorMusik.
Pouvez-vous brièvement me parler de D&G Media, la société à l’origine de NoMajorMusik ? Quels sont ses activités d’origine / annexes ?
D&G MEDIA est une jeune société formée pour NoMajorMusik, nous n’avons pas d’autres activités pour le moment.
Pour qu’une chanson soit produite, il faut cumuler l’équivalent d’un investissement de 3000 euros. A partir de quand les investissements deviennent rentables pour l’artiste ? le co-producteur ?
Parler de rentabilité ou affirmer quoi que ce soit à l’heure où le système « s’écroule » serait quelque peu déplacé. NoMajorMusik propose une offre alternative qui se base sur un constat de ral-le-bol qualitatif. Le public en a assez de se voir dicter ses choix en matière de musique et NoMajorMusik leur offre la possibilité de choisir eux même ce qu’il veut écouter. Néanmoins nous avons bien entendu fait des calculs savants, Le point mort est atteint pour le producteur à partir de 9.000 MP3 vendus
La concurrence est rude entre MyMajorCompany, Spidart (apparemment votre concurrent direct), SellABand et une dizaine d’autres plateformes. Est-il vraiment rentable pour un artiste de s'engager dans une session d'enregistrement juste pour en sortir un seul morceau ? D’autant plus que les autres sites proposent l’enregistrement d’albums complets distribués sur support physique …
Les moyens mis en œuvre par notre label sont pour se faire connaître, pour émerger. Encore une fois parler de rentabilité pour un artiste est déplacé même si nous sommes conscients qu’il faut se nourrir. Notre objectif est de faire changer les mentalités, de pouvoir regarder l’avenir de la production musicale avec un œil joyeux et non axé sur des produits, des outils de commercialisation etc. nous souhaitons un retour aux sources, un retour à la musique de qualités qui tente depuis quelques années de se faire une place.
Le modèle économique du site se base sur le financement par la publicité. Quels annonceurs sont visés ? Quelle audience minimum doit être atteinte pour assurer la viabilité du site ?
Notre objectif est de constituer un bassin d’audience qualifié qui intéressera nos futurs annonceurs. Quels annonceurs et quel seuil de viabilité reste une question délicate à laquelle nous ne pouvons répondre sans dévoiler notre stratégie. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=280}
NoMajorMusik utilise une monnaie virtuelle, les $oux. On les achète par 6 alors qu’il n’en faut que 5 pour contribuer à l’achat de morceaux de musique. Est-ce pour vous un modèle de fidéliser votre audience en empêchant les internautes de liquider l’ensemble de leurs investissements ?
Fidéliser des internautes en les empêchant de faire quelque chose serait une atrocité. La mise minimum de 5 $oux représente symboliquement le préachat du titre final (environ 0,80 centimes). Les producteurs sont libres de miser 5, 6, 7, 8 ou même 100 $oux, il n’y a aucun maximum.
En s’inscrivant sur NoMajorMusik, quels sont les enjeux socio-économiques pour l’artiste de se produire sur Internet ? Autrement dit, pourquoi utiliser les labels communautaires comme moyen de production, de promotion et de diffusion ?
Internet est devenu aujourd’hui un média communautaire. Les internautes aiment découvrir et faire la promotion de ce qu’ils aiment. Un artiste NoMajorMusik bénéficiera des réseaux sociaux et en deviendra totalement partie, et c’est en cela qu’il pourra survivre économiquement, car le média internet ouvre des portes considérables.
Quelle est la liberté de l’artiste dans le choix du studio et les moyens de diffusion de sa musique ? (Il ne peut distribuer son morceau que sur la plateforme NoMajorStore ?)
Nous offrons à l’artiste la possibilité d’enregistrer dans notre studio partenaire (le Studio Ramses2) mais il est tout à fait libre de choisir un autre studio qui pourrait s’aligner financièrement sur les prestations proposées. Une fois enregistré, le titre sera non seulement disponible sur NoMajorStore, mais également sur des plateformes de téléchargements légaux type VirginMéga, iTunes ou FnacMusic.
