{multithumb}En ce début d’année 2008, les programmations des festivals tombent au fur et à mesure que l’été approche. Pour se mettre en condition pour les festivals qui arrivent à grand pas, revenons une journée aux Terre Neuvas de Bobital. Flashback sur le premier jour du festival breton.
Le festival des Terre Neuvas a démarré en ce premier week end de juillet et a de ce fait lancé le premier chassé-croisé des festivités de l’été breton. En cette année 2007, la petite bourgade de Bobital a fêté les dix ans d’existence des Terres Neuvas. A chaque édition, la fréquentation du festival est de plus en plus importante. Pour souffler les bougies de cet anniversaire, le public est venu en masse avec plus de 140 000 festivaliers sur les trois jours, le record d’affluence a donc été largement battu. Une belle réussite pour ce festival qui n’est malheureusement pas assez connu en France et qui a désormais toutes les cartes en main pour défier les grands festivals français comme le faux frère des Vieilles Charrues ou encore les Eurockéennes de Belfort. Il se voit même pousser des ailes en espérant devenir une référence européenne tant le succès pour cette édition fut remarquable.
16h30. Les portes du festival des Terre Neuvas ouvrent pour cette première journée. Stupéfaction totale. A mon grand bonheur je ne pensais pas qu’un festival pouvait être le lieu où les records du monde d’athlétisme pouvaient être pulvérisés. En effet, des adolescentes dopées aux hormones se ruent vers la grande scène (Terres Neuvas) de Bobital et s’agrippent aux barrières, prêtent même à se scotcher les unes aux autres pour ne pas laisser leurs places si chères à leurs yeux. Mais quel groupe peut créer un tel engouement ? Telle est la question…
17h. Scène Grand Banc. La première à se lancer est la belle Sandi Thom celle qui s’est fait connaître sur le net avec son titre « I wish I was a punk-rocker » fait désormais des prestations scéniques attachantes. La folkeuse à douze cordes diffuse ces pop songs par de belles ballades entêtantes et se permet de faire quelques reprises lors de son set. D’une belle manière, Sandi Thom a permis aux festivaliers aptes à écouter de la musique de déguster une pop claire et lumineuse. En disant apte à écouter de la musique, je dis cela car n’oublions pas que nous sommes en festival et même si la programmation est attirante, on vient surtout pour faire la fête entre amis et pour certains la fête se cantonne tout juste au camping ne pouvant se déplacer jusqu’au site tant leurs degrés d’ébriété peut là aussi battre des records ! Mais un conseil ne vous lancez pas dans cette compétition…
18h10 Après les belles ballades folks de Sandi Thom, il est temps de monter le son des amplis et de bouger un peu plus nos corps devant la grande scène. Mathieu Blanc Francard alias Sinclair, première tête d’affiche de ces trois jours se charge volontiers de faire résonner les premières notes de sa gratte pour notre plus grand bonheur et s’avance sur le devant de la grande scène. «Honni soit» est choisit en ouverture de set et met ainsi à l’honneur le très bon Morphologique, cinquième album et tournant dans la discographie personnelle de Sinclair avec un son plus rock. Morphologique à l’honneur, pas vraiment en fait car étant en festival, la setlist ne comporte pas que des titres du dernier album pour combler les festivaliers ne connaissant pas les nouvelles chansons. « Votre image / Heureux quand même / Monnaie / ça m’fait plus mal / Perdu dans la nuit » font suite, mais c’est lorsque les standards débarquent que la foule se manifeste sur «Si c’est bon comme ça» directement enchaîné par «Ensemble». L’effet est réussi. « A chaque seconde » titre phare du dernier opus met une sonorité plus rock au concert, le public aime et le montre surtout lorsque après le rappel. «Mon idole» et « Comme je suis » boucle le très bon set du Monsieur funk français. Il a su montrer son talent de show man même si le public n’était pas vraiment réceptif. Enfin seulement les premiers rangs qui squattaient le devant de la grande scène depuis l’ouverture du site. Si l’on s’attardait sur le style vestimentaire des personnes présentes aux premiers rangs, on pouvait voir pas mal de vêtements noirs, style faux gothique, cheveux longs de femmes, désolé… plutôt d’adolescentes. Sinclair à juste le temps de poser sa guitare que l’on entend la foule située devant la grande scène crier «Tokio Hotel, Tokio Hotel… ». Elles n’attendaient que ce groupe depuis le début mais il faudra patienter car les allemands ne sont programmés qu’à 20h30.
19h15. Mon attente ayant des limites, je préfère me rendre directement à la scène voisine pour écouter le blues/reggae du Gadjo décalé. Anis fait une très bonne impression par ses textes et le Reggablues de son premier album La chance, en interprétant des titres métissés sur fond de swing comme «Avec le vent / Cergy / Oisif». Celui qui s’est fait connaître dans le métro parisien propose désormais sa musique devant des milliers de festivaliers. Ce n’est pas de la chance mais du talent.
Je savoure pendant quinze minutes les chansons d’Anis et même si l’envie ne me manquait pas de rester devant la scène Grand Banc, je file direction scène Cotes d’Armor située à l’opposé des deux grandes. Cette scène est spécialement mise en place pour la découverte de jeunes talents.
