Alexandre Kinn était de passage début avril pour un concert dans la ville de Vertou située à quelques kilomètres de Nantes. Le rendez vous était programmé depuis plusieurs mois pour effectuer une interview de cet artiste folk plein de talent qui s’inspire de l’influence folk que lui apporte des musiciens comme Ben Harper ou encore John Butler Trio pour réaliser des compositions dans la même veine musicale. Adepte de la slide guitare, il n’hésite pas à jouer de cet instrument en live mais aussi sur les titres que composent son tout premier album Dans la tête d’un homme, disponible dans l’hexagone depuis mars 2008. C’est sur l’une de ses dernières dates que l’entretien avec Alexandre Kinn a pu être réalisé, occasion de parler de cet excellent premier opus qui respire le folk et la soul mais d’entrevoir aussi l’arrivée prochaine d’un successeur.
Hervé : Mars 2008, l’aventure musicale d’Alexandre Kinn débute officiellement avec la sortie de ton premier opus Dans la tête d'un homme. Quelles sont les critiques que tu as pu recevoir sur ce premier album ?
Alex Kinn : De façon générale, on a eu un bon accueil. On a eu la chance de faire un bon Taratata, une bonne émission des 5 dernières minutes sur France 2 et quelques émissions sur le TNT show. Le fait que je chante en français par rapport à une musique qui ressemblerait plus à des choses internationales genre John Butler Trio, groupe que j’adore…
Je porte un T shirt de la dernière tournée de John Butler Trio, Alex réagit…
Alex Kinn : J’ai vu que tu portais un T shirt de John Butler, il déchire ce T-shirt j’ai le même mais en noir. John Butler Trio se sépare de ses musiciens…
Hervé : Je savais qu’il ne voulait plus être avec ses deux acolytes, c’est bête car c’était vraiment bien en live.
Alex Kinn : Tu es déjà au courant (Rires !) Mais le fait de chanter en français, il y a des gens qui n’ont pas compris et m’ont catalogué dans le domaine de la chanson. Peut être que c’est de la chanson française, je n’en sais rien mais les critiques sur cet album ont en général été assez bonnes.
Hervé : Quel a été l’accueil du public face à cet opus ?
Alex Kinn : On vient de finir 90 dates, je ne sais plus exactement le nombre exact de concerts mais nous n’avons pas arrêté. Les concerts se passent souvent bien même si c’est épuisant de passer son temps sur la route parce que c’est quand même épuisant. Mais c’est une chance monumentale de pouvoir faire cela de son métier malgré tout le public te le rend bien, c’est quand même super. Il y a des soirs ou tu es mort physiquement mais les gens sont au taquet et ils veulent un bon concert donc tu es bien sur scène. C’est un échange de bon procédé énergétique.
Hervé : Avant la sortie de ton premier album, il y a eu un EP courant de l’année 2006. Est ce que tu penses que c’est une étape importante de sortir un EP pour se faire un nom et avoir un public derrière soi ?
Alex Kinn : Je crois que c’est bien de commencer humblement par un petit 6 titres. Il y a beaucoup de gens que je connais qui sont dans le milieu de la musique et qui ont commencé par cette étape notamment Patrice qui a commencé par un maxi, Anis a fait la même chose…
Hervé : Lorsque tu parles de Patrice, tu veux dire Patrice Bart Williams ?
Alex Kinn : Je ne connaissais pas son nom de famille mais son premier essai s’appelait Lions, un cinq titres magnifique.
Hervé : Je possède cet EP, je le considère presque comme le meilleur album de Patrice avec ce côté acoustique assez épuré.
Alex Kinn : Je suis complètement d’accord avec toi. Donc tu vois les 6 titres, je voulais commencer par cette étape. Ne serait ce que pour voir comment se passe l’enregistrement studio et pour préparer l’album qui allait suivre.
Hervé : Pourquoi as tu choisi de mettre en avant le titre dans la tête d’un homme comme nom de ce premier opus ?
