Absents pendant trois années, Les Blaireaux débutent cette nouvelle décennie avec deux sorties quasi-simultanées. Précédé par un album chaleureusement enregistré entre les murs du Splendid de Lille, Bouquet d’Orties aura bénéficié de ce fait d’un excellent warm-up, le sextet ayant profité de cette compilation live pour encarter un premier extrait de ce quatrième album. Ce qui n’empêche en rien la formation Lilloise d’emballer quinze compositions dans une pochette surprise classieuse. Sans renouveler en profondeur les contours de sa musique, Les Blaireaux composent un ensemble à la fraicheur intacte.
Pour les éternels habitués du troquet, rien ne change. Les Blaireaux sont désormais bien installés sur la scène Française, et peaufinent leurs chansons à textes avec la même aisance d’écriture depuis quelques albums. Pétillantes, les paroles instaurent d’emblée un souffle continu de bonne humeur au sein de la musique du sextet. « Des révélations à couper le souffle sur leur expérience de la clandestinité, leur amour du football, de la randonnée et même la fonte de la banquise ». Le programme est clair. Evitant soigneusement fioritures intellectuelles ou profondeur contestataire pompeuse, Les Blaireaux évoluent à l’exact inverse de la chanson Française bobo-isée. Se positionnant en voix du peuple, cet orchestre pittoresque de travailleurs et autres ouvriers ch’ti chante en cœur par pur amour de la musique populaire, qu’importe le sujet. Bouquet d’Orties se profile de ce fait en recueil de la vie de tous les jours, un livre musical bardé de lignes de textes rigolardes (l’escapade nature « Piqûres d’Orties », la déclaration d’amour aux pantoufles « Les Charentaises »), l’humour et le second degré étant levé en maître étalon par le sextet. Ce qui n’empêche pas ces derniers d’être composés avec une réelle maestria, aussi loufoques soient-ils. Rimes soignées et chants rebondissants éloignent définitivement Les Blaireaux d’un registre paillard vulgaire et anecdotique.
Car si la musique s’avère légère dans le ton, cette dernière témoigne parallèlement d’une incontestable richesse. Tortionnaire de tout sentiment de morosité, le travail du sextet virevolte sans baisse de régime, ingérant dans sa formule magique une foultitude d’éléments hétéroclites. Bigarrées, les compositions constituant ce Bouquet d’Orties alternent avec une certaine magie les tempos et les ambiances. Le canevas typiquement « chanson » reste certes de rigueur, mais la formation ne se limite pas aux guitares acoustiques. Le groupe greffe de ci et là divers cuivres, sifflements, xylophones ou interventions vocales décalées, et tricote par cette foultitude d'éléments un ensemble en forme de brocante musicale rétro (« La marié n’est jamais trop belle », « Cabine »). Bringuebalante, constituée de bric et de broc, la musique des Blaireaux cultive un charme d’antan et invite à un véritable voyage à travers ses tableaux musicaux poussiéreux échappés des années 30 (« Allez Papa »). Un agréable retour vers le passé qui mue même vers des sphères sensitives lorsque le groupe ose la ballade jazzy à fleur de peau (« Lena la Berlinoise », « Blues de Vache »). Passionnant.
Si Bouquet d’Orties reste inscrit dans la lignée de ces prédécesseurs, ce nouvel effort des Blaireaux conserve les fantastiques propriétés de guronsan auditif propres au sextet. Un parfait retour aux affaires pour les mustélidés de Lille. « Ils disent tout », mais ils le disent bien.
.: Tracklist :.
01. Hello Folks !
02. Piqûres d'orties
03. J'suis pas tout seul
04. Pas de lettres pour le facteur
05. Un petit ballon
06. Deux petits ballons
07. Lena la Berlinoise
08. Cabine 18
09. Le Don de Soi
10. La jolie trahison de Tarek Wachmoul
11. Les Charentaises
12. Allez papa !
13. Blues de vache
14. La Mariée n'est jamais trop belle
15. Good bye badgers…