L’aventure avait lancé Ben Ricour dans le paysage de la chanson française. Largement diffusé sur les ondes radio, les singles « Vivre à même l’amour » et « Le risque » ont été les précurseurs de la découverte de ce nouvel artiste aux yeux du public. Cet auditoire charmé par les compositions du guitariste attendait le successeur de ce prometteur premier album. En octobre 2007, le second opus de Ben Ricour est dévoilé sous le nom de Ton image. C’est dans les loges de la petite salle de Vertou (proche de Nantes) où Ben Ricour partageait la scène avec le rennais Mr Roux que j’ai pu discuter de ce nouvel opus après un très bon set acoustique. L’interview débuta à 23h et pris fin lorsque l’horloge de la ville résonna dans tout Vertou.
Hervé : Ben, tes impressions après le concert de ce soir malgré un petit problème de guitare?
Ben Ricour : Même avec ces problèmes de guitares ça faisait partie de l’histoire, c’est à dire que ce soir je n’ai pas trop dit au public mais c’est ma dernière date de l’année. J’ai quelques dates de prévues mais c’est des invitations de radio pour des live, ce n’est pas de vrais concerts. Ce soir, à Vertou c’était un vrai concert. Nantes j’y étais il y a un mois et à chaque fois que je passe ici c’est super sympa et ce soir c’était même très sympa. J’avais la chance de voir le public. Je voyais tout le monde et c’est vraiment important lorsque tu es seul sur scène de voir ton public. J’ai passé un bon moment, en plus, je sors d’une période de premières parties qui ont été très sympa dans les zéniths avec Vanessa Paradis… Mais le fait de pouvoir m’exprimer pendant une heure en co-plateau, c’est intéressant. C’est un autre concert de faire de la première partie et de faire un concert où tu vas jouer cette chanson car c’est ton humeur du jour, avec beaucoup d’improvisations…La setlist s’est faite juste avant que je monte sur scène en fonction de l’ambiance. Ce soir, c’était très famille, il y avait de tout, des jeunes, des plus vieux. C’est un public qui me plait, j’étais très à l’aise et content de jouer. Ma gratte a faillit « faillir » sur le dernier morceau et je trouve que ça correspond bien à la dernière date de l’année, elle a souffert.
Hervé : Tu as avoué pendant le concert que tu avais mal aux doigts. Tu arrivais facilement à jouer sur les morceaux les plus techniques ?
Ben : J’ai un peu mal aux doigts car une fois de plus c’est la fin de l’année. On est en hiver donc il fait froid. Mais ce soir ça allait pour jouer les morceaux. Mais pendant un moment, tu te sens fatigué. On est arrivé tôt sur Nantes, on a pu se reposer à l’hôtel. Mais quand tu te relances, tu es un peu froid. Mais dès que tu montes sur scène, tu prends l’énergie que te donne le public. L’énergie vient de là, c’est à dire que tu donnes, tu reprends, ça te recharge, tu te revides…C’est assez magique parce que tu as beau être très fatigué, tu trouves des ressources grâce à ton public.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Hervé : Octobre 2007 l’aventure musicale de Ben Ricour continue avec Ton image. Quelles sont les critiques que tu as reçus sur ce nouvel album ?
Ben : Plutôt bonnes parce qu’à l’époque de mon premier album, on sentait que les médias me découvraient. Il y a cette sympathie autour de ce premier album. Le deuxième album il y a beaucoup plus de pression. Les gens te connaissent déjà un peu et sont beaucoup plus critiques que sur mon premier album. Du coup, on a des papiers que l’on a jamais eu avant dans la presse comme Le Parisien, le Télérama…des médias assez importants qui mettent de vrais sentiments après avoir assisté à un de mes concerts, écouté mon album…Ils font des papiers intelligents et qui sont positifs.
Hervé : L’accueil du public envers ton premier album était chaleureux. Avais-tu un peu de pression avec la sortie de Ton Image pour ne pas déplaire ce public qui te suit depuis tes débuts ?