Alex Kinn : C’est un des morceaux les moins connus du disque, c’est le dernier titre, c’est un des duo avec Pura Fé. Personnellement, c’est un de mes morceaux préférés et je me suis promis de mettre mon morceau préféré en titre d’album. Ça aurait pu être n’importe quel autre titre mais c’est celui là parce que la rencontre et le titre je pense que c’est une belle réussite de l’album. Chacun ses gouts mais je trouve mais c’est une chanson que j’aime jouer sur scène.
Hervé : Alexandre, je vois que nous avons des atomes crochus sur le plan musical. J’ai pu apprécier sur ton site officiel des liens musicaux spécialement choisis par toi…
Alex Kinn : Tout à fait !
Hervé : Rien que les noms de Jack Johnson, Ben Harper, Raul Midon, John Butler Trio, John Mayer, Jason Mraz que j’ai vu dernièrement en live… Lui par exemple, je le connais depuis pas mal d’années, avant même qu’il ne soit connu avec son album We Sing, We Dance, We Steal Things…
Alex Kinn : Bien sûr il y a deux albums avant celui-ci qui existent et qui sont magnifiques.
Hervé : Personnellement je l’ai connu avec le titre « The Remedy ». Tous ces artistes entrent dans mon bagage musical, je voulais savoir quels groupes ou artistes font aujourd’hui l’identité musicale d’Alexandre Kinn ?
Alex Kinn : Mes influences sont résumées dans ce que tu viens de citer. Mais il faut savoir que je viens du rock. J’ai été bercé par Led Zeppelin, The Doors, Jimmy Hendrix… Je suis adepte des années 70 en général. On peut passer de Cat Stevens aux Beatles, Simon and Garfunkel et compagnie… Mais j’ai trouvé que cette vague avec des artistes comme Jack Johnson, ils avaient des choses à dire. Il faisait des choses un peu différentes des autres. Il y avait un côté écolo, un peu nouveau, cool attitude mais un mec qui sait où il va musicalement. Il possède une autre forme d’engagement avec un engagement pacifique et j’ai trouvé cela intéressant comme mouvement même si en ce moment, ce n’est pas du tout arrivé en France. J’espère que ça arrivera en France car la protestation pacifique ce n’est pas rien.
Hervé : Que t’apportes ces artistes sur tes compositions ?
Alex Kinn : Ils m’apportent des idées, des vibrations… Ils m’apportent surtout des idées de groove très intéressantes et même par rapport au slide, la weissenborn. Je trouve cet instrument complètement délirant. J’ai eu la chance de faire un stage avec Bob Roseman qui est en gros le père du slide. Il a fait 45 albums et il tourne à travers le monde depuis 30 ans. C’est vraiment un instrument qui m’intéresse mais je n’en suis encore qu’au début de mon apprentissage. Je sais que j’ai encore beaucoup de travail sur cet instrument. Il y a aussi le trio, l’idée de jouer en trio…
Hervé : Comme notre cher ami John Butler ?
Alex Kinn : Un peu à la John Butler mais il n’y a pas que lui. Il y a aussi G Love and The Special Sauce. Mais c’est toute cette équipe de trio, des gars qui débarquent avec une contrebasse, une batterie et une guitare. Il n’y en a pas beaucoup donc c’est bien mais crois moi que c’est très dur à mettre en place dans le sens où dès qu’il y en a un qui est fatigué…
Hervé : On ressent alors une faiblesse en live.
Alex Kinn : Beaucoup plus que dans un groupe normal. Mais j’aime bien ce défi. Avant je faisais parti d’un groupe et dès qu’il y en avait un qui était un peu naze ça ne se ressentait pas beaucoup plus que cela. Tu peux sentir une petite faiblesse mais en trio c’est fatal. En général, les trio que j’ai rencontré il existe trois individualités très fortes. Je pense que c’est ce que l’on a réussi à faire. J’ai la chance de jouer avec d’excellents musiciens, j’en apprends tous les jours avec eux.
Hervé : On a parlé de Ben Harper tout à l’heure est ce qu’il fait partie des artistes qui t’ont amené vers cette technique de jeu qui est le lap steel ?
