A l'occasion du passage nantais de leur tournée européenne, suivant la sortie de leur très bon dernier album The Hawk Is Howling, Peter et moi-même avons eu l'immense occasion de nous entretenir avec l'un des membres emblématiques du groupe Mogwai. Les positions sur ce dernier opus étant aussi différentes que tranchées à travers la presse, leurs concerts étant toujours réputés pour être autant de moments d'émotions que de déferlantes de bruit ( vous en doutez ? Notre live-report de l'évènement se situe juste ici), le groupe ayant également décidé de participer à des bandes originales ou plus récemment de raviver la guéguerre avec Damon Albarn, Stuart Brainwhite a eu du pain sur la planche. Il nous répondra en toute sincérité, avec le peu de loquacité qui le caractérise, mais quelques mots bien placés valent mieux qu'un long discours.
Votre dernier album, qui s'appelle The Hawk Is Howling est dans les bacs depuis septembre 2008. Avec le temps, a ton avis, comment l'album a été perçu ?
Stuart : Bien, oui, je suis très content avec ça…
En ce moment vous êtes au milieu d'une grande tournée européenne, qui passe par un paquet de villes, ça se passe bien pour vous ?
Oui, très bien, ce soir est seulement le deuxième soir. Le dernier concert hier soir à Brest était vraiment très bon, et oui, dans l'ensemble ça se passe bien. Les premières nuits sont toujours un peu étranges, mais ouais, c'était bon.
La Carène (Brest, ndlr) a une bonne réputation en tant que salle de concerts.
Oui, pour une première venue là-bas et pour le premier concert, c'était bon, très bon.
Au niveau de la limitation du son, on ne vous embête pas trop ? Mais il semble que vous vous soyez calmés un peu…
Je ne sais pas si c'est vrai avec nos morceaux… peut être que les concerts ne sont pas aussi forts, mais le fait est que nous avons composé de la musique plus complexe depuis quelques années. Je pense que c'est plus important que le fait que le morceau soit fort ou pas…
L'album paraît un peu moins enragé, et un peu moins noisy que l'album d'avant, c'est un choix délibéré ?
Quand on compose nos morceaux, notre musique, on pense vraiment juste à comment la musique sera, les évolutions sont surtout des coincidences, on ne planifie pas trop.
Quand on écoute cet album, on a l'impression de ressentir des influences plus électro qu'auparavant…
Hmm… ce n'est pas une question, mais ouais, probablement ! (rires)
Vous avez décidé de ne pas utiliser de voix du tout pour cet album, pourquoi ?
C'était juste la façon dont cela s'est produit, parce que des types de chansons que nous avons écrit font que les voix sont généralement la dernière chose que nous ajoutons sur les morceaux, et avec cet album les chansons étaient tout simplement mieux toutes seules.
Vous n'aviez peut être pas de voix qui vous convenait ?
On n'y a même pas pensé.
Vous avez dit plus tôt que Mr Beast était le premier album que nous pouviez jouer live dans son intégrtalité, c'est la même chose avec cet album ?
Probablement, mais nous avons joué six morceaux seulement, en fait non, parce que nous avons essayé de jouer tout l'album et tout n'a pas très bien marché (rires) ! Donc ce n'est pas la même chose.
Vous avez réalisé les bandes originales de The Fountain et de Zidane, qu'est-ce que ces expériences signifient pour vous en tant qu'artistes ?
Nous les avons vraiment appréciées. Les deux bandes-sons sont toutes les deux radicalement différentes, deux expériences différentes. Pour The Fountain nous avons joué ce que l'on nous a dit de jouer, ce n'était pas notre musique. C'était un challenge pour nous et c'était différent. Avec Zidane c'était différent, on avait la liberté de faire ce qu'on voulait, on a essayé de capturer l'atmoshpère du film. Donc oui, c'était deux expériences très différentes, mais vraiment très bonnes.
Et Zinédine Zidane était satisfait des morceaux ?
On m'a dit qu'il l'était, oui, mais je n'ai pas rencontré, je n'ai pas pu en parler avec lui, alors je ne sais pas. Peut être qu'on m'a juste dit ça pour me faire plaisir (rires) !
Tout le monde pensait qu'avec Damon Albarn c'était fini, mais vous avez remis le sujet sur la table depuis qu'un concert de reformation de Blur a été annoncé. C'est quoi, au fond, cette histoire avec lui ?
