Une heure de retard, c’est un pur pied d’attendre surtout lorsque l’on ne connaît pas très bien la première partie. On espère toujours dans ces cas là qu’elle va chauffer la salle, justifier l’attente et installer une ambiance plaisante pour la tête d’affiche ; l’espoir fait vivre ?
Daughters a tout pour faire de super morceaux en live, c’est une sorte de mélange entre The Fall Of Troy pour les guitares aiguisées et de The Locust pour la dose massive de noise qui émane de cette musique. Il lui manque une seule chose : un bon chanteur… Le chanteur, le voici en la personne d’Alexis Marshall, ce gars semble complètement perdu, à chaque fin de morceau un gros blanc se fait sentir, une atmosphère étrange s’installe alors. Pas un bruit en attendant le prochain morceau, le mec parle tout seul, n’adresse pas la parole au public, boit sa bière, la lèche même lorsqu’elle tombe au sol… Bourré ? Camé ? Cramé même ? C’est pas reluisant en tout cas. Toute la section rythmique s’en sort avec les honneurs et les guitares ont des choses à dire et le disent de fort belle manière. Néanmoins, notre ami Alexis fout tout en l’air avec un chant loin d’être juste et en dehors du rythme. Il donne l’impression de ne pas être vraiment convaincu par ce qu’il fait et il a bien raison. Arrêtons là ce plaidoyer contre ce pauvre frontman mais espérons que la prochaine venue de Daughters en France se fera dans une tout autre ambiance, car ici on frise l’agacement.{multithumb thumb_width=375 thumb_height=500}
Les voilà nos trois natifs de l’État de Washington ! On sent tout de suite la différence avec Daughters, Thomas Erak est un frêle chanteur/guitariste particulièrement souriant et à l’écoute du public. Sa virtuosité à la six cordes est sidérante, sa simplicité aussi. On peut cependant regretter le fait qu’il attire à lui seul toute l’attention, il y a quand-même deux autres musiciens dans ce groupe dont un batteur vêtu seulement d’un caleçon (!), on a un peu tendance à l’oublier… Malgré la complexité des morceaux liés notamment aux changements rythmiques fréquents et brutaux, le groupe s’en sort encore mieux qu’en studio. La musique de The Fall Of Troy prend tout son sens en live, le trio nous sort la panoplie parfaite du groupe talentueux alliant légèreté et densité, violence et douceur, rapidité et calme. Les titres défilent à toute allure, allant de leur tout nouveau Manipulator à Doppelgänger en passant par l’éponyme The Fall Of Troy avec, entre autres, « Semi-Fiction », « Cut Down All The Trees and Name The Streets After Them » ou encore « Whacko Jacko Steals the Elephant Man's Bones ». Dès le deuxième morceau la fosse s’emballe, les pogos s’enchainent jusqu’à la fin de la prestation du trio. En fin de set, le groupe entame une reprise de Deftones, et non des moindres puisqu’il s’agit du monument « Change (In the House of Flies) » superbement interprété. Le public est aux anges et il a bien raison…{multithumb thumb_width=376 thumb_height=500}
Alors que le chanteur de Daughters lèche la bière qu’il a fait tomber sur scène, celui de The Fall Of Troy brille par son aisance et sa candeur. Comprenez par là que si vous vouliez voir de la bonne musique, il fallait arriver à 21h30, pas avant…
Photos : Flora