{multithumb}Le lancement d’une tournée d’AqME est devenu depuis la sortie de Polaroïds & Pornographie synonyme de salles combles. Le week-end de pâques, responsable d’un véritable exode, ainsi qu’une communication inexistante de la part des organisateurs bordelais auront cependant grandement influés sur le taux de remplissage de la Rock School Barbey ce vendredi 21 mars. Mais qu’importe, les parisiens, pour l’occasion épaulés par Peach (f.t.l.), ne se seront pas dégonflés pour autant, livrant une prestation à la hauteur de leur réputation scénique.
C’est donc devant un parterre hautement clairsemé que les Peach font leur entrée. Bien que la reconnaissance n’ait jamais véritablement toquée à la porte du quatuor, et ce malgré un Supernova efficace et récemment publié, les musiciens n’en sont pas à leurs premières gammes et comptent bien le faire entendre. Les éléments se liguaient pourtant malheureusement contre eux, à commencer par un son plus qu’approximatif rendant difficilement perceptible le chant du leader Luis, ainsi qu’un public quasi-amorphe qui n’encouragera que bien timidement les musiciens entre deux morceaux. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, Luis s’efforçant de motiver les troupes à appeler AqME ou disposant deux-trois conneries de ci et là. La première partie est définitivement un art difficile, et les Peach s’en sortent néanmoins plutôt bien, livrant dans leur set une bonne dose d’énergie communicative.
Néo sur les contours sans pour autant tomber dans les titres jumpy de bas étage, la formation balance une bonne série de compositions flirtant avec des ambiances typées Deftones, emballant sa musique d’un chant qui se veut bien plus mélancolique que rageur. Une dimension qui demeurera difficilement appréciable, tant les voix claires pourtant pleinement maîtrisées sur album pâtissent de la sonorisation de la prestation. En quarante-cinq courtes minutes, les musiciens mettent sans surprise leur nouvel opus à l’honneur, aidés par des morceaux calibrés pour la scène, à l’image de « On Meurt Ensemble » ou du hit « Supernova » et son refrain ultra-catchy. Si l’auditoir se montre bien timide (tout juste dénombrera-t-on une tentative quasi-avortée de slam), Luis mène le show sans faiblir, et son discours promo discrètement placé en fin de set ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, preuve en est des colonnes de spectateurs se pressant au merchandising en fin de soirée afin de rencontrer le groupe.
La salle s’est petit à petit complétée au cours du set des montpelliérains, et c’est enfin une Rock School dignement remplie (bien que l’on demeure loin de l’affluence d’ordinaire inhérente à AqME) que Ben, Thomas, Charlotte et Etienne investissent les planches dans la pénombre. L’introduction langoureuse du dernier-né Hérésie résonne depuis quelques secondes, et l’excitation est enfin palpable au sein des premiers rangs. UNe avant-scène qui décollera quasiment d’un seul homme lorsque le quatuor lance les hostilités, expulsant d'entrée de jeu un « Lourd Sacrifice » qui prend résolument toute son ampleur une fois passé le cap du live. Malgré les années et les quelques kilos en plus, AqME n’a définitivement pas beaucoup changé en ce qui concerne la scène. Même disposition et volonté inaltérée de présenter leurs compositions de la facon la plus simple qui soit : par l’énergie. Les artifices et la décoration des lieux seront eux laissés au placard, délaissés au profit d’un recentrage de l’attention sur le show, bien rock’n’roll et transpirant.
AqME livre une nouvelle fois tout ce qu’ils peut face au public Bordelais, recentrant pour se faire sa set-list sur ses morceaux les plus directs et efficaces, inscrivant la prestation dans l’esprit et les envies exprimés sur un Hérésie ne faisant preuve d’aucun temps mort. La formation enquille les brûlots explosifs, disposant entre les classiques « Pornographie » ou « Le Rouge et le Noir », titre emblématique repris en chœur, une belle ribambelle de nouveaux morceaux. Hargneux sur disque, des morceaux de la trempe de « Casser / Détruire » ou « Un Goût Amer », déjà testé sur la tournée précédente, viennent dynamiter le set. Plus aventureux et ambiancés, les extraits de La Fin des Temps se font plus rares (seuls « Le Poids des Mots » et « Pas Assez Loin » échapperont à cette éviction en règle), AqME ayant fait le choix judicieux de ne jamais laisser retomber la tension. Pari réussi, mais pourtant assez peu efficace sur un public très jeune qui passés les titres d’ouverture retombe dans une relative nonchalance.
Les gradins feront même preuve d’un véritable manque de motivation, tant Thomas peine à les faire rentrer dans le jeu. « Vous êtes à un spectacle vivant, bougez vous ! ». N’obtenant ni applaudissement ni main levée, le frontman tentera à plusieurs reprises de lancer la participation et fair-play, demandera aux premiers rangs laissant échapper les premiers sifflements de respecter ceux qui préfèrent admirer le spectacle bien confortablement installés. La fin du show dantesque, les doublés « Si n’existe pas » / « La Réponse » et « Superstar » / « 312 » aidant, n’y changera malheureusement rien, mais aideront néanmoins à relancer la foule amassée aux pieds des musiciens. Tout le monde semble avoir révisé son DVD live et Thomas n’aura que très peu d’efforts à apporter pour lancer le désormais traditionnel « un, deux, trois… superstar » de rigueur.
Si un petit manque de puissance restera à dénoter au niveau du son, AqME a mené sa barque avec le même entrain ainsi qu’un professionnalisme et une motivation inaltérés. Qu’ils se trouvent accompagnés ou pas d’un public conséquent n’y changera définitivement rien, et le respect de ceux qui avaient fait l’effort du déplacement ce 21 mars ne pouvait qu’être salué. AqME reste et restera une valeur sûre, quel que soit le poids des années.{multithumb thumb_width=110 thumb_height=73}
Merci à Flo ainsi qu'à Seb pour les photos.