Watcha revient de loin. Un album (Phenix) qui avait fait l’audacieux pari de la différence incompris et rapidement catalogué comme médiocre par une conséquente section de son public, départ de deux membres fondateurs puis séparation avec Columbia, il n’en fallait guère plus à certains pour enterrer définitivement la pourtant déjà longue carrière des parisiens. Que nenni. De retour en indé, Watcha renaît de ses cendres, jette un rapide coup d’œil dans le miroir et livre avec Falling By The Way Side un album d'avantage inscrit dans la lignée des inaltérables Watcha et Veliki Cirkus.
Concis, explosif, metal. Loin de la production clinique de Mutant ainsi que des nombreuses cassures mid-tempos dont pouvait souffrir par moment Phenix, Falling By The Way Side est indéniablement l’album le plus violent jamais livré par le quintet. Reboostés par la rythmique agressive de Benjamin, jeune recrue qui martèle avec entêtement sans discontinuer (l’écrasant « The Way Side » à la rythmique martiale), les musiciens de Watcha balancent onze titres aux sonorités décapantes. Terminées les tentatives d’évolutions plus ou moins réussies, les parisiens posent sur bandes leurs compositions avec la rage des premiers jours. Exit les détours inutiles et toutes autres tentatives d’incursions pop-rock sous la formes de ritournelles lassantes. Watcha se concentre sur l’essentiel : l’énergie brute de décoffrage. Le groupe s’est vraisemblablement moins attardé sur les structures ainsi que la production, et si Falling By The Way Side s’avère en conséquent bien moins riche que ses deux précédentes livraisons, il n’en est que largement plus authentique et décoiffant. Plus sombre également, tant les nombreuses déboires vécues par la formation semblent avoir marquées au fer rouge l’ambiance générale du disque (« Watch Yourself », « Bogeyman », l’excellent « Blue » fermant la marche). Watcha garde la tête dans le guidon de bout en bout, n’accorde aucune pause à son auditeur si ce n’est le temps d’une interlude à mi chemin (« Sam, la voie des ténèbres ») qui bien que plus dépouillée n’en est pas moins tout aussi oppressante. Probablement revigorée par une section rythmique toute neuve (dont Loïc Colin, bassiste de Scarve) faisant preuve d’un goût prononcé pour la brutalité, la paire de guitariste reprend goût au gros riff qui tache, occultant totalement le côté fusion groovy que l’on pouvait retrouver sur les anciens essais.
Si les grincheux de toujours aux instrumentations un manque d’originalité certain, ce nouvel opus fait preuve d’une réelle cohésion, évitant cette fois-ci de perdre l’auditeur au détour d’un morceau incongru. La guitare acoustique est définitivement rangée au placard, et ce n’est sûrement pas El Butcho qui s’en plaindra tant le bougre semble prendre plaisir à beugler comme un damné. Le frontman accouche de sa performance la plus enragée, sortant pour l’occasion de son registre des hurlements caverneux totalement inédits (« One For The Money », « Bogeyman », le court et percutant « Bastard Being ») et usant presque exclusivement de l’anglais pour illustrer son propos (seul le traditionnel volet de « Sam » échappera à la règle). Falling By The Way Side est teinté d’une hargne omniprésente, l’expérience vécue avec Scarve le temps de deux concerts par El Butcho n’étant sûrement pas étrangère à cette volonté de donner dans les vocaux arrachés. Mais malgré tous les éléments favorables à cette orientation, le frontman n’en oublie néanmoins pas son très bon chant clair. Il l’applique juste avec une plus grande parcimonie et lorsque cela désert véritablement le morceau, en habillant quelques refrains entêtants qui s’imbriquent à merveille dans la violence témoignée par les couplets (« The Way Side », « Rock’n’Roll Kids », « Blue »).
Falling By The Way Side est une sacré bonne surprise. Alors qu’on ne pensait plus voir le groupe se diriger vers pareil registre, Watcha en bourre plein les oreilles et accouche d’un uppercut bien plus virulent qu’à ses débuts. Un retour inespéré qui mérite bien que l’on se penche sur son cas.
.: Tracklist :.
01. Bogeyman
02. Bastard Being
03. Rock'n'Roll Kids
04. The Wayside
05. One For The Money
06. Inside
07. Nothing Daunted
08. Sam – la voix des ténèbres
09. Sam 5
10. Watch Yourself
11. Blue