Alex Kinn : Ben Harper a un peu été un père pour nous tous et même pour John Butler. Je suis vraiment fan de ces deux premiers albums, je les ai écouté en boucle. J’ai eu la chance de travailler avec Bob Coke, le réalisateur de ses deux premiers albums et il m’a raconté des millions de choses. Pour la suite, il a fait son délire, il s’est fait plaisir et il y a des morceaux excellents. Mais je pense qu’il aurait pu aller plus loin. Je ne suis personne pour dire cela mais il tenait quelque chose de magnifique qu’il aurait pu garder sur d’autres opus. Il a voulu faire autre chose et il a raison car c’est son chemin.
Hervé : Ben Harper sort prochainement un nouvel album avec un nouveau groupe les Resentless7.
Alex Kinn : Il continue le trajet dont on parlait c’est à dire qu’il papillonne, il va à droite à gauche, il essaie différentes choses et c’est excellent. Les deux premiers albums sont des bombes atomiques. Fight For Your Mind et Welcome To The Cruel World c’est des bombes musicales.
Hervé : Petite question d’ordre technique, tu joues avec quelles grattes sur scène ?
Alex Kinn : Etant donné que l’on fait pas mal de concerts et que je commence à gagner normalement ma vie, je me suis acheté une vieille Gibson J45 de 1961 que normalement je ne devrais pas amener sur scène mais depuis que je l’ai, je ne peux pas jouer sur autres choses. C’est une énorme guitare acoustique. J’ai une autre Gibson J200, jumbo qui est bien mais c’est une guitare de 1961 qui vient du Tennessee et qui a eu plusieurs mains. C’est presqu’une guitare de collection. J’essaie de faire attention mais vu que la tournée était assez longue, il faut que j’aille voir un luthier pour la bichonner.
Hervé : Au niveau de la réalisation de l’album, j’ai remarqué et lu que tu voulais garder le même état d’esprit sur l’album comme en live ?
Alex Kinn : Tout à fait. J’ai volontairement mis aucuns arrangements dans le disque. Je ne suis pas arrivé avec des tonnes de violons, claviers, saxophones…J’ai voulu obtenir un album épuré avec basse/batterie/guitare. En live on gonfle l’album c’est à dire qu’il y a 35% du lice qui n’est pas sur le disque. On a fait des créations spécialement pour le live et qui sont uniquement musicales. Un peu comme John Butler mais à notre sauce. J’adore lorsque je vais voir un concert d’un artiste que j’apprécie qu’il te transporte ailleurs et tu te demandes où il t’emmène ? Par contre les artistes qui te refont l’album note par note, je m’ennuie à mourir même si l’album est bien. Je suis fan de Jack Johnson mais en live ce n’est pas terrible car il rejoue exactement son album studio. J’aime bien la liberté que l’on peut avoir en live. Après on peut ressentir l’inverse, tu peux faire des choses dingues avec des ponts harmoniques sur ton disque alors qu’en live tu ne les fais pas. Chacun fait ce qu’il veut sur scène.
Hervé : Alex, peux tu nous présenter tes musiciens ?
Alex Kinn : Bien sûr. Il y a François Fuchs à la contrebasse qui vient du milieu du jazz, voir du milieu du free jazz. Il est dans le jazz depuis une vingtaine d’années, c’est le plus vieux d’entre nous et c’est notre monsieur intello car il connaît tout. Il possède une énorme culture musicale autant dans le classique que dans le jazz. Il y a aussi Lawrence à la batterie qui vient du hip-hop, de la funk… Il est plus comme moi car il aime bien rigoler. Je suis un peu des deux et je me retrouve entre ces deux personnes. C’est deux individualités complètement différentes et pourtant on s’accorde très bien musicalement et humainement.
Hervé : J’ai été très surpris que tu t’es rendu dans ma chère Bretagne pour effectuer l’enregistrement de l’album Dans la tête d’un homme.
Alex Kinn : Je suis allé à Montauban de Bretagne.
