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La Phaze + M.O.K.O – L’aérogare (Metz) – 2 décembre 2021

Un concert à quelques centaines de mètres de chez soi, le rêve non ? D’autant plus quand il s’agit de La Phaze, de retour sur scène après 3 ans de disette et plus d’une décennie sans venir faire coucou à la capitale lorraine. Happy (chris)Metz pourrait-on dire pour singer une affiche qui ne manque pas de faire couler beaucoup d’encre. L’affiche du soir à L’Aérogare a également de quoi laisser de mémorables souvenirs pour les présents ! En route pour une bonne leçon de rock’n’roll.

Direction l’Aérogare donc, lieu culturel messin implanté face à une piscine et encadré de terrains de foot. De prime abord, pas le lieu idoine pour venir guincher au son des décibels. Et pourtant !

En première partie, on retrouve le duo nancéien composé de Roxane à la batterie et Alx aux machines. Voilà M.O.K.O, entre tambours de bronze (côté Vietnam) et tatouages maori (côté Polynésie), pour les inspirations ayant au présidé au choix du nom. Sept années d’expérience déjà pour le combo et une énergie communicative sur scène. Les deux musiciens, se faisant face, se regardent énormément et échangent des sourires qui en disent long sur leur bonheur d’être là.

On comprend facilement le choix d’associer ce groupe à La Phaze, tant les influences sont riches et malgré une formation réduite pour la petite scène de l’Aérogare, on voyage en quelques secondes entre électro, rock, punk et dub. Le choix de privilégier une batterie bien présente plutôt qu’une boîte à rythmes amène une approche appréciable, similaire à bon nombre d’autres groupes français officiant dans les mêmes sphères musicales. Le public ne s’y trompe pas et répond présent, ça dodeline de la tête et ça esquisse quelques pas de danse. Côté machines, M.O.K.O oscille entre samples, reprises d’éléments sonores, voix enregistrées et création en direct, à la voix ou en son avec un objet qui ressemble fortement à un thérémine réactualisé.


Peu avant 22h, c’est Speaker Louis, le nouvel homme fort aux machines du combo La Phaze qui balance l’intro. On y reconnaît plusieurs morceaux du groupe mixés, petit retour en préambule sur plus de deux décennies de carrière. La soirée basculera ensuite dans un enchaînement de phénomènes rarement vu, exception faite du triangle des Bermudes, créant un puissant souvenir pour tous les présents. Côté son, le trio débute avec R.A.S, tiré de Pungle Roads, premier album de la formation, qui fêtera ses 20 ans l’an prochain.

La machine à fumée crache à plein poumon, on peine bientôt à se voir. Sur scène, bien qu’entouré d’enceintes, des retours et des amplis, Arnaud à la guitare va et viens autant que possible, un impressionnant sourire sur le visage. Comme les punglistes nous le confiaient en interview, nulle question de faire semblant chez La Phaze et monter sur scène est véritablement un plaisir immense à chaque soirée, que ce soit devant 5 amis comme devant 50 000 personnes chauffées à blanc. A peine le premier morceau avalé que Damny, le chanteur, entame Devil Game, de Miracle, sorti en 2008. Nous aurons ensuite droit à Rude Boy, Johnny Jamma et Inside my Brain, histoire de bien balayer les années de carrière du groupe, avant d’entamer les hostilités avec les morceaux du dernier album, Visible(s), sorti en 2020 et qui attendait patiemment d’être (enfin) défendu en live.

Arrive alors Comme David Buckel, chansons revendicatrice au long court, source d’espoir et de révolte. Côté public, on danse de plus en plus, mais comme le soulignera Damny « on vous voit plu ». Arrive alors le premier obstacle de la soirée, tandis que le régisseur du combo tentait (déjà) comme il pouvait de retenir les enceintes menaçant de s’effondrer face à l’énergie de La Phaze. La machine a fumée s’étant emballée, c’est donc assez logiquement l’alarme incendie qui a alors pris le relai, ajoutant un sample pour le moins incongru aux morceaux suivants. Car, le groupe, totalement imperturbable, continue d’assurer le set, tandis que le plan de feu lâche l’affaire (sûrement par sécurité) et que les musiciens officient alors dans le noir. Quelques spots sur le plateau continuent de donner le change, mais, tandis qu’on ouvre les issues de secours pour faire rentrer de l’air frais, on retrouve régisseur et manager de La Phaze armés de leur téléphone pour éclairer les irréductibles. Sourire au teint de glace, Miracle et Avoir 20 ans déroulent, comme si de rien n’était. La foule n’en a cure et continue d’encourager les Angevins (enfin… les Angevins issus désormais de trois pays différents ! C’est ça le multiculturalisme).

« Une énergie à tout péter comme Usain Bolt vers la victoire ». C’est exactement ce qu’est en train de démontrer La Phaze, balançant les watts comme face à un stade rempli et transformant alors cette soirée en un moment épique. On retrouve, par instant, quelques jets de lumière, la sirène continue d’accompagner le live et Speaker Louis se lance dans un interlude aux machines, lui qui accompagnait alors le duo guitare/clavier/voix à la basse et aux chœurs sur plusieurs morceaux. Un enchaînement de classiques pour les musiciens qui ont su au fil des galettes garder un son pluriel et métissé, tout en conservant les codes de production de leur temps. Ultime moment tragico-comique lorsque les trois hommes quittent la scène pour l’habituel instant annonçant les rappels. Les lumières se rallument, ambiance sortie de boîte à 7h du mat’, l’œil torve, le teint blafard. Mais voilà, la scène est trop petite pour s’éclipser et jouer le jeu de l’attente interminable. Rapidement, Damny revient sur scène et explique la situation.

Après tout, aux oubliettes les conventions, tout le monde est ici pour profiter de l’instant présent et vivre cette communion scénique et auditive. Tandis que certains hurlent et quémandent un petit « David Buckel », « déjà joué » comme le rappelle Damny, on embarque sur le plus beau morceau (en toute subjectivité) de La Phaze : La Langue. Un petit bijou d’écriture, une ligne de guitare simplement efficace et transcendante, bref, après un torrent de décibels et de rock, une petite pause agréable et pourtant tellement juste. Après un détour par Ride, c’est sur Fin de Cycle que va piocher le groupe pour le dernier morceau, clin d’oeil linguistique à la fin du concert approchant. En route donc pour Assaut Final. Enième communion dans la salle et tour de piste pour les danseurs, tout le monde est ravi et prolonge la soirée avec les musiciens au stand de merch’, dans la pièce attenante. A l’ancienne, en somme, comme si de rien n’était. Car, s’il est bien une des leçons si bien distillée ce soir, c’est que la musique continue de rassembler et de rallier les foules. Et La Phaze l’a bien compris, prenant autant de plaisir sur scène qu’au moment de s’alimenter des retours du public venu les voir. Ces derniers, bravant parfois les kilomètres et les journées interminables pour s’offrir ce petit moment de bonheur, hors du temps, repartent avec à la clé une soirée mémorable.

Longue vie à la musique, à La Phaze, à M.O.K.O et tous les groupes continuant d’avaler du bitume malgré les contraintes, à la rencontre des « invisibles » férus de tous ces sons qui enivrent le cœur.

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