Massacre Records semble guetter du côté de Nuclear Blast. Car après la repêche des excellents Disbelief l’année dernière, c’est du côté de Bleed The Sky que les dirigeants du bien nommé label ont jeté leur dévolue. Auteurs d’un Paradigm in Entropy débarqué en pleine vague metalcore, les américains demeurent avant-tout un outsider perdu parmi une avalanche de candidats à la couronne du genre. Difficile de se détacher de son voisin, et le groupe fera les frais d’une véritable saturation qui le confinera dans un relatif anonymat. Pourtant, Bleed The Sky n’hésite pas à déployer l’artillerie lourde, et ce n’est sûrement pas Murder The Dance qui viendra prouver le contraire.
Avec un second opus tout aussi burné que son prédécesseur, Bleed The Sky s’impose là en artisans d’un metalcore bien lourd et appuyé. Une alchimie du gros riff velu qui expose en à peine plus de quelques secondes toute la prétention des cinq musiciens : faire dans l’efficacité pure et dure, sans s’encombrer d’éléments superflus ou de détours hasardeux. La politique influencera donc forcément sur l’originalité, ici quasi-inexistante, voire de toute manière inutile. Murder The Dance ne présente en effet aucun élément novateur, les morceaux se construisant autour d’une formule éculée visant à alterner violence qui tâche sévère et mélodies. Mais Bleed The Sky parvient malgré tout à rendre sa musique attractive et digeste de par son savoir-faire et sa facilité et sa facilité à allier les différents registres. La formation ne sombre en effet pas dans une enfilade de hits radio-friendly, et conserve une propension convaincante et bienvenue à s’épancher dans un déballage de violence communicative. La guitares balancent du riff marteau-piqueur à la pelle, judicieusement renforcées par une section rythmique explosive qui permet à Murder The Dance de se doter d’une implacable lourdeur (« Morose », le brutal « Knife Fight In A Phone Booth » d’ouverture). Bleed The Sky ne fait pas dans la démonstration technique, et les plans viennent souvent à revenir de façon répétée dans les ossatures des morceaux, ce qui permet au groupe de jouer sur l’aspect oppressant de ces compositions, celles-ci se voyant de plus dénuées d’éléments électroniques suite au départ de Luke Anderson. La batterie évite ainsi de s’embourber dans des rythmiques mitraillettes encombrantes, tout comme les plans de guitare demeureront avant tout dérivés d’un unique et terrassant accord de départ (« The Demons That Could Be », « The Sleaping Beauty »).
On sent pourtant les musiciens capables d’une certaine maîtrise instrumentale, mais ceux-ci semblent tenir à la simplicité de leurs structures afin de conserver tout l’aspect percutant de leurs morceaux. Ce qui n’empêche en rien les guitaristes Miller Wayne et Justin Warrick de se fendre de quelques solos plutôt bien trempés (« Bastion », « Sullivan »). La composante se fait certes relativement rare, mais d’autant plus appréciable que Bleed The Sky ne tombe pas dans le piège visant à en tartiner chaque morceau. Si les parties instrumentales peuvent donc à l’occasion se faire mélodiques, l’équilibre des éléments se fera de façon bien plus marquée via le chant de Noah Robinson. Souvent doublé par ses collègues, le frontman navigue avec une plus grande aisance en registre hurlé et mélodique, même si ce dernier représente encore quelques faiblesses. Pas toujours très justes et accrocheurs, les refrains s’avèrent parfois approximatifs (« Slavior »), bien que les faux pas restent minimes. Le quintet fait aussi l’erreur de sombrer dans la ballade mièvre et franchement dispensable (« Occam’s Razor »), le frontman posant sur bandes des tirades vocales tremblotantes relativement rebutantes. Dommage, tant le titre vient marquer la coupure d’un album par ailleurs redoutable de cohérence.
En faisant exception de quelques points à améliorer, Murder The Dance reste un bon album. La principale condition à toute bonne addiction restera cependant de ne pas exiger une trop grande originalité, auquel cas Bleed The Sky pourrait bien trouver une place de choix entre les productions de Chimaira et Caliban, avec lesquels il développe quelques similitudes bien marquées. A découvrir.
.: Tracklist :.
01. Knife Fight in a Phone Booth
02. Sullivan
03. Murder the Dance
04. The Sleeping Beauty
05. Morose
06. Occam's Razor
07. Bastion
08. Slavior
09. Kettle Black
10. Poseidon
11. The Demons That Could Be
12. Vertical Smile