Hervé : Figure toi que je suis originaire d’une petite commune proche de Montauban et je ne savais pas qu’il s’y trouvait un studio. Peux-tu nous parler de cette session d’enregistrement ?
Alex Kinn : Tout d’abord la Bretagne c’est ma vie. J’ai fais plus de 80 concerts dans les bars en Bretagne avant de signer un contrat. On y a fait des tournées avec mon manageur, ma guitare et moi. On partait faire des bars à Rennes, Morlaix…
Hervé : Je suis rennais.
Alex Kinn : Ah tu es rennais ! C’est mortel Rennes. J’ai plusieurs potes qui sont bretons. J’aime la façon de penser qu’il existe là bas. Je ne dis pas cela car tu es breton, tu serais parisien je t’aurais dis exactement la même chose. Pour l’album, j’avais envie de me retirer dans un endroit calme.
Hervé : C’est sur que Montauban de Bretagne pour être calme, c’est calme (Rires !)
Alex Kinn : C’était une expérience vraiment intéressante. Il y a un super studio là bas, le studio du faune. Le propriétaire du studio est un ancien ingénieur de chez Thomson et il fabrique lui même ses prés ampli. Pièce par pièce, il les fait venir du Japon… Le premier jour, il est arrivé avec une boite à chaussure remplie de fils et de jack. Excité comme un gamin de huit ans qui a découvert son vélo il me dit de brancher ma guitare. Je branche ma gratte dans une sorte d’immonde jack, il branche un autre fil dans un ampli… Le son qui en est sorti était une folie. Tous les pré ampli du studio sont fabriqués par lui.
Hervé : Sur cet album, il y avait Bob Coke, réalisateur de certains albums de Ben Harper, derrière les manettes de la réalisation…
Alex Kinn : Tout à fait et même des albums de Noir Désir et Moriarty qui avait enregistré l’album juste avant nous.
Hervé : Comment s’est faite cette collaboration qui pourrait être qualifiée d’exceptionnelle ?
Alex Kinn : Et bien écoute c’est le hasard. Puis j’avais peur de tomber sur un franchouillard qui allait me parler de variété. Je voulais travailler avec un américain et vu que je ne suis pas extrêmement bon en anglais, je n’avais pas envie de me prendre la tête toute la journée à essayer de comprendre ce qu’il me disait donc j’ai choisi de travailler avec un américain qui parlait français (Rires !) Oui je sais, je suis un peu fainéant (Rires !) J’ai appris beaucoup de choses. Ce réalisateur a travaillé avec Pearl jam, John Mayer, tous les gars que l’on adore Hervé !
Hervé : John Mayer c’est vraiment bien !
Alex Kinn : C’est vrai et il faut savoir qu’il a vendu plus de 20 millions d’albums aux Etats Unis.
Hervé : Mais il n’est pas du tout connu en France. Pour ma part ça fait plus de six ans que je le connais musicalement parlant…
Alex Kinn : Dave Matthews Band n’est pas connu en France. J’ai tous les albums, les live… Je suis bientôt plus fan de Dave Matthews Band que de Ben Harper. Il y a Xavier Rudd aussi, c’est un australien qui joue de la weissenborn et des didgeridoo… Fat Fredy’s Drop c’est pareil. Il y a plein de groupes excellents. Il faut que tu écoutes cela tu vas adorer.
Hervé : Pendant cette session studio, il y a Pura Fé qui est venu poser sa voix terriblement envoutante sur « Adieu Lolita ». Même question, comment est venu cette collaboration musicale ?
Alex Kinn : Un pur hasard. J’ai écouté son album à la maison et ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré par la musique. J’ai regardé la pochette de l’album, c’est mon manageur qui me l’avait prêté. Il savait que ce disque allait me plaire. J’ai adoré sa voix et j’ai décidé de lui envoyer un mail via myspace comme n’importe qui pourrait le faire avec son groupe. Je n’ai pas trop eu de réponses comme un peu tout le monde (Rires !) Et puis on s’est croisé à un concert de Kelly Jo Phelps qui est un bluesman slide guitare. Je lui ai humblement donné mon six titres avec les peu de mots anglais que je connais. Elle ne m’a pas prise de haut et elle l’a écouté dans l’avion pour le retour à Seattle. Elle m’a appelé le lendemain au téléphone et m’a dit qu’elle était d’accord pour une collaboration.
