D’après ce que l’on pourra lire sur la biographie du groupe, The Latter Rain serait déjà le troisième enregistrement des norvégiens d’In Vain. Deux EPs qui n’auront pas eu le privilège d’être distribués dans nos contrés, et qui seraient à n’en point doutés passés totalement inaperçus. Un peu comme cet album, pariera-t-on au vu de l’état actuel des choses. Pourtant, on nous décrira ce The Latter Rain comme incroyable, discours promo oblige. Des mots qui prêtent à sourire de prime abord, avant de finalement trouver tout leur sens passé quelques morceaux.
Difficile pourtant d’accoucher aujourd’hui d’une tartine incluant claviers et cuivres sans faire dans la redite, voire dans le ridicule en cas de teintes pseudos-symphos trop poussées et tout à fait pompeuses. Si la solution miracle qui explosera les frontières des mouvements n’a pas encore été trouvée, In Vain parvient avec The Latter Rain à pondre une belle succession de morceaux suffisamment originaux et totalement inclassables sous une étiquette précise, sans pour autant témoigner d’une complexité nécessitant des nuits d’écoutes acharnées. Ces Norvégiens puisent allégrement dans tous les styles, s’approchant pour faire court d’un heavy-black metal aventureux. Car bien qu’incluant une foule d’éléments atypiques, la formule concoctée par ce jeune trio s’avère loin d’être tarabiscotée à l’extrême et se dégusterait même presque sans sourcilier d’une oreille non avisée. In vain témoigne le temps de dix morceaux un véritable bouillon d’influences, mélangeant allégrement une bonne dose de black teinté de rock’n’roll avec des expérimentations progressistes (« In The Midnight Hour, huit minutes au compteur), une petite louchée d’influences heavy, des cordes (« As I Wither ») ou encore des cuivres grandiloquents (le saxophone jazzy et lancinant de « I Total Triumf », l’introduction « The Latter Rain ») saupoudrés de ci et là. Histoire de bien faire et surtout d’aérer sa musique, le trio n’oublie pas de disposer de nombreuses incartades atmosphériques reposantes cassant des rythmiques bien soutenue (le chant des mouettes qui se greffera étrangement sur « October’s Monody ») et sur lesquelles viennent avec bonheur s’imposer des envolées de guitares trop peu exploitées dans le milieu.
Le chant viendra suivre les mêmes variantes, là ou les quatre premières minutes de The Latter Rain aurait pu laisser penser une incontestable suprématie d’une registre viscéral décapant. Les lignes vocales arrachées se muent étrangement vers des mélodies envolées nettement moins hargneuses (« Their Spirits Ride The Wind »), parfois teintées de sonorités baroques (le jeu de question réponse cuivre / chant au cours du pont de transition de « In The Midnight Hour »). Les schémas s’avèrent par conséquent assez peu identifiables aux standards radiophoniques, les structures s’étendant dans le temps et l’espace, mais la musique d’In Vain coule de façon presque limpide (« Their Spirits Ride With The Wind »). La cohésion présentée par The Latter Rain est totale, les différents mouvements d’une même composition ne créant aucun sentiment de cassure, le passage d’une plage à la suivante devenant même parfois difficile à déceler. In Vain se paie même le luxe d’encarter entre deux déferlantes d’électricité détonante une échappée féerique (« Morning Sun ») avant de violemment redresser la barre en se redirigeant vers des horizons embrumés dans l’obscurité, ouvrant enfin de nouveau sa musique à la lumière en guise de conclusion.
Si le rangement de The Latter Rain au sein d’un mouvement précis présentera quelques problèmes, ceux-ci n’auront plus raison d’être lorsqu’il s’agira de classer ce premier essai parmi les très bons albums de l’année 2007. Une très bonne surprise.
.: Tracklist :.
01. The Latter Rain
02. In the Midnight Hour
03. Det Rakner!
04. Octoberґs Monody
05. Their Spirits Ride with the Wind
06. I Total Triumf
07. The Titan
08. As I Wither
09. Morning Sun
10. Sorgenfri