Dans tout jeu vidéo qui se respecte, les nombreuses heures de quête vidéo-ludique se doivent d’être récompensées par un ultime-bonus. Le genre d’exercice impossible à terminer, hormis de quelques acharnés du pad ayant sacrifiés une quarantaine de nuits blanches. Sur le désormais incontournable Guitar Hero, c’était un morceau des excités du manche de Dragonforce. « Through The Fire And Flames » devient par conséquent un hit, les geeks du monde entier se procurant le titre afin de constater que ce dernier n’a pas été accéléré pour corser leurs épiques cavalcades numériques. Malheureusement pour eux, rien n’est falsifié. La nouvelle périlleuse pirouette technique de Dragonforce sort aujourd’hui sous le nom de Ultra Beatdown, et tend à prouver une nouvelle fois de leur épilpsie musicale.
Toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus rapide ? Pas vraiment. Malgré tous leurs talents de brodeurs de cordes, les rigolos de Dragonforce ne souhaitent pas s’orienter vers l’incompréhensibilité qu’amènerait inévitablement une démonstration de force encore plus poussée que sur Inhuman Rampage. La technique pour la technique n’intéresse clairement pas la formation anglaise, qui de son propre aveux désire avant tout mettre cette dernière au service de pures et véritables « chansons » heavy. Et ces derniers remplissent plutôt bien cet objectif premier, en posant sur bandes une ribambelle de compositions purement influencées par les gloires des eighties, en particulier en ce qui concerne le timbre de leur chanteur ZP Theart. Très heavy anglais, son chant grimpe donc sans vergogne dans les strates les plus aiguës, et n’en descend tout simplement jamais (le single « Heroes Of Our Time »). Fidèle à son style depuis les débuts, le frontman livre une prestation tout aussi savoureuse et entraînante que par le passé, en particulier en ce qui concerne une dimension rythmique témoignant de plus nombreuses variations de tempo. Si les nouvelles générations pourront ressentir une certaine lassitude face aux tirades vocales d’un autre temps, les anciens y trouveront indiscutablement leur compte. Les instrumentations s’avèrent par ailleurs plus variées que sur leurs précédents travaux. Le groupe ayant appris à appuyer sur la pédale de frein à l’occasion, servant lors de ces incartades moins frénétiquement habillées quelques passades ultra-mélodiques joyeusement kitchs et old-schools (« Reasons To Live », « Heartbreak Armageddon » ou encore l’étonnant mid-tempo « A Flame From Freedom » sur lequel les musiciens se frottent par moments aux ballades hard FM d’antan).
La musique de Dragonforce respire de façon bien plus marquée que par le passée, des espaces plus conséquents étant laissés aux parties de claviers de Vladim Pruzhanov. Visiblement réfractaire au modernisme, le chevelu extrait de ses instruments des sonorités Bomtepi qui s’accorderont à merveille aux chevauchées épiques de la paire de guitaristes surdoués Herman Li / Sam Totman (« The Warrior Inside »). Mais si Dragonforce émet la volonté de légèrement diversifier son écriture et y gagne inévitablement en accessibilité, aucune infidélité n’est faîte à sa légendaire vélocité d’exécution, dont les deux branleurs de manche se portent une fois de plus garants. L bînomes de guitar-heroes (pour le coup) parcourent leurs cordes avec une intacte frénésie, portant l’art du shred à son plus haut niveau. Il demeure parfois impossible de les suivre tant les deux musiciens enquillent les notes, bien que la musicalité de l’ensemble ne soit en rien sacrifiée. Les solos impressionnent et s’empilent les uns sur les autres, les larrons se passant le relai avec brio à de très nombreuses occasions (« The Fire Still Burns »), les intrumentations étant de ce fait allongés au delà des sept minutes afin de caser toutes les idées avancées par la formation.
Ultra Beatdown conserve toute l’efficacité de son prédécesseur, mais intègre parallèlement quelques respirations qui ne pouvaient qu’aider la musique du groupe à accrocher sur la durée, les albums du groupe étant de plus généralement plutôt copieux à ingurgiter. A noter que l’édition limitée rallonge la durée de vie d’Ultra Beatdown de deux morceaux supplémentaires, pour plus de dix minutes de musique. Ultra Beatdown sera-t-il Mission – Impossible 2 pour les futurs joueurs de Guitar Hero ? Le disque en possède en tous cas les atouts. Bon courage.
.: Tracklist :.
01. Heroes Of Our Time
02. The Fire Still Burns
03. Reasons To Live
04. Heartbreak Armageddon
05. THe Last Journey Home
06. A Flame For Freedom
07. Inside The Winter Storm
08. The Warrior Inside