Ben : Involontairement. Je ne voulais pas de pression. Le premier album a eu un bon accueil mais c’était un succès d’estime car je ne suis pas un gros vendeur d’albums. Il y avait ce succès d’estime qui était précieux. Sur le deuxième album, j’ai essayé de réaliser une transition avec le premier album et de dévoiler une nouvelle facette, peut être un peu plus sombre que sur L’aventure qui était très innocent, limite naïf avec un regard enfantin. Là, il y avait peut être la confrontation avec le monde adulte dans ce contexte urbain, c’est à dire que cet album parle de quelqu’un qui vit en ville. Il trimballe sa nature, son coté sincère et honnête avec lui. En même temps, je parle d’oppression, de choses personnelles, des choses que je ressens en vivant moi même en ville. Je n’ai pas hésité à faire de la transition et mettre une nouvelle facette en me disant que c’est sur scène que le public découvrira réellement Ton Image. Il y a un truc que je me dis par rapport à ces deux albums. Sur scène ce qu’il va se passer à partir de 2008 en groupe et bien ça va vraiment représenter ce que je suis. C’est à dire un côté où il y a de l’innocence, enfantin mais en même temps il y a ce gars qui vit en ville…
Quelqu’un frappe à la porte menant à l’extérieur…Ben va ouvrir et découvre une fan qu'il connait bien car elle le suit depuis ses débuts. Elle est conviée à assister à notre interview.
Hervé : Sinon la sortie de ce second opus était le 29 octobre 2007. Le passage à l’heure d’hiver était le 28 octobre si ma mémoire ne fait pas défaut, était ce un coup de pub marketing ou un petit clin d’œil en rapport avec la chanson l’heure d’hiver ?
Ben : C’est un peu des deux mais ce qu’il faut savoir c’est que l’album devait sortir le 15 octobre et la date de sortie a été décalé à cause de problèmes de finitions. La maison de disque a décidé de reculer la sortie de l’album au 29 octobre. A un moment, j’ai fais une petite vérification sur internet. J’ai vu que le 28 octobre on passait à l’heure d’hiver et là, je me suis dis que la maison de disque était super. Je les appelle en leur disant Bien joué le coup marketing, c’est bien pensé et ils étaient eux aussi surpris car ce n’était pas prévu. C’est vraiment un hasard de la vie. J’adore ce genre de signes et du coup l’album est sorti le 29 octobre, le lendemain du passage à l’heure d’hiver. Je trouve ça assez symbolique car je suis très lié aux saisons. Je fais beaucoup de chansons intemporelles, liées au temps.
Hervé : Quand a commencé la réalisation de Ton Image ?
Ben : C’est en fin de tournée de l’album L’aventure, fin août 2006. J’ai eu une petite réunion avec la maison de disque qui m’a fait comprendre qu’elle désirait avoir un album très rapidement. Lorsqu’ils m’ont dit cela j’étais d’accord étant donné qu’il s’était passé trois ans de laps de temps entre la sortie de L’aventure et ma dernière session d’enregistrement donc j’avais des mots au bout de la langue, de la musique en tête. J’étais prêt à repartir en studio, j’avais des choses à raconter et c’était important pour moi. J’ai accepté ce challenge d’aller vite et c’est vrai qu’il y a eu un réel contraste entre le premier album qui s’est fait sur la durée et Ton Image dans un laps de temps très court, un peu dans l’urgence. Cette réalisation a été beaucoup plus physique que l’idée que j’avais en tête. Quand tu fais un album, tu fais un peu un bilan avec toi même. Il y avait des choses qui se passaient dans ma vie…Au moment où je me suis retrouvé en studio, on a fait une chanson par jour. A la fin du mixage de l’album, j’ai fini plié en deux par la fatigue. Je croyais que cet album allait être moins fatiguant que la tournée mais en réalité c’est l’inverse car d’un point de vue cérébral tu donnes tout et tu te sens vidé. C’est pour cela que j’ai été une larve pendant trois semaines après le bouclage final de Ton Image.
Hervé : En ce qui concerne l’écriture de Ton Image, as tu dû te mettre d’arrache pied au travail ou avais-tu déjà quelques compositions sous la main ?
