Evanescence. Un groupe qui nous rajeunit de 20 ans. C’était l’époque où nous le découvrions grâce à son tube planétaire « Bring Me To Life ». Un titre reconnaissable à ses douces notes de piano qui le débutent, et qui deviendra très vite la bande annonce d’un film de super-héros. Un air qu’on entendait en boucle à la radio. Deux décennies plus tard, Le quintette américain, emmené par la chanteuse Amy Lee, propose une tournée mondiale intitulée 2023 Tour. En nous faisant l’honneur de passer par Lille, Capitale des Flandres, pour sa seule date française.
Nous sommes le mercredi 07 Juin 2023. Le soleil est au rendez-vous, et les températures sont quasiment estivales. Des nuages à l’horizon présagent toutefois un changement de météo à venir. En cette fin d’après-midi, beaucoup de personnes attendent déjà l’ouverture des portes devant le Zénith de Lille. Ce qui surprend, c’est leur caractère discipliné. Hormis une masse en désordre présente devant chaque entrée des zones de palpations, une file indienne part vers le boulevard jouxtant la salle de spectacle telle la trainée d’une étoile filante. Sans qu’aucun des nouveaux arrivants n’ose passer devant. Au contraire, les gens se renseignent sur le lieu du bout de la queue avant de le rejoindre machinalement.
Les portes s’ouvrent. Certains courent. Ils veulent se trouver au plus proche de la scène, dans la fosse. D’autres prennent le temps de se restaurer devant les différents points de vente présents dans l’établissement. Allant même chercher un souvenir au Merch. La foule d’une moyenne d’âge qui ne doit pas excéder 35 ans se croise. Des tenues vestimentaires classiques. D’autres plutôt rock, ou encore gothiques. Beaucoup de jeunes femmes ont voulu porter le look d’Amy Lee pour l’occasion, ce qui donne l’impression de la voir partout. Plus tard, on croisera des personnes aux cheveux mouillés, leurs vêtements aussi. Il s’est finalement mis à pleuvoir sans que les gens s’y soient parés.
A 19h30 précises, Tigress ouvre le spectacle grâce à sa première partie. Ce groupe de rock britannique, formé en 2015, met l’ambiance et ne tarde pas en entraîner la foule avec lui. Accompagnée de percussions prononcées et de riffs de guitares bien léchés, la chanteuse Katy Jackson donne de la voix. Particulièrement douée pour attirer la lumière, elle possède l’art et la manière pour dicter au public ses chorégraphies. A chacune de ses demandes, c’est une multitude de bras en l’air qui s’agite de gauche à droite, ou qui effectue des claquements de mains. Côté tribunes assises, on regrettera toutefois l’arrivée de retardataires, venant gâcher le spectacle en tentant de trouver leur place dans le noir, et en passant devant ceux qui sont déjà à la leur, et à l’heure.
Un peu moins d’heure plus tard, les voilà enfin ! L’arrière-scène se rétroéclaire d’une lumière violette. En plein milieu, l’emblème mythique d’Evanescence brille et scintille intensément, tout en projetant au loin une lumière puissante de la même couleur, et qui balaye la fosse et les gradins au passage. Les halos s’animent au son de la musique d’« Artifact/The Turn » et la voix qui caractérise Amy Lee se fait entendre sous les applaudissements et les cris de joie des fans. Pendant ce temps, des centaines de téléphones portables sont braqués sur la scène et filment l’ouverture sans en louper une miette. Puis, les cinq artistes entrent sur scène en faisant redoubler la liesse du public. De manière enchaînée, le groupe entame « Broken Pieces Shine » sous une foule en délire.
Une arche de projecteurs encadre parfaitement la scène, simple et sans avancée. Surélevé, au milieu et à l’arrière, Will Hunt se régale et nous régale avec sa batterie. Les lumières obéissent au moindre coup de ses baguettes. Sous et de part et d’autre de son estrade, une ligne de plusieurs rangées de projecteurs rotatifs complète l’encadrement. Les lumières sont tellement puissantes qu’une paire de lunettes de soleil n’aurait pas été de trop. A sa gauche, la bassiste Emma Anzai et le guitariste Tim McCord (qui était auparavant bassiste) se partagent le périmètre. A droite, on retrouve Troy McLawhorn, l’autre guitariste. Quant à Amy Lee, elle prend possession de tout l’espace au gré des chansons, comme une artiste qui maîtrise le sujet.
