Il y a des groupes que l’on n'attend pas, dont on entend souvent parler et dont on finit par connaître le nom mais pas la musique. Alors on cherche à comprendre et l’on écoute ce que le bouche-à-oreille apprécie tant. Et c’est là que l’on comprend toute l’ampleur du phénomène que l’on ignorait. Moneen est peut-être un bon exemple de ce genre de situation. The Red Tree est une romance d’une émotion pure et fragile. Les titres à rallonge, les mélodies et les envolées vocales sont là pour nous rappeler l’ancrage emo du quatuor. Mais l’on parle ici de la crème de la crème de cette scène, pas du simili copié/collé que la tendance actuelle venue d’outre-Atlantique nous envoie.
Le groupe de Toronto crée un monde suspendu dans le temps et construit des montées en puissance où il décharge une énergie folle mais positive (« Don’t Ever Tell Locke What He Can’t Do », « The Politics In Living And The Shame In Dying »). Il y a cette intensité dans la voix du chanteur, une émotion quasi céleste, qui donne envie de fermer les yeux et de se laisser emporter par le rythme tantôt effréné ou tantôt doux (« The Song I Swore To Never Sing »). C’est de l’emo au sens premier du terme, c'est-à-dire juste une musique qui donne à ressentir et sans cris (sauf en de rares occasions sur certains titres).
Le chanteur sait monter dans les aigues, les instruments sont puissants mais légers, ce qui donne à l’ensemble une incroyable impression de fluidité (les titres s’enchaînent sans rupture) et l’on se laisse tenter par quelques rêveries. Les guitares aiment la saturation et les riffs soignés, les chœurs s’en donnent à coeur joie (« Seasons Fade…Fevers Rage…It’s A Slow Decay »). Sur « The Is All Bigger Than Me », le son surpuissant nous soulève de terre puis s’arrête et laisse place à la voix posée du chanteur. Le créneau de Moneen, c’est finalement ce que l’on pourrait appeler « la musique ascensionnelle » tant les mélodies enivrent l’auditeur et l’emmènent au septième ciel.
On pourrait rapprocher Moneen des excellents groupes que sont Saosin et Circa Survive qui, sans utiliser les mêmes recettes, possèdent ce petit plus (certains diront grand) les démarquant du reste de la scène dite emo.
Au final, on ne se lasse pas de réécouter cette bouffée d’air pur qu’est The Red Tree. Sans s’éloigner du style déjà connu des canadiens, l’album est excellent dans son genre. La musique de Moneen est un exemple d’humilité et une source d’inspiration intarissable pour tous ceux qui la comprendront. Enfin de vrais artistes…
.: Tracklist :.
01. Don’t Ever Tell Locke What He Can’t Do
02. If Tragedy's Appealing, Then Disaster's An Addiction Bleed and Blister (Version 3)
03. The Day No One Needed To Know
04. The Is All Bigger Than Me
05. The Fightening Reality Of Knowing That We Will All Have To Grow Up And Settle Down One Day
06. The Politics In Living And The Shame In Dying
07. The East Has Stolen What The West May Want
08. Seasons Fade…Fevers Rage… It's A Slow Decay
09. There Are A Million Reasons For Why This May Not Work…And Just One Good One For Why It Will
10. The Song I Swore To Never Sing
11. [Hidden Track]