Ben: J’avais quelques titres en avance. Au final, ils ne figurent pas sur l’album. Ce travail d’écriture a été comme une gymnastique. Lorsque je tournais pas mal j’avais une dizaine de dates par mois. Au fur et à mesure j’en avais moins et c’est là que le cerveau se remet dans une gymnastique. A ce moment, j’étais super chaud pour écrire et plusieurs textes ont fait surface. J’en ai gardé 11 pour faire une histoire. C’était un peu compliqué au début car tu commences à écrire, tu fais écouter tes compositions à droite, à gauche, à la maison de disque qui était super impatiente et qui me mettait bien la pression. La production te demande où sont les tubes ? Au fur et à mesure que les mois passaient je me sentais bien pour écrire et d’ailleurs cet album comme je te le disais tout à l’heure, lorsque je l’ai terminé j’étais plié en deux. J’avais vraiment envie de me reposer un peu et de refaire ensuite un autre album. Je pense que le prochain album va arriver assez rapidement parce qu’à partir de janvier 2008 et c’est une de mes résolutions, je vais essayer de garder une tête dans la création. Je suis chaud pour écrire pour mon futur album mais aussi pour d’autres artistes. Je suis chaud pour ce petit gars qui s’appelle Ben Ricour, qui a soif, qui veut faire un album qui sera l’album du moment entre guillemets. C'est à dire l’album qui lui corresponde le plus.
Hervé: Toutes tes chanson sont en français. Tu aimes trop la langue française pour t’essayer à la langue de Shakespeare ?
Ben : J’adore l’anglais. Avant dans les groupes où j'ai joué, des groupes de punk, de rock ou de reggae je chantais toujours en anglais. Je pense que je maîtrise pas mal le son de la langue anglaise. J’adorerais faire un album dans cette langue mais en même temps la langue française me passionne. C’est devenu une passion depuis l’album L’aventure. Je m’aperçois que cette langue est vraiment riche et maniable. Elle est moins musicale que la langue anglaise mais le français colle bien avec le coté rugueux que j’ai connu par rapport à la vie. J’essaie de trouver un style même si je l’ai déjà trouvé. J’essaie d’approfondir les choses, ça rejoint ce que je te disais tout à l’heure pour le troisième album. J’espère que j’aurais trouvé en écriture et en musique l’alchimie parfaite.
Hervé : Pourquoi as tu choisi de mettre en avant le titre « Ton Image » en le choisissant comme nom d’album ?
Ben : Il y a beaucoup de raisons. Tout d’abord il y a la somme de toutes les images que l’on a avec cet album. A un moment je parle d’un de mes amis disparus. C'’est une image qui me revient en tête. Je parle de ma mère lorsque je suis dans une chambre d’hôtel et que tout d’un coup je repense à elle ainsi que ses origines eurasiennes. C’est toujours des images qui reviennent dans ma tête. C’est un peu le thème de l’album, pas par nostalgie mais juste parce que c’est ma manière de voir les choses. Ce disque s’appelle Ton image parce qu’il y a aussi cette chanson « S’cuse moi » qui parle d’Internet et de toutes ces informations qui nous arrivent aujourd’hui à la seconde près. Ton image, c’est aussi le public et mon image d’un point de vue personnel.
Hervé : Comment perçois tu ton second album par rapport au premier ? J’ai lu dans la presse que L’aventure ne te ressemblait pas musicalement parlant. J'ai trouvé cela bizarre.
Ben: C’est faux. C’est lorsque j’ai commencé à faire des interviews j’ai dit cette phrase à un journaliste puis tout le monde te dis cela…
Hervé : Je pense que L’aventure te ressemble sinon tu n’aurais pas sorti cet album.
Ben: Oui, il me ressemble cet album. Le premier, L’aventure je venais d’avoir mon premier enfant et je sortais de pas mal de galères. Lorsque j’ai eu mon fils, j’ai eu de la chance et pleins de choses ont démarrés pour moi. C’était une sorte de nouvelle vie, avoir un enfant ça te change beaucoup et ça t’amène dans la vie une responsabilité en plus. L’aventure me ressemblait énormément à l’époque où je l’ai réalisé. Sur ce second album, j’avais envie d’exprimer autre chose, plus d’oppression, un coté plus direct, plus robuste…Chaque album que je réalise j’essaie de canaliser l’énergie que je possède au moment où je réalise cet album. Je ne veux pas me trahir. Je veux faire ce que j’ai à faire sur le moment. L’aventure me ressemble car ces chansons sont une fois de plus intemporelles et j’ai toujours autant de plaisir à les chanter. Ce nouvel album, il arrive en étant ce que je suis et je ne l’ai pas encore exploré comme il se doit. C’est l’année 2008 qui va faire ce travail de découverte.
