Bien que Skinlab n’ait été officiellement dissout au cours de l’année 2003, les principaux protagonistes (le basiste Steev Esquivel et le guitariste Burl "Snake" Blakk) du groupe avaient continués à collaborer via le projet Re :Ignition. Radicalement éloigné des terres Thrashisantes explorées par leur ancienne formation, les deux musiciens avaient publiés un disque plus rock mais plutôt réussi. Un album qui n’aura visiblement que partiellement enlevé aux deux musiciens leur envie de s’épancher vers des sonorités vénéneuses à souhait, Skinlab ayant annoncé sa réunion courant 2007. Un retour discographique longuement travaillé en studio, aujourd’hui matérialisé par un The Scars Between Us explosif.
Qu’attendre de Skinlab en 2009 ? Le groupe répond de la manière la plus simple possible en quelques mesures tonitruantes. The Scars Between Us est un violent coup de pied au cul, un disque de Thrash moderne bien troussé et n’ayant nullement la prétention de réinventer un son instauré par le groupe au milieu des années 90. D’une redoutable efficacité, le quartet balance des compositions qui bastonnent sec et qui ne sont pas sans évoquer aux encornures un Machine Head époque Burn My Eyes dopé aux amphétamines. Les riffs de guitares témoignent d’une écrasante volonté à déboulonner les esprits, le quartet posant sur bandes des accords muant du lourd aux interventions les plus acérés, sans oublier les fréquentes interventions en solos old-schools exécutées façon sirènes hurlantes (le démentiel « Amphetamine Gods », « My Vendetta », « Wolvesblood »). Saturation jubilatoire et rythmiques virulentes inondent les structures de morceaux au tempérament viscéral, trait de caractère appuyé par le timbre arraché d’un Steev Esquivel sombrement inspiré. Le frontman fait preuve d’une puissance de feu dévastatrice et porte ses hurlements deaths avec une fracassante rage d’un découdre (« In For The Kill », « The Scars Between Us »), sans pour autant se complaire dans une éternelle et monotone bastonnade vocale.
Malgré son caractère hargneux, The Scars Between Us n’est pas qu’un simple concentré de pure violence. Les musiciens insufflent à leur musique un caractère varié en jouant des rythmiques avec une réelle maitrise, les étendues sonores ne sombrant jamais dans l’ennuyant mid-tempo de bas étage. Les morceaux conservent en toute occasion une puissance burinée à l’extrême, d’autant plus écrasante lorsque le quartet s’oriente vers des horizons moins épileptiques (« Scream At The World », le très bon « Karma Burns »). Skinlab n’oublie en rien le côté très groovy qui a fait la renommée du groupe, et soigne ses mélodies afin de construire une cohérence à toute épreuve avec ses plus nombreuses incursions en terres saturées. La fusion fonctionne à merveille, The Scars Between Us jouissant de par ailleurs d’une production gonflée à bloc retranscrivant à merveille le côté rouleau compresseur du son. Les mutations rythmiques sont l’occasion pour Esquivel de démontrer de toute l’étendue de son talent, et de virer vers un chant semi-clair mais néanmoins très rocailleux, timbre vocal qui ne dénote en rien des furieuses vocalises exposées précédemment. Brutal mais varié, The Scars Between Us joue sur plusieurs tableaux en conservant un caractère rageur intact de bout en bout.
Avec The Scars Between Us, Skinlab opère un retour en grande pompe sur le devant de la scène Thrash américaine. S’il ne se profile pas comme un album d’une originalité débordante, ce nouvel opus décharge un propos musical hautement corrosif. Retour gagnant.
.: Tracklist :.
01. Face of Aggression
02. Amphetamine Gods
03. Scream at the World
04. Wolvesblood
05. Karma Burns
06. In For The Kill
07. Paper Trails
08. Still Suffering
09. Bloodclot
10. My Vendetta
11. The Scars Between Us