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Justin(e) – Treillières Über Alles

Toujours plus loin, toujours plus fort, toujours plus laid. Telle est la trajectoire de Justin(e) dans le domaine de la pochette. Accident Numéro 7 avait fait un carton d’horreur, avec une stylisation très 70’s et jaunie. La cuvée 2011 vaut son pesant de cacahouètes. Des cacahouètes pétries de matière fécale, comme au temps où elles étaient en libre-service au comptoir des bars, soit un bond de dix ans  : on est en plein âge d’or des vignettes panini et du football à moustache.

Il ne faudrait pas prendre Treillières Über Alles pour ce qu’il n’est pas : un album concept en hommage à Rémy Tarrier. La métaphore footballistique est laissée au vestiaire et ne reviendra qu’en filigrane pendant « Tosquelles 1912-1994 ». Ce qui n’est pas très grave. Car la langue justinienne est peut-être ici à son comble. Les textes sont encore plus aiguisés qu’auparavant. Ils se sont débarrassés de la béquille, parfois trop visible, du prénom.

En conséquence de quoi, le propos diffère légèrement par rapport à Du Pareil Au Même et Accident Numéro 7. Rien de très flagrant. La politique était par exemple déjà là. Elle prend avec Treillières Über Alles un versant plus nettement social. « Les Restes » comme « La Chanson Du Lait » sont de beaux moments de poésie revendicative. L’utilisation d’un « tu » (ou « nous) englobant au-delà de l’auditeur est particulièrement efficace.

Plus simplement, le groupe se re-met en jeu. Il est au cœur de la réflexion. Les morceaux « personnels » sont omniprésents, ce qui, sur un album qui s’appelle « Treillières Über Alles », fait sens en fait. Ce treillièrocentrisme entraîne un lot de clins d’œil plus ou moins compréhensibles. Mais ce n’est jamais de trop. Le propos n’est jamais (mis à part l’introduction) concentré sur la simple référence à la vie d’un membre du groupe. Le plus éloquent en cela est « BB77 ». La chanson reste parlante pour quiconque s’est demandé, un jour, ce que ça change de grandir ici ou ailleurs et s’il y a des lieux mieux que d’autres. Finalement, si Justin(e) parle plus d’elle-même, elle conserve son même esprit ironique et juste sur le monde. Dès lors, cela fait mouche. Le verbe aceré le sera toujours.

Dans le son, chez Justin(e), c’est toujours aussi direct, avec une guitare et une basse mélodiques et de beaux chœurs puissants. On reste dans les bases de leur mélange d’un punk-rock aux sonorités américaines, mais avec un rappel aux belles heures de Zabriskie Point ou PKRK. A ne pas oublier, le chant d’Alex continue d’être prodigieux. Plus maîtrisé, il se permet même de varier les phases scandées et les autres. Ce qu’il y a surtout à retenir de Treillières Über Alles, ce sont les quelques essais de variantes, transformés facilement. Notamment le disco-punk, qui colle à l’esthétique 80’s, de « BB77 » ; ainsi que «Une Ode A La Mort », petit bijou détonnant du reste de la discographie du groupe.

Est-ce le meilleur album de Justin(e) ? Peut-être pas. Peu importe. Accident n°7 fracassait de la première à la dernière minute, avec une intro et une outro qui vissait sur la chaise. Treillières Über Alles est capable d’une belle résistance comparative. On ne parlera peut-être pas d’un moment de grâce. Mais il y a de grands moments, parmi lesquels « La Chanson Du Lait », « Les Restes », « Nous Qui Désirons Sans Fin » ou encore « Rome »… Justin(e) n’est pas encore décadente. Bien au contraire, elle se maintient sans problème.

.: Tracklist :.
01. Treillières Über Alles
02. Nous qui désirons sans fin
03. Rome
04. Porcelaine
05. BB77
06. Les Âmes Vulgaires
07. Les Restes
08. Les Mômes Tristes
09. Kronstadt
10. La Chute
11. Quelque chose entre
12. Tosquelles 1912-1994
13. La chanson du lait
14. Ode à la Mort
15. A-A

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