Hervé : Après la sortie de l‘aventure, as-tu appris des choses ou des erreurs à ne pas faire pour la réalisation de ce second album ?
Ben: L’expérience de studio t’apprend à faire le son différemment, à voir les choses différemment…Cet album, c’est le compromis entre le premier album qui était autour de la guitare/voix avec des décors autour. Tandis que celui-ci est entre une guitare/voix qui sonne déjà mais avec une énergie live. C’est à dire que l’on a enregistré les titres en étant guitares/voix/batterie. Il fallait que le chant sorte en étant soit heureux, soit malheureux, soit mélancolique…Il y avait cette urgence qui a fait que des morceaux comme « Ton image » ou « S’cuse moi » on y ressent une vraie colère. Si je dois chanter quelque chose en colère, il faut que je sois vraiment en colère. Je ne peux pas jouer à être en colère. Tout le travail en studio a fait que l’on arrivait à 10 heures du matin. A 10 heures du mat’ tu n’es pas franchement en colère (Rires !) Le soir en ayant passé la journée en studio, j’arrivais comme sur un ring de boxe pour mener un combat, une lutte. C’est comme cela que j’arrivais à sortir ce sentiment. Ton image par exemple, ça a été très douloureux de le sortir. Il est sorti avec une vraie colère car il y a du vécu dans cette chanson. Il fallait être sincère. On veut toujours être sincère mais au moment où tu te retrouves en studio avec le casque sur les oreilles, ce n’est pas tout le temps facile. C’est souvent à une heure précise pendant le nuit qu’il se passe un déclic et cette colère arrive à sortir.
Hervé: Ta carrière solo en tant que Ben Ricour n’a pas été ta première expérience musicale. Est ce que les fans de la première heure d’Arturo suivent ta carrière ?
Ben: Je ne crois pas. Pendant des concerts, je retrouve des personnes qui connaissent Arturo. A l’époque d’Arturo on était très décousu. C’était un groupe qui avait de la qualité mais qui était très décousu, il n’avait pas encore son style. Il y avait des gens qui nous suivaient, maintenant les gens qui nous suivaient à cette époque je les vois sur Internet. Ils sont peu nombreux. Là, c’est plus une question de fraîcheur. Il y a des gens qui m’ont découvert par mon premier album et qui suivent mon parcours. Puis des nouveaux qui me découvrent par ce nouvel album. Plus je fais des concerts et plus il y a des gens qui viennent car les salles sont de plus en plus remplies. C’est un public qui est à l’écoute. Sur mon myspace, il y a entre 600 et 700 personnes qui viennent tous les jours. On sent le truc monter et c’est cool !
Hervé: A tes débuts tu faisais pas mal de concerts dans les bars…
Ben: Exact !
Hervé: La scène bar est bien différente d’une scène conventionnelle étant donné que le public est le juge. Penses tu que ce type de scènes est nécessaire pour évaluer le potentiel artistique d’un musicien ?
Ben : C’est compliqué dans les bars parce que les personnes qui viennent te voir dans les bars, ils en ont rien à foutre de qui tu es ! Franchement je pense qu’au niveau du public ça n’a rien à voir parce que dans les bars les concerts sont gratuits, ils viennent boire des coups. D’un coup ils font attention à la musique qu’elle soit bonne ou mauvaise. Quand tu fais des premières parties dans les zéniths ou des scènes où les gens paient pour te voir c’est totalement différent de la scène bar. C’est con mais les gens qui paient pour te voir, à partir du moment où ils paient ce n’est pas du tout l’aspect financier qui est important mais c’est qu’il y a un vrai désir. Le bar, ça ne sert à rien à part te former et te retrouver sur une scène. Lorsque tu arrives au moment où tu arrives à mettre de l’ambiance dans un bar sans avoir de noms, sans être médiatisé c'est intéressant… C’est un bon apprentissage et je le conseille à tous les groupes. Tu en baves, tu es mal payé, tu finis souvent avec tous les pochetrons du coin qui veulent te payer un coup et raconter leur vie. C’est une expérience qui forge un mental. Entre les gens qui hésitent encore aujourd’hui à partir dans les bars ou démarcher pour faire la Star Academy, et bien je leur conseille la scène bar. C’est la meilleure école.