La température d’un public déjà chaud monte encore plus au fil des chansons. Et c’est une véritable explosion de joie qui se fait entendre dès les premiers riffs de « Going Under », cet autre tube de 2003. L’un des titres les plus connu du groupe américain est accueilli comme il se doit. Et Will Hunt impressionne. Il a, en effet, cette faculté extraordinaire à faire tournoyer une baguette dans sa main droite pendant qu’il continue de taper de la gauche. Il aura répété cet exercice durant toute la durée du concert. Et pendant que Tim McCord et Troy McLawhorn s’acharnent sur leur guitare, Emma Anzai joue la deuxième voix tout en grattant sa basse. Ce remaniement de musiciens en son sein l’an passé n’aura pas fait perdre de sa superbe au groupe Evanescence !
« Lithium » et « Far From Heaven » se succèdent dans le calme qu’on leur connait, en offrant un moment de répit idéal pour récupérer et faire baisser le rythme cardiaque. Au-devant du milieu de la scène, Amy Lee caresse nos oreilles dans le somptueux mariage de sa très jolie voix avec les divines notes de son piano. Le niveau de lumière est également baissé, ce qui fait découvrir toujours autant de téléphones qui filment en ajoutant une touche visuelle sympathique à ce délicieux décor. Soudain, « Better Without You » déchire l’accalmie et réveille instantanément les fans qui reprennent les paroles de ce tube de 2021, en se déhanchant dans la fosse. Il aura été impossible de perdre en attention durant près de 90 minutes. Et ce n’est pas le titre « Use My Voice » qui aura prétendu le contraire lorsque, à l’unisson, tout le Zénith reprend les « Oh ! Oh, oh-oh… » tandis que le micro de la chanteuse est braqué vers son public.
En fin de concert, Amy Lee ne manque pas de prendre la parole en anglais pour remercier ses fans de leur fidélité durant les 20 dernières années. Elle dit que rien n’aurait été possible sans eux. Assise derrière son piano, elle se met à jouer les premières notes de « My Immortal » sous les acclamations. Seule la barre de lumières de chaque côté de la batterie éclaire la scène et balaye le public. Après le premier refrain, la chanteuse demande que chacun allume la lumière de son téléphone. Un véritable moment riche en émotions vient enjoliver la chanson tandis qu’une danse de points lumineux prend forme dans l’assistance, telle la parade d’une multitude de lucioles. La sublimation arrive lorsqu’Amy Lee commence ses phrases en invitant les fans à les terminer. Magnifique…
Il n’existe pas de bon concert sans final en apothéose. Le groupe de métal l’a bien compris. C’est sûrement pour cette raison qu’il a gardé le meilleur pour la fin. Car ce fameux titre tant attendu, et qui rendrait impossible ce concert sans lui, arrive enfin : « Bring Me To Life » ! Les paroles sont connues par cœur. Tout le monde chante. Les fans donnent même la réplique à Amy Lee pour ce qui est des paroles qui étaient à l’époque interprétées par Paul McCoy. Les musiciens s’éclatent sur leur instrument. Lors du break, la chanteuse invite tout le monde à taper dans ses mains. Mieux, elle influence les gradins à se lever. Plus personne n’est assis, c’est incroyable ! Alors que les éclairages revêtent un habit de lumière aux couleurs bleu-blanc-rouge, les musiciens apportent une touche endiablée pour conclure cinq minutes de pur bonheur. Avant de partir, les plus chanceux auront pu emporter avec eux des médiators, des baguettes, ou encore des peaux de batterie, lancés par leurs idoles.
Setlist
- Artifact/The Turn
- Broken Pieces Shine
- Made Of Stone
- Take Cover
- Going Under
- Lose Control / Part Of Me / Never Go Back
- Call Me When You’re Sober
- Lithium
- Far From Heaven
- Better Without You
- Imaginary
- Wasted On You
- End Of The Dream
- Haunted / My Last Breath / Cloud Nine / Everybody’s Fool / Whisper
- Use My Voice
- Blind Belief
- Your Star
- My Immortal
- Bring Me To Life