La majorité des artistes débutent avec de petits moyens et cela ne les empêche pas d’avoir du succès. Vous proposez l’enregistrement des morceaux au studio Ramses² connu pour avoir produit Le Grand Bleu ou encore Mistral Gagnant. Quel est l’intérêt d’aller enregistrer dans un studio d’une telle renommée ?
La renommée c’est important, mais la qualité des femmes et des hommes qui y travaillent l’est encore plus. Notre partenariat avec le Studio Ramses2 n’est pas uniquement économique. Les artistes bénéficieront de la qualité du conseil et de la prise en charge artistique offerte par le studio.
Vous utilisez un discours d’escorte qui est celui de l’opposition entre Majors et Indépendants. Je cite votre dossier de presse « L’industrie musicale fonctionne depuis des années sur un modèle qui prive les artistes de leur créativité et impose une musique formatée ». Le bride artistique et le formatage de la musique ne serait-il pas plutôt de produire les morceaux qui plaisent au plus grand nombre [comme sur NoMajorMusik] ?
Totalement d’accord avec vous, mais il est nécessaire d’aller plus loin et de comprendre comment les choses se passent. Qui décide aujourd’hui de ce qui va plaire au plus grand nombre ? Trois, quatre personnes dans des maisons de disque, ne soyons pas dupes. NoMajorMusik offre la possibilité au plus grand nombre de choisir directement ce qui lui plait.
Le web est considéré théoriquement comme un marché libre d’entrée pour l’artiste, c'est-à-dire que ce média est censé supprimer les intermédiaires de l’industrie du disque. N’est-ce pas paradoxal de vouloir réintroduire des intermédiaires tels que les labels communautaires, les Netlabels ou les distributeurs de musique numérique ? N’est-ce pas là, la véritable privation de la créativité artistique ?
Non. Le web n’est pas un marché, c’est un « monde » à part entière, et ce monde offre aux artistes une vitrine. NoMajorMusik se place alors comme un canalisateur de cette vitrine, en se mettant au service des artistes et du public.
Finalement, vous ne faites que transposer sur le web le modèle des maisons de disque, à l’exception près que vous adoptez une démarche « consumer centric », c’est à dire que vous placez l’internaute au centre de la chaîne de création de valeur. Peut-on parler d’une réelle innovation de la part des labels communautaires ?
NoMajorMusik place l’internaute au centre de la chaîne de création de valeur artistique. Encore une fois, l’innovation est là, proposer aux artistes de se faire produire directement par son public et de distribuer les revenus de façon équitable, nous ne croyons pas transposer un quelconque modèle existant.
Etre directeur artistique ou producteur, c’est un métier. Notamment parce que celui-ci sélectionne les titres de qualité proposés par l’artiste, mais aussi parce qu’il le suit et le conseille. NoMajorMusik assure-t-il une gestion de carrière artistique ?
Bien entendu. Il ne faut pas oublier que derrière le modèle économique, le changement de donne, l’innovation, se cache la création musicale. Etre producteur de musique est un dur métier et ce qui change ici n’est que le début de la chaine, le financement. La suite est tout ce qu’il y a de plus professionnel, un directeur artistique, des ingénieurs du son etc… bref toute une équipe dévouée aux artistes !
Vous envisagez de produire des compilations des meilleurs titres produits par la plateforme. Comment les choix s’effectueront ? A quand la première compilation ?
Dès que nous aurons une vingtaine de titres produits par NoMajorMusik nous sortirons effectivement une Compilation NoMajorMusik. Le choix des 12 ou 15 titres se fera par vote du public, car non comptons bien placer ici encore le public au cœur de la création.
Je vous laisse le mot de la fin, si vous souhaitez rajouter quelque chose.
Je vous remercie pour toutes ces questions qui, nous l’espérons, pourrons apporter des réponses aux artistes et producteurs potentiels qui doutaient encore de notre positionnement ou du fondement de notre offre. A tous, nous souhaitons bon courage et bonnes mises sur NoMajorMusik.com