Hervé : Pour l’écriture des textes tu as travaillé avec Pierre Grillet qui est le parolier de Bashung. Qu’est ce qu’il t’a apporté au niveau de l’écriture et comment est il venu dans ce projet de Ton image ?
Ben : Avec Pierre on a écrit le premier album ensemble en formant un duo. Pour ce deuxième album les gens commençaient à me dire que se soit des personnes de la maison de disque ou de l’édition que je devais écrire mon album tout seul sans Pierre. J’ai dit pourquoi ? J’ai adoré écrire le premier album avec lui et on sait ce que l’on a fait sur L’aventure. On tourne une page parce que l’on réalise un autre album. Pourquoi pas faire cet album avec Pierre ? J’ai commencé à écrire la plupart de ces chansons en étant seul. A un moment, j’ai demandé à Pierre de me rejoindre. Il y a tellement de charme autour de la collaboration, du fait qu’il passe chez moi, que l’on travaille ensemble, on discute, on fume…Rien n’est calculé. Dans cette collaboration, il y a beaucoup d’improvisations et c’est ce que j’adore car je déteste le calcul.
Hervé : Tu as composé pour Olivia Ruiz et Florent Pagny. Ton travail d’écriture change t’il lorsque tu travailles pour d’autres artistes ? Ce n’est pas du tout la même approche ?
Ben : C’est un autre métier. Lorsque l’on écrit pour soi, on est face au doute, à de la joie, de la peine…Écrire pour quelqu’un d’autre, on est face à cette personne, il faut canaliser ce que cette personne désire. C’est un peu le rôle d’un peintre. Je suis discret, je ne fais pas un bruit. Qu’est ce que tu dégages ? Qu’est ce que tu racontes ? De quoi as tu envie ? De la joie, de la peine ? Après il faut se mettre au service de la personne et c’est totalement différent. Je pense à Olivia Ruiz. Quand je l’ai rencontré, elle était en fin de tournée du premier album. Elle sortait de la Star Academy et dans sa tête c’était l’enfer. Elle était un peu fatiguée et en même temps survoltée. Je me suis juste mis discrètement face à elle et à un moment vu que j’aimais la musique espagnole que se soit le flamenco ou le rock alternatif espagnol, il s’est passé quelque chose. C’était une vraie rencontre, on a fait une bonne chanson qui en plus a bien marché. C’est génial de se dire qu’en 2007 il y a des personnes qui font de belles rencontres et qui font qu’une belle chanson est un tube. A la base ce n’est pas une rencontre de maison de disque ou programmée. C’était le hasard et l’attirance qui ont fait que c’était une chanson sincère. La sincérité touche encore les gens de nos jours. Dieu soit loué…
Hervé : Tu as travaillé avec Mathias Malzieu pour cet album d’Olivia Ruiz ?
Ben: Non car je n’ai pas bossé sur les arrangements. Olivia m’a appelé et elle m’a fait écouter la chanson mais elle ne m’avait pas donné la bonne version. C’était la version qui n’était pas finie. J’ai écouté et je me suis dit que c’était pas mal. Une semaine après elle me dit (en imitant la voix d’Olivia Ruiz) Oh mince, je me suis trompée sur la version de la chanson…Elle m’a envoyé la version finale et je trouvais cette chanson très bien. Je ne pensais vraiment pas que cette chanson allait faire un tube. Mais connaissant la nana et l’envie qu’elle avait envie de se sortir de la Star Ac’. Moi je m’en foutais de la Star Academy. Je ne l’avais même pas vu étant donné que je ne regarde pas souvent la télévision. Elle n’arrêtait pas de me parler de la Star Ac et à un moment donné je lui ai dit Je ne connais pas. Je suis face à toi, on travaille ensemble. La chanson est arrivée par la suite.
