Ces derniers temps, la vague revival menée de la tête des charts par une pléiade de groupes tamponnés du « the » indispensable semble particulièrement porteuse. Alors pourquoi ne pas remettre aux goûts du jour un mouvement effacé avec les années 90 par ce que l'on qualifie désormais par le terme néo-metal ? Cette question, les américains de Angel City Outcasts se la sont sûrement posée, avant de débouler sur les platines avec un son imbibé d'un hard-rock aux accents rednecks typiquement eighties.
En à peine plus de trois accords de guitare, l'auditeur se retrouve plongé à une époque ou la musique n'était pas qu'uniquement dictée par des intérêts mercantiles démesurés. A l'heure de la sur-production et des retouches à outrance, Angel City Outcasts fait le choix, certes risqué mais en total adéquation avec les sonorités qu'il adopte, d'enregistrer son album à l'ancienne. Deadrose Junction fait donc preuve d'un authentique esprit vinyl enregistré avec les moyens du bord et d'une traite pour chaque morceau, sans pour autant sacrifier le travail d'orfèvre opéré sur les structures de ceux-ci. Les mélodies calibrées hard-rock FM et hautement accrocheuses sont déroulées sur près d'une heure avec un talent de composition indéniable, témoignant d'un sens de la mélodie plutôt bien inspiré. Pour ces cinq musiciens ayant troqués leurs pédales d'effets contre une bonne barrique de bière, le solo endiablé ne se résume pas à une option ajoutée sur la composition de l'album censée prouver la technicité du groupe. Ici, les envolées guitaristiques interviennent toutes les trente secondes et à un rythme effréné (« Horns'n'Halos », « Made For This », l'introduction suraiguë de « Sunset Sultan »), interventions qui s'avèrent loin d'être déplaisantes.
Utilisant les mêmes procédés afin de capter la voix de Alex Brugge, Angels City Outcasts prend le risque d'en garder également toutes les imperfections. Et si celles-ci viennent ponctuer Deadrose Junction à de nombreuses reprises, cela ne viendra en aucun cas gâcher le plaisir, ce choix conférant à ce second opus un petit arrière goût de live. Rugueuses et bien punk-rock cradasse, les tirades mélodiques du frontman reste relativement bien interprétées et ponctué d'un vocabulaire digne du rebelle en santiags à la recherche de liberté, renforcée par quelques chœurs que l'on jurerait enregistrés au cours de la même prise que le chant principal. En plus de l'artwork ainsi que du nom du disque, les étendues vierges et rougeoyantes du Far West semblent particulièrement influencer la formation qui place en milieu de course un instrumental (« Bleeding Heart Saloon ») digne de l'entrée du cow-boy solitaire dans le saloon ou se terre le dangereux desperado.
Si la scène musicale évolue rapidement au fil des années, Angel City Outcasts n'a pourtant rien de la formation has-been du moment. A écouter de toute urgence, avant de s'organiser une petite projection de Easy Rider par exemple…
.: Tracklist :.
01. Made For This
02. Down Spiral
03. Rev It Up, Turn It Loose
04. Outcast Rock’n’Roll
05. Sunset Sultan
06. Breakout
07. Bleeding Heart Saloon
08. Horns’n’Halos
09. Cutthroat
10. Where I Belong
11. Take The Town
12. Ten After Midnight
13. World To The Wise
14. No One Alone