Hervé : Pura Fé est venue à Montauban ?? (Rires !)
Alex Kinn : Pura Fé est venue à Montauban (Rires !) On a plus passé de temps à parler de la situation des indiens, de sa vie, ma vie… On a appris à se connaître mais on a quand même enregistré deux titres « Adieu lolita » et « Dans la tête d’un homme ». Le plus fascinant c’est que l’on a fait qu’une seule prise pour chaque titre. C’est facile avec des personnes comme celle là. Elle est venue faire la première partie à Paris du Café de la danse en mars dernier.
Hervé : Tous les textes ou presque de l’album Dans la tête d’un homme sont en français. Au vue de tes influences, on aurait pu penser que tu aurais préféré la langue de Shakespeare ?
Alex Kinn : J’ai un problème avec la facilité en général. Ce n’est pas facile de poser des textes français sur ce style de musique. Ça n’a pas plu à tout le monde car il y a plein de gens qui n’ont pas capté où je voulais me rendre. D’ailleurs on aurait fait quelque chose en anglais, l’album aurait surement mieux marché. Cette musique colle plus avec l’anglais. Il est intéressant de prendre des risques. On va continuer à écrire en français car on a une langue qui est très riche. On a la possibilité dans notre langue et contrairement à l’anglais d’avoir énormément de synonymes et d’adjectifs. Autant profiter de cette richesse et ce n’est pas pour rien que l’on a eu des Brel, des Ferré, des Brassens… Nous ne sommes pas obligés de tenir compte des modes. Je suis en train de voir pour éditer un recueil de poèmes. Je suis en train de voir cela car j’aime bien écrire et lire.
Hervé : Même si l’on a abordé le sujet tout à l’heure avec le titre « Dans la tête d’un homme ». Est ce qu’il y a des titres de ton répertoire pour lequel tu as un faible à jouer en live ?
Alex Kinn : Les morceaux que j’aime bien jouer en live sont « Aude » même si je me la coltine depuis un moment mais c’est un bonheur de la jouer. Il y a un titre de l’album qui s’appelle « Fragile » mais que l’on ne joue plus en live pour des histoires techniques que je regrette. J’aime bien « Glisse » car elle envoie un peu plus en live avec la slide guitare. J’ai la chance d’avoir un ami qui s’appelle Alexandre Boisson qui est luthier à Orsay. Sa vie, c’est le bois et on s’est cassé la tête pendant plusieurs mois pour essayer de faire le modèle Alexandre Kinn en weissenborn. Il m’a créé une espèce d’ovni avec lequel je joue depuis le début de la tournée et c’est un réel bonheur de jouer avec cela. Il faut travailler avec les luthiers car ils peuvent nous apporter beaucoup de choses. Pour l’anecdote sur cette guitare, il m’a appelé quand deux acheteurs potentiels avaient commandés le modèle Alexandre Kinn 002 et 003 (Rires !) Par contre les acheteurs sont jeunes et ils n’ont pas trop d’argent. Je lui ai dit de leur faire un prix car ce n’est pas donné.
Hervé : Je voulais savoir si tu faisais des reprises sur scène pour agrémenter ton set ? Je te pose cette question car il paraît que tu aimes faire des reprises décalées sur scène.
Alex Kinn : Ecoute c’est une bonne question mais étant donné que tu n’as jamais vu le show, je ne préfère pas te dire ce que c’est comme reprises. Ainsi tu vas te faire ta propre idée… Bon je te dis juste le nome de l’artiste, on fait une reprise d’Hendrix sur scène. J’aime bien modifier les titres. J’ai fait une reprise des Spin Doctors qui s’appelle « Two Princes » que j’aimais bien à une époque. Je voulais reprendre « Toxic » mais Yael (Naim) m’a piqué l’idée alors j’ai joué sur son disque. Pour faire une reprise, il faut tordre la chanson car nous se pouvons pas être meilleurs que la version originale. On doit se l’approprier.