Hervé : « S’cuse moi » est un titre plus rock sur ce nouvel album. Est-ce que tu reviens à tes origines qui sont à la base de tes goûts musicaux ?
Ben: C’est un clin d’œil c’est à dire que des chansons comme « S’cuse moi » peut être qu’à l’époque de mes 17 ans j’en écrivais une par jour et dans mes concerts il y en avait une vingtaine. Quand tu es en tournée et que tu vas de villes en villes, tu vois plusieurs personnes pendant trois mois et bien tu es déboussolé. Tu ne sais plus où tu habites puisque tu n’es plus chez toi. « S’cuse moi » c’est une chanson qui résume un peu cet état d’esprit. Lorsque tu arrêtes la tournée, tu souffles, tu es content mais au bout d’une semaine tu as envie de repartir. « S’cuse moi » c’est une chanson vraiment typiquement de fin de tournée. C’est ce que tu ressens à un moment lorsque tu es perdu.
Hervé : Sur scène tu es seul avec un cajon, une guitare et un sampler. Est ce que l’énergie d’un groupe te manque ?
Ben: Oui, c’est vrai que ça me manque cette énergie. Je prends beaucoup de plaisir à jouer seul sur scène car je suis libre et que j’adore être libre. Je suis un électron libre donc j’essaie de me sentir bien et c’est vrai qu’en étant seul sur scène. Eayant fait plus d’une centaine de dates, je découvre une liberté que je ne connaissais pas avant donc c’est une libération. En même temps, j’ai envie de retourner en groupe, ce qui est prévu pour 2008 et d’être le patron (Rires !) Je sais ce que je veux. Je veux que pour cette formule où l’on sera quatre sur scène, on ressente la même chose que lorsque je suis tout seul. C’est à dire cette liberté, ce côté électron libre, ce côté organique des choses. Je veux que l’on délivre une énergie qui soit plus forte que celle que je délivre en étant seul.
Hervé : Qui seront les musiciens pour cette tournée en groupe ? Les musiciens qui ont participé à la création de Ton image ? Il y a des musiciens de Vanessa Paradis sur ton album.
Ben: Oui, il y a le batteur de Vanessa Paradis qui est le batteur de -M-. Il a fait la batterie sur mon album. Mais pour la tournée je fais appel à la famille, des potes. C’est des gens qui acceptent une grosse pression et en même temps ils sont des êtres humains formidables. Ce n’est pas un groupe que je constitue, c’est une famille, de créer une secte entre guillemets…
Hervé : Une secte Ben Ricour…(Rires !)
Ben: Voilà c’est cela ! Ce n’est pas une secte Ben Ricour car Ben Ricour envoie des choses personnelles mais ce n’est que des sentiments. C’est être autour de la musique, être autour des chansons et faire de la musique pour le public. On va préparer cette tournée en étant pas sur scène mais en étant dans le public c’es à dire en se mettant à la place des personnes qui viendront nous voir sur scène.
Hervé : Je voulais aborder le sujet de la chanson «Mammifère» qui parle d’écologie. Tu te lances dans l’écologie ? (Rires !)
Ben : J’ai toujours été assez écolo. Attention, je ne suis pas le mec parfait dans l’écologie mais il y a vraiment quelque chose qui fait qu’aujourd’hui on entend dans toutes les émissions on parle de capital, d’économie…On en oublie le basique. On a fait un gros trou dans la couche d’ozone et que même si ce n’est pas passé inaperçu car tout le monde le sait mais tout le monde s’en fout. Il y a toujours des aérosols etc. On continue à faire grossir ce trou de la couche d’ozone, on est en plein réchauffement de la planète. Il y a des choses flippantes comme la disparition d’animaux. On ne peut pas faire grand chose mais ça fait peur. On doit être sensible à cette cause et ne pas être individualiste. Il ne faut pas oublier que l’on a les pieds sur terre et qu’elle est en train de partir en vrille.
Hervé : Je voulais aussi parler du titre « Aimez-vous la chanson ? » A son écoute on dirait que tu parles au public et en même temps que tu essaies de te rassurer.
