Ce soir la Roche Sur Yon en Vendée a le droit de recevoir un champ de bataille audiovisuel d'envergure. Ez3kiel est aujourd'hui un quatuor décidé, par une tournée française débutée le 7 février, à nous faire entendre le son de Battlefield, dernière oeuvre en date du groupe. Sortie le 21 janvier 2008, à peine un an après l 'excellent Naphtaline, l'album semble être calibré pour le live. Après l'avoir dévoré maintes fois depuis le jour de sa sortie, il est temps de vérifier ses hypothèses.
Pour chauffer la petite salle du Fuzz'Yon, Filastine se charge de la tâche. Comme Ez3kiel son album Burn It est signé chez Jarring Effects. L'artiste se produit seul sur scène et offre un set aux sonorités jungle/hip-hop entraînantes. Les premiers rangs commencent à danser progressivement et sur scène le Dj s'active entre son ordinateur portable et divers objets lui permettant d'affirmer ses talents de percussionniste par dessus les boucles sonores qu'il balance. Derrière lui, sur un grand écran est projetées des images de tout genre, évoquant tout le fonctionnement de notre monde parfois déboussolant. Entre portraits d'importants présidents, billets de banques et forages de pétrole, Fistaline joue avec les messages, sans non plus nous imposer son opinion. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Le changement de plateau est ultra rapide, une table à démonter, le matériel de Fistaline à ranger, l'équipe technique contrôle l'ajustage des balances et on peut se lancer. Le bassiste d'Ez3kiel, Yann Nguema, en charge de tous les visuels du groupe apparaît pour lancer une introduction à la fois sonore et visuelle, projetée sur le grand écran. Je n'aperçois aucune setlist scotchée sur la scène, le groupe semble faire tout de tête, la mienne ne pourra pas tout retenir. Dès le départ, la formation entame avec « Adamantium », premier titre de Battlefield. Les décibels agissent sans retenue, l'electro dub étiquetée sur le front du quatuor tend vers un mouvement rock/indu dévastateur, dans le public il faut quelques secondes pour que tout le monde rentre dans cet univers hypnotique.
Le concert est concentré sur le nouvel album, la quasi-totalité du disque est jouée, entrecoupé par d'anciens morceaux, comme le « Lac Des Signes » de l'album Naphtaline. {multithumb thumb_width=250 thumb_height=166}
De la part d'Ez3kiel, il faut toujours s'attendre à un spectacle autant sonore que visuel. Depuis Naphtaline le groupe peut jouer avec les vidéos lancées sur l'écran, une véritable interactivité entre la musique et l'image. Ainsi des ballerines volent comme des flocons dans un ciel étoilé, on retrouve aussi l'opéra, visuel de Battlefield, visité par une caméra flottant à 360°. Sous la neige, dans les flammes, inondé, chaque tableau du décor est un bijou graphique embellissant les compositions phoniques du quatuor.
En milieu de performance, un double solo de batterie est offert à nos oreilles. Les deux batteries sont reliées au logiciel, sur l'écran au fond de la scène, chaque peau percutée se voit représentée par un bras de ferraille articulée allant taper un cylindre. Les deux batteurs réalisent alors une sorte de ping pong aux percussions, jouant à la fois sur le rendu visuel en simultané. {multithumb thumb_width=250 thumb_height=166}
En guise de rappel, le groupe renverse l'assemblée avec deux bombes, « Versus » et l'incroyable « Wagma ». Ce dernier est un titre époustouflant sur scène avec sa montée crescendo, un frisson incroyable tout le long de l'échine dorsale qui vient vous exploser toutes vos émotions en une trans' psychique incontrôlable.
Ez3kiel signe ici son retour sur scène avec une énergie impressionnante. Le groupe propose une performance des plus originale avec un couple audiovisuel très réussi. Y assister reste une expérience unique à ne pas esquiver. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}