Hervé : Ta façon de faire des reprises me fait penser au duo folk Cocoon composé de Mark Daumail et Morgane Imbeaud qui a reprit la chanson « Hey Ya » du groupe de rap Outkast dans une version épurée.
Alex Kinn : C’est exactement ça ! Ils ont tordu la chanson et l’ont récupéré et ça fonctionne.
Hervé : Cette version est totalement différente de l’originale.
Alex Kinn : Bien sur ! Justement faire des reprises dans ce style décalé permet à des personnes qui ne sont pas dans le délire de rentrer dans l’univers du groupe original par exemple Outkast. Il y a pleins de gens qui sont venu me voir pour me demander qui sont les Spin Doctors ?
Hervé : C’est connu pourtant…
Alex Kinn : Ce n’est pas si connu que cela !
Hervé : C’est vieux aussi…
Alex Kinn : C’est vieux en même temps mais tu sais Hervé je ne suis plus tout jeune (Rires !)
Hervé : Je suis plus jeune que toi mais je l’ai cet album des Spin Doctors dans ma discographie personnelle.
Alex Kinn : Le premier album est pas mal après le groupe part dans des délires.
Hervé : Je ne sais pas si ce sujet est d’actualité mais je vais aborder le projet du deuxième opus. As-tu plongé ta tête dans le deuxième album ?
Alex Kinn : Ecoute Hervé tes questions sont extrêmement pertinentes depuis tout à l’heure et dieu sait si l’on a fait des interviews. Je tiens à te féliciter car tu vas directement au but. Je travaille sur le deuxième album. Je reviens tout juste d’Afrique. Je suis partit tout seul dans une case bien roots. J’étais le seul blanc, c’était dans le nord du Sénégal dans un village qui s’appelle Bonoba. J’ai écrit pas mal de chansons mais je vais en jeter pas mal aussi. Je pense que j’ai ramené des choses que je vais mettre sur ce deuxième opus. C’est une nouvelle aventure.
Hervé : Quelles vont être les lignes directrices de ce disque ?
Alex Kinn : Pour le moment je ne sais pas du tout. Je ne forme que des squelettes de chansons, des guitare/voix à droite, à gauche… Je pense que j’aurais plus de visibilités dans un mois. Je repars dans le sud de la France pour continuer à écrire…
Hervé : A la maison…
Alex Kinn : Retour à la maison chez mes parents pour écrire car j’ai la chance de vivre à Paris (Rires !). Je quitterais un jour Paris car je suis un provincial.
Hervé : Sur ce projet de nouvel album, pourra-t-il y avoir des featurings possibles ?
Alex Kinn : C’est en vue et c’est quasiment fait mais je ne préfère pas en parler pour le moment …
Hervé : Allez Alex, une petite info pour vacarm.net !
Alex Kinn : Je vois l’artiste dans quelques jours. On va bosser sur le projet, il repart aux Etats Unis mais il reviendra en France…
Hervé : C’est un américain ?
Alex Kinn : Oui c’est un américain et il y aura une seconde collaboration avec un artiste néo-zélandais, le chanteur de Fat Fredy’s Drop (Joe Dukie). C’est l’une des plus belles voix à l’heure actuelle. Il a fait un album qui s’appelle Based on a True Story qui est un album où il mélange l’électro, le reggae, la soul. Mais il a une voix hallucinante.
Hervé : Pour finir, quels sont tes projets pour l’année 2009 ?
Alex Kinn : Me reposer car je pense qu’il faut savoir souffler de temps en temps.
Je remercie Alexandre Kinn pour sa disponibilité et sa grande gentillesse tout comme Fabien Strulovici, son manager, pour m’avoir permis d’effectuer cette belle rencontre musicale.