C'était pas moi, j'ai rien rajouté sur ce sujet, et honnêtement, je pense que je suis un peu vieux pour ce genre de choses…
D'accord, une petite question par rapport aux titres de vos chansons, vous affirmez qu'ils n'ont aucun sens, pouvez vous nous en dire un peu plus ?
Tu veux que j'explique pourquoi elles n'ont pas de sens ? (rires) Si une personne dit quelque chose d'intéressant, ou que nous voyons quelque chose qui nous reste en mémoire, on l'utilise. On n'y pense pas vraiment, et ça n'a pas d'influence sur la musique, c'est un peu aléatoire !
Peut être que vous ne souhaitez pas faire passer de messages dans vos chansons…
Pas vraiment, non…
On sent l'influence des Doors un peu partout dans l'album, comme le titre de l'album qui fait référence à une phrase de Ray Manzarek, ou encore la chanson “I'm Jim Morrison, I'm Dead”, en quelle manière ce groupe a une influence sur votre musique ?
On n'est pas des gros fans des Doors. C'est une coïncidence… Le titre de la piste vient juste d'une chose que Dominic a dite et que j'ai trouvé marrante, et le titre de l'album, nous l'avons entendu dans une interview de Ray Manzarek, ce qu'il disait était très drôle, mais au final ça aurait pu être n'importe qui, c'est juste un coïncidence que ce soit aussi quelqu'un des Doors.
D'accord, avez-vous une idée de la direction musicale pour le prochain album, ou êtes vous encore dans la dynamique de “The Hawk Is Howling” à cause de la tournée ?
On ne pense pas vraiment à ce qu'on va faire avant même de l'avoir commencé, j'ai pas encore vraiment pensé à tout ça. Je suppose que j'aimerais bien faire quelque chose d'un peu différent, mais je n'ai pas encore réellement pensé à cela.
Alors, qu'est ce que tu penses de la scène post-rock internationale en ce moment ?
Je sais pas, je n'ai pas vraiment d'opinion.
As-tu découvert des bons groupes de post-rock récemment ?
Je ne sais pas vraiment ce qu'on entend par post-rock, mais si tu veux parler de groupes instrumentaux, oui, il y a quelques bons groupes, par exemple les groupes qui sont signés sur notre label, comme Errors, qui va jouer avec nous ce soir, Remember Remember également, Growing, un groupe de New York… ouais, il y a pas mal de bonne musique.
Ok, ce soir vous jouez donc avec Errors, le groupe est signé sur votre label, Rock Action Records. Peux-tu nous expliquer pourquoi vous les avez signés et pourquoi vous tournez avec eux ?
Nous les avons signé parce que nous aimons leur musique… Ce sont des gens très sympathiques, et c'est toujours plus agréable de travailler avec des gens sympa. On les a embarqués avec nous pour que le public en France, en Italie et en Espagne aient l'occasion de les découvrir en live…
Comment vous les avez découverts ?
Je pense que c'était Barry, il les a vu jouer à un concert.
C'est un problème pour vous d'être signés chez PIAS, qui est un label important, ou cela ne vous pose pas plus de problèmes que ça ?
On est un groupe important (rires) ! Je ne comprends pas vraiment pourquoi ça serait un problème, ils ne vendent pas d'armes nucléaires… Ils sont considérés comme un mauvais label ? Je ne sais pas…
Alors, la dernière question est peut-être une question bête, mais quel est votre plat préféré ? Sans compter le haggis, bien entendu.
J'aime beaucoup le haggis. Je ne sais pas, je pense c'est le haggis en fait ! Ouais, le haggis est mon repas préféré. En Ecosse il y a un grande célébration à l'anniversaire de Robert Burns, tu sais, le poète ? Et tous le monde se retrouve le soir à fêter Robert Burns, ça s'appelle la Burns Night . Ils boivent du whisky, il mangent du haggis, et une fois j'avais toute ma famille chez moi pour cette Burns Night… Il y avait du haggis, des pommes de terre et des navets, et je pense que c'est mon repas favori.
Des exemples de repas français ?
Oui, j'aime la nourriture française, mais maintenant je suis végétarien donc je ne mange plus de viande, c'est donc plus difficile manger la nourriture française, mais j'adore les choses simples comme le pain et le fromage.
Merci beaucoup.
Photos : Peter, VinZ.
Merci à Stuart de nous avoir accordé un peu de temps et pour sa gentillesse, ainsi qu'à PIAS.