Ben: Il y a un peu de cette idée mais ce n’est pas cela. L’idée d’«Aimez vous la chanson?» c’est un double discours. C’est un gars qui va aborder une fille et au lieu de lui dire vous avez une cigarette ? et bien il dit Aimez vous la chanson ? C’est une histoire de drague entre guillemets et avec ce double discours il y a le coté aimez vous la chanson c’est pour mettre les point sur qu’est ce qu’une chanson avant qu’elle ne passe dans l’industrie du disque. Qu’est ce qu’une chanson ? C’est de l’émotion, des sentiments, de l’échange et de la communication. «Aimez vous la chanson?» c’est ça, c’est peut être un type qui s’inquiète sur le sort de la musique. Ce n’est pas personnel, je voulais aborder un thème global d’actualité sous une forme de double discours avec de la poésie et de charme.
Hervé : Sur scène tu es tout seul. Tu donnes le rythme en tapant comme un batteur sur ta gratte. Comment est venu cette façon de jouer de la guitare ?
Ben: Je voulais être batteur et non chanteur. Quand j’étais mome on ne pouvait pas avoir de batterie parce qu’il y avait le voisinage et surtout le prix qui est excessif. J’étais frustré. Mon père avait une guitare espagnole et un jour mon frère a acheté une basse avec ses économies. Il a monté son premier groupe de punk. Lorsque je le voyais jouer j’étais foudroyé par l’électricité que pouvait dégager la musique. Tout de suite j’ai pris la guitare de mon père et j’ai appris avec lui à jouer de la gratte et je suis devenu guitariste. Avec mes économies, j’ai à mon tour acheté une guitare. The Cure a été très important pour moi. Je suis devenu chanteur parce que j’étais dans des groupes et que j’écrivais naturellement des chansons. Je ne suis pas un chanteur né. La guitare donne l’impulsion du chant puis après je tape sur ma gratte parce que je rêvais d’être batteur.
Hervé : Tu joues avec quel type de guitares ?
Ben: C’est une Takamine qui a faillit me lâcher ce soir (Rires !) Je l’ai depuis mes 16 ans. Je l’ai acheté avec mes économies lorsque j’étais aller faire un stage en angleterre. Après avoir passé deux mois à travailler à Birmingham. J’ai acheté cette guitare et elle m’a suivi dans les bars, le métro…C’est ma guitare et elle commence à rendre l’âme. Mais c’est ma gratte, peu importe la marque.
Hervé : Est ce qu’il y a des titres pour lequel tu as un faible à jouer en live ?
Ben: «Le vent des vies» que j’ai joué ce soir. Je ne peux pas jouer cette chanson pendant des premières parties car elle est lente, pesante…Dur une première partie je ne la joue pas car je n’ai pas beaucoup de temps. Je saute sur l’occasion en co-plateau ou en concert pour jouer «le vent des vies». C’est une chanson assez dure car elle parle d’un gars qui a frappé sa fiancé. Il se rend compte de son acte et il se met à parler du vent des vies. On alterne dans la vie des passages électriques, calmes, intenses et c’est ça le vent des vies. C’est une chanson qui me tient à cœur parce qu’il y a un petit coté philosophique entre guillemets et surtout c’est un sujet qui concerne pas mal de couples. Dans la durée, un couple devient une espèce de lutte où il y a des moments difficiles. Tout le monde connaît cela donc je trouve que c’est une chanson qui parle à tout le monde mais qui n’est pas forcément populaire ou entraînante. Il faut pouvoir rentrer dedans et se mettre dans cette ambiance un peu brumeuse et qui fait partie du quotidien.
Hervé : Sur scène tu fais des reprises comme ce soir où tu as joué du Bob Marley…
Ben: J’ai joué un petit peu de Bob Marley. Je joue un morceau depuis l’année dernière car c’était les 25 ans de sa mort. Je voulais faire un petit hommage car Monsieur Bob Marley ce n’est pas n’importe qui et il a été une voix très importante pour moi. Il y a « Porque te vas » car j’aime cette pop song très simple. Je ne devais plus la jouer mais je décide de la rejouer car il y a ce coté ensoleillé. Il y a une reprise que je n’ai pas joué ce soir, elle s’appelle « La nuit je mens » de Bashung. Elle parle de la nuit, d’une rencontre avec une fille. Ce monde de la nuit je l’aime beaucoup car je suis un homme de nuit. Et Bashung c’est un monument…
Hervé : Justement quels sont les groupes ou artistes qui font aujourd’hui l’identité musicale de Ben Ricour ?
