Rap, classique, jazz. Il est rare de voir ces trois mots associés. Quand il s'agit d'un album concept, qui se veut composé comme une sonate en quatre mouvements, subdivisés en vingt-huit titres, on touche au sublime du curieux. Cet objet improbable est proposé par Sig (le diminutif de Sigfried, à ne pas confondre avec les Systèmes d'Information Géographique) sous le nom de Freespeed Sonata. Tout n'a pas été fait seul toutefois, puisque, au gré de ses pérégrinations en Europe, ce cinéaste-musicien-photographe a invité quelques amis (et pas des moindres) à enrichir et enrober ses compositions.
La biographie de l'album raconte une première naissance à Berlin, à partir de petites piécettes de piano. Berlin, rien d'étonnant. L'atmosphère si particulière et envoutante de la capitale allemande se retrouve sur certains points dans l'album, entre la froideur des grands avenues et le bouillonnement soudain, une fois la nuit tombée. La genèse se partage ensuite entre Venise, son dédale de rue où il fait bon se perdre, la Suisse et Paris.
La sonate est divisée clairement en quatre mouvements, de tailles variables : dans un premier temps, la musique suit un promeneur « dans une ville endormie », avant que l'ambiance se fasse plus feutré, devienne entraînante et funky, réveillant finalement ce monde urbain. Voilà pour ce qui est de la théorie proposée par Sig. Ce qu'on en retient, c'est surtout un mélange savoureux d'atmosphères. Le piano de Sig, lancinant, devient vite fascinant et finit obsédant. On surveille sa mélodie comme un voisin par la fenêtre. Sa présence est rassurante. Les autres éléments permettent de rendre compte des variations du paysage. La musique lorgne parfois vers le free jazz, notamment grâce au saxophone de Christophe Turchi ; parfois, elle est très funk, appuyée par la basse de Marcello Guiliani.
Finalement, on se laisse porter. Étant placé dans le rôle du promeneur, on déambule dans l'album. Par conséquent, il y a nécessairement de l'imprévu qui surgit, ou tout au moins l'extérieur qui agit sur nos perceptions. En ce sens, l'écoute est bien plus passive qu'active. Freedspeed Sonata est une œuvre qui, parce qu'à contrecourant de la « course au single », sonne déjà comme intemporelle. Les chansons ne se démarquent pas ostensiblement les unes des autres. Freespeed Sonata est un tout, une œuvre qui donne envie de lancer le disque sur sa platine, se poser dans le canapé et… écouter. Seulement écouter. Pour laisser les images se construire d'elles même. Que c'est bon.
.: Tracklist :.
01. The City Sleeps
02. Prelude 2
03. First Dream
04. First Invention
05. Second Invention
06. Suspension
07. Resurection
08. Second Dream
09. Don't Forget
10. Shadows Whisper (part one)
11. Shadows Whisper (part two)
12. Shadows Dance (part one)
13. Shadows Dance (part two)
14. Peace Of Love (part one)
15. Peace Of Love (part two)
16. Prelude
17. Freestyle
18. Closed Eyes
19. Take Me In
20. Rap My Soul
21. Ghost Stand
22. Hidden Secret
23. Midnight Fever (part two)
24. Third Dream
25. Cool Me Out
26. Fantasy
27. Angel Dust
28. Angel Dust (outro)