19h30 Avec leurs grosses lunettes noires, les teenagers rock de BB Brunes sont en train de faire craquer les blondes. Les coqueluches de la scène parisienne au même rang que les Naast et j’en passe usent les cordes vocales de ces gentes demoiselles mais la palme d’or sera pour le groupe qui se produira dans quelques minutes. Les jeunes rockeurs se déchaînent sur leurs grattes avec les morceaux de leur premier album Blonde Comme Moi, «Le gang» débarque et la fosse de la scène Cote d’Armor chante à tue tête les paroles de la chanson tout comme sur «Perdus cette nuit» et Dis moi». Les trois parisiens dégagent une bonne énergie sur scène et le public est très réceptif même si l’on peut dire que c’est du déjà vu ou plutôt entendu.
20h30. Je me rends tranquillement devant la grande scène pour prendre des photos tandis que la foule commence à s’exciter. Je regarde autour de moi et remarque que tous les gars de la sécurité portent tous des protections aux oreilles ainsi que les photographes professionnels. Pourquoi ? Enfin ils vont arriver se disent toutes les fans des jeunes allemands. Leur entrée m’a laissé des séquelles… Aux oreilles. Imaginez des milliers d’adolescentes déchaînant leur plaisir de voir leurs idoles de Tokio Hotel, donc à plein poumon elles ont crié jusqu’à n’en plus pouvoir pour certaines, surtout lorsque Bill le leader du groupe fait son apparition. Pour les titres je ne suis pas du tout calé Tokio Hotel mais les jeunes allemands puisent dans leurs deux opus Schrei et Zimmer 483 en jouant des titres qui me rappellent le collège et l’option allemand : «Schrei / Durch den monsum / Ich bin nich’ich / Ubers Ende Der Welt »
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On connaît le double effet Axe et bien il y a celui de Tokio Hotel. Le poste de secours a battu le record d’affluence durant le concert où plusieurs dizaines de jeunes filles ont du se faire assister par le personnel médical. Diagnostique ? Crises de spasmophilie, crises de nerfs, tremblements, pleurs… C’est beau l’amour de la musique ! Pour dire même un agent de la sécurité à du être assisté pendant le show car il a connu une crise d’épilepsie, heureusement sans gravité.
21h45. Bobital est en Bretagne et étant breton quel plaisir de voir le Gwen Ha Du, le drapeau breton se lever et flotter dans les airs. Vouant une attirance toute particulière pour Lorient, c’est des lorientais qui prennent place après le set de Tokio Hotel. Soldat Louis avec leur rock festif breton aux hymnes à la mer et à la Bretagne fait bouger les festivaliers en lançant leurs titres «Du rhum des femmes / C’est un pays» puis «Soldat Louis» qui avec son début en biniou réveille toutes les âmes bretonnes même les plus alcoolisées.
22h12. Autre groupe breton à se produire ce vendredi soir, Mr Roux accompagné de ses acolytes Jauni Bernardo (Guitariste) et Brandon Michel (Contrebassiste). Les Rennais sont presque à domicile et déballent leurs textes face à un public qui connaît la plupart des paroles de l’album Ah si j’étais grand et beau. Mais c’est surtout sur le titre «Petit Rasta» que les festivaliers prennent de la voix. «Ah si j’étais / Petite Pouf / Le bouffon de la cité / Les papiers sacrés» sont des morceaux qui ont mis une bonne ambiance festive devant la scène Cote d’Armor.
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23h. Direction la grande scène pour assister au concert de Pascal Obispo. Une mise en scène bien loin des concerts piano/voix que l’on pouvait connaître il y a quelques années de la part d’Obispo, qui se prend désormais pour une star du rock par son attitude et sa prestation. Le public est ravit d’admirer et d’entendre les chansons qui font la popularité du chanteur «Mourir demain / 1980» . En fin de concert, il lui prend l’idée de faire des medleys en reprenant des titres comme «Tainted Love» de Depeche Mode, « Highway To Hell » d’AC/DC…
00h30 Un peu de reggae avec les Américains de Groundation qui donne un effet relaxant à l’ambiance générale du festival. Harrison Staffords aux manettes de la formation californienne dégage une énergie roots et touche les amoureux de ce style musical. Ils on tellement aimé que de la fumée… Euh… De la chaleur s’envole au-dessus du public. Leur dernier album Upon the Bridge se défend très bien en live, effet relaxant assuré.
2h. Le dernier concert de la soirée est assuré par Matmatah. La dure tâche du groupe est de mettre de l’ambiance à cette heure tardive où les cadavres alcoolisés ne se comptent plus sur les doigts d’une main depuis des heures. Dans le cœur des bretons lorsque l’on évoque Matmatah, on pense à l’album La Ouache avec les classiques «Lambé An Dro et l’Apologie» mais depuis leurs débuts le groupe à évolué et s’est tourné vers un rock moins festif mais tout aussi attachant. Lorsque les premières notes d’ «Au conditionnel» sortent des amplis, la fosse prend de la voix et suit Stan dans ses vocalises. De même sur «Emma» où là l’ambiance monte d’un cran. Le set se termine laissant planer une amertume particulière sur le show de Matmatah. Leur prestation est bien loin de celles de leurs débuts.
La première journée des Terres Neuvas se termine et pour ceux qui ne sont pas encore couché, il est l’heure de retrouver les tentes afin d'être d’attaque pour la suite des festivités.
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