Ben: J’ai eu énormément d’influences. Que se soit les Cure, les Beatles, les Stones, Led Zep, des truc de hip hop…Il y a beaucoup de choses mais je pense que tant qu’il y a de l’âme dans la musique et bien il y a quelque chose qui me touche, que ça vienne du reggae, de la musique africaine, funk, rock… Tant que je ressens la musique et bien ça me plait. Dire ce qui m’a influencé pour cet album ça a été un peu le retour aux groupes, aux choses un peu plus sombres. Mais je ne peux pas te dire quelque chose de précis car il y en a tellement d’influences que c’est difficile de faire un choix.
Hervé : Il y a un guitariste que j’apprécie vraiment qui joue sur ton album. Mathieu Chedid…
Ben: Je ne connais pas (Rires !)
Hervé : Comment est venue cette collaboration ? C’est un souhait de ta part ou est ce par la maison de disque ?
Ben: Ce n’est ni par la maison de disque, ni un souhait malgré que j’adore ce que fait Mathieu. En fait j’ai enregistré mon album au studio labo M qui est son studio et aussi à Olivier Lude. Mathieu c’est quelqu’un de très humble, intelligent et discret. Il ne voulait pas casser l’ambiance de travail qui se mettait entre Olivier Lude et moi. Un jour il est passé pour dire bonjour à ses amis et il est venu me voir pour savoir si tout se passait bien. Il m’avait laissé ses guitares qui ne sont pas n’importe lesquelles et on était sur le morceau du jour était «Cinq minutes». On avait posé les bases avec basse/batterie/guitare/voix et je voyais qu’il était chaud. Je lui ai dis de faire ce qu’il voulait sur le morceau et si ça me plaisait je gardais pour le morceau final. Il a fait un truc énorme…
Hervé : De toute façon on reconnaît bien la patte de Mathieu sur ce morceau.
Ben: Franchement c’est énorme. Puis c’est du –M- énervé, organique, psychédélique. Quand il a joué je sentais qu’il se passait quelque chose. Les notes tournaient dans le studio. Je précise j’avais ni fumé ni bu (Rires !) J’étais comme un gosse.
Hervé: Il y a une autre collaboration intéressante sur cet album. C’est Mickael Furnon de Mickey 3D, il a écrit «Sors de l’ombre». Comment est venu cette collaboration ?
Ben: Par Internet. En fait, on ne s’est pas encore rencontré. On s’est rencontré il y a 6 ans lors d’un concert de Placebo, The Cure, Aubert et Mickey 3D pour un plateau RTL2 à l’Olympia. J’avais rencontré Mickael à cette époque là. Mais pour la collaboration, on m’avait donné son adresse mail. Je lui ai envoyé du son. On a fait connaissance un peu virtuellement mais on ne s’est pas encore vu pour l’album. Cette rencontre se fera peut être dans un bar ou pour un Taratata…
Hervé: Dernière question Ben. Quels sont tes projets à venir pour l’année 2008 ?
Ben: La tournée avec le groupe en 2008. Je vais avoir beaucoup de préparations pour préparer cette configuration. Beaucoup de dates pour cette année 2008. Du travail à droite à gauche comme de la musique de film dont j’attends d’avoir des précisions. De l’écriture pour d’autres artistes…
Hervé: Justement je voulais te poser la question si tu avais des demandes pour écrire pour d’autres artistes ?
Ben: Oui, il y a beaucoup de demandes mais je veux sentir le feeling entre la personne et moi. Je voudrais écrire pour quelqu’un dont j’aime son univers musical. Il y aura certainement de l’écriture pour d’autres mais le plus important c’est la tournée en groupe qui va fracasser car se sera un vrai voyage. Après il peut se passer des choses du jour au lendemain car comme tu le sais ce travail est parsemé d’imprévus.
Merci à Ben Ricour pour avoir répondu à mes questions, sa grande disponibilité et sa gentillesse.