Phoenix est un de ces groupes versaillais agaçants, ceux du mouvement qu'on nommait la french touch, avec un succès sans conteste à l'étranger mais pas toujours reconnu immédiatement sur place. Pourquoi le groupe Phoenix est-il agaçant ? Parce que toujours impeccable. Toujours propre sur lui. Même lorsqu'il passe à la télévision américaine, au Saturday Night Live, il a le droit à une ovation (on murmure même que certains étaient convaincus qu'il s'agissait d'un playback tellement c'était réussi). Pire encore car conscient de son sublime ; un peu comme le corbeau de la fable, qui n'aurait plus la peine d'écouter un renard le flatter car il se prendrait par avance pour le « phénix des hôtes » de la scène musicale. Ainsi, quand Phoenix doit sortir un nouvel album, il s'autorise un clin d'œil à celui qu'on prendrait volontiers pour l'oiseau le plus resplendissant de la musique classique. On obtient Wolfgang Amadeus Phoenix.
Cela n'empêche que le groupe « vit aux dépens de celui qui l'écoute », pour reprendre toujours les vers de la fable. Et qu'en-est-il de cet album ? Vaut-il bien un fromage pour la leçon qu'il est censé apporter ? Le premier titre, «Litzomania » (disponible en téléchargement sur le site du groupe) est d'une fulgurance incroyable. Tube évident, qui rentre dans la tête à la première oreille un temps soit peu attentive. Cela annonce bien la couleur. L'eau arrive à la bouche. L'autre single a été placé dans la foulée : « 1901 », où Phoenix dévoile vraiment ses ambitions. La production devient de plus en plus léchée, suivant les compositions à la lettre. L'acmé arrive dès la quatrième piste, « Love Like A Sunset ». Pendant sept minutes, les sonorités typiques du groupe se mélangent jusqu'à un montage de bric et de broc, qui tient comme par enchantement et intégralement en instrumental quasiment, la voix de Thomas Mars n'arrivant que pour le final.
Malheureusement, cela vient peut être trop tôt. Phoenix a déjà tout montré de ce qu'il avait à dire sur l'album. Le reste de l'album glisse vers une impression de déjà vu sur les deux morceaux suivants (« Lasso », « Rome »). L'ennui se pointe un peu. Sans que les compositions soient mauvaises pour autant, mais elles n'arrivent pas au bon moment. Seul « Countdown », grâce à ses changements de rythme, et « Armistice » pour le final, ravivent un peu l'intérêt de Wolfgang Amadeus Phoenix
Au final, si l'album est réussi, c'est en tant qu'album de « virtuose » de la musique actuelle. Il réunit les défauts de ses qualités : si rien ne peut être reproché sur le fond, cela ne touche pas pleinement un simple auditeur. Il manque parfois à Phoenix cette étincelle de lucidité qui aurait permis de mettre tous les morceaux en valeur au même titre que « Liztomania ». Toutefois, la leçon n'est pas finie pour autant. Il reste la scène, où, mêlées aux anciennes mélodies, les nouvelles pourraient révéler leur véritable saveur. Autant dire qu'il ne faudra pas manquer le ramage que compte nous montrer le groupe un peu partout en France.
.: Tracklist :.
01. Lisztomania
02. 1901
03. Fences
04. Love Like a Sunset Pt.1
05. Love Like a Sunset Pt.2
06. Lasso
07. Rome
08. Countdown
09. Girlfriend
10. Armistice