Le début d’année 2009 fut marqué par la sortie du troisième effort de Deathstars, baptisé Night Electric Night. Véritable étoile (de la mort) montante du métal industriel suédois, le combo a su se créer une identité forte et à part entière. Loin d’être une énième pâle copie des maîtres du genre, il se différencie de la plupart des autres formations tant au niveau visuel (look goth et glamour à souhait) qu’au niveau musical (compositions en grande partie sombres et aux ambiances glaciales) tout en restant relativement abordable pour les novices. Termination Bliss, leur second opus paru en 2006, en est la preuve ultime car c’est bel et bien lui qui avait propulsé le groupe sur le devant de la scène métal scandinave. Night Electric Night a aujourd’hui la lourde tâche de lui succéder, jouant ainsi un rôle prépondérant dans la carrière du groupe.
Ce qui ressort en premier lieu, après écoute en boucle des onzes pistes composant cet album (oui, difficile de décrocher) est la facilité qu’ont les membres de Deathstars à concevoir des mélodies hyper-accrocheuses, le tout sur fond d’arrangements synthétiques très minutieux apportant une sacrée valeur ajoutée aux compositions. Effectivement, on remarque l’omniprésence de claviers tout au long de la galette, donnant ainsi une profondeur et une ambiance uniques à la musique ainsi qu’une facette symphonique qui n’est pas pour nous déplaire (refrain de « Chertograd », pont de « The Mark Of The Gun » rappelant un certain « Motherzone ») : simplement jubilatoire.
Du point de vue vocal, le chanteur Whiplasher fait des merveilles. Sa voix, encore plus travaillée qu’à l’accoutumée, flirte aussi bien avec le chant death hurlé qu’avec le chant clair grave, à un point tel qu’on se demande parfois si ce n’est pas le guitariste qui fait office de deuxième chanteur, tant le pannel de ses possibilités est bluffant. Une amie du groupe s’est même jointe à Whip sur un grand nombre des nouvelles pépites en guise de seconde vocaliste (« Chertograd », « Babylon » et son pré-refrain épique) ou en se contentant d’assurer les choeurs (« Blood Stains Blondes », « Death Dies Hard »). La voix électronique est également de la partie sur « Night Electric Night » ou encore l’imparable « Arclight », comme c’était déjà le cas à l’époque de Termination Bliss et Synthetic Generation. Le quintet nous offre ainsi une très grande variété au niveau des voix pour notre plus grand plaisir.
Au beau milieu de ces nouvelles compositions vient se glisser une ballade bouleversante intitulée « Via The End », écrite par Nightmare Industries, guitariste et producteur du groupe, en hommage à son frère Jon Nödtveid (ex-membre de Dissection) décédé il y a maintenant trois ans. Whip nous montre encore une fois l’étendue de ses talents de chanteur avec un refrain tout droit sorti d’outre-tombe (c’est un compliment pour un groupe à l’apparence si macabre). Chapeau.
Cependant, Night Electric Night n’est pas exempt de tout reproche : on trouve ça et là quelques similitudes assez troublantes avec certains morceaux de Rammstein, comme l’intro de « Chertograd » quasi copiée/collée du « Ohne Dich » des allemands, ainsi que le riff principal de l’éponyme, ressemblant trait pour trait à celui de « Zwitter ». De plus, les chansons nous offrent peu de surprises en termes de structures, se contentant de schémas basiques. Enfin, les puristes du groupe déploreront également un manque de créativité, chaque chanson ayant son équivalent sur l’album précédent ( « Tongues » pour « Chertograd », « Play God » pour « The Fuel Ignites » et j’en passe…).
Quoi qu’il en soit, Night Electric Night , bien que trop dans lignée de son prédécesseur diront certains, continue de séduire grâce à son association subtile de métal indus et de symphonie encore plus développée que par le passé. Succéder à l’ingénieux Termination Bliss n’était pas chose aisée. Les suédois relèvent amplement le défi en nous livrant avec Night Electric Night leur album le plus abouti à ce jour. En à peine dix ans de carrière et trois albums au compteur, Deathstars a gagné sa place parmi les meilleurs groupes du genre et devenir une référence en la matière.
.: Tracklist :.
01. Chertograd
02. Night Electric Night
03. Death Dies Hard
04. The Mark Of The Gun
05. Via The End
06. Blood Stains Blondes
07. Babylon
08. The Fuel Ignites
09. Arclight
10. Venus In Arms
11. Opium