Débarqué courant 2005, le premier album éponyme des trublions de Maniacx n’a pas manqué de marquer la critique professionnelle comme publique. Propulsé révélation du printemps de bourges la même année, le groupe aura conquis les scènes des plus grands festivals avant de s’engager dans une création commune avec les extraterrestres de Puppetmastaz. Enfermé au Cox In Hell Studio l’année passée, les trois rigolos préparaient la riposte. Plus fort, plus loin, plus déjanté, Crazy Sound With The Aliens présente un Maniacx puissance 2.
Impossible a étiqueter convenablement, aussi indécis qu’une malheureuse victime d’Alzheimer, Maniacx présente avec ce second opus cette facilité à évoluer au sein de plusieurs registres musicaux. L’ossature de Crazy Sound With The Aliens demeure certes éminament hip-hop, mais ne conserve cependant rien de comparable aux caricatures à l’américaine dont nous abreuvent les très culturelles chaines de télévisions privées. Maniacx serait plus du genre à s’affranchir des codes en vigueur pour livrer une vision du rap décomplexée, fraiche, et sacrément azimutée. La dictature du bling-bling en plastique, amenée par trois gonzs qui cultivent la dérision avec le même sens du second degré qu’un phénomène Svinkels dont ils arrivent pourtant à se démarquer avec brio. Marqué par le Crunk et des influences plutôt orientée du côté des étendues ensoleillées des Beastie Boys, Maniacx livre avec Crazy Sound With The Aliens un hip-hop riche et résolument anti-conventionnel. En lieu et place des instrumentations samplées et parfois répétitives, le groupe opte pour une véritable variété des éléments mélodiques et rythmiques en intégrant à son écriture une multitude de sons différents. Les accompagnements s’avèrent plutôt osés, avec de nombreuses incartades vers des canevas 8 bits tirés des consoles d’antan (« Video Game » le bien-nommé, « Me And My Girl »), qui renforcent le côté festif développé par le trio. Mais si certaines étendues s’habillent d’enluminures volontairement kitchissimes, Maniacx présente une véritable aisance à franchir les barrières pour amener dans ses morceaux des envolées tantôt cuivrées (« Blues Bitches »), quelques minutes plus tard électrifiées par une guitare tonitruante (l’hymne « Alcohol »).
Au delà du côté purement cartoonesque de l’ensemble, Maniacx parvient en effet à poser sur bandes une impressionnante ribambelle de titres efficaces et entrainants, qui viennent témoigner d’un véritable sérieux dans la mise en place des flows et des composants. Preuve en est avec l’excellent « Wear My Clothes », ou encore avec un « Super Sharp Shooter » aux riffs lourds et aux débits acérés, un morceau qui n’est pas sans rappeler le Cypress Hill le plus virulent. La force des MCs est en effet de parvenir à s’adapter à toutes les ambiances avec une malléabilité presque déconcertante, du pur tube de déconne aux terrains d’expression les plus américanisés, sans pour autant donner l’impression de passer à côté de leur sujet (le fantastique « Child Story », que l’on imagine bien devenir ode aux virées nocturnes prolongées). Les flows entremêlés font mouches, qu’ils se greffent aux guitares saturés ou aux délires synthétiques d’une console ringarde. Le tout en Anglais, sans jamais trahir de la nationalité d’origine des protagonistes du projet Maniacx.
En quatorze titres et un album inévitable, Maniacx témoigne du talent des plus grands. Ceux qui ont compris que la musique n’est pas quelque chose de cloisonné, et livrent le temps d’un disque une vision personnelle et passionnée de leur art. A découvrir de toute urgence.
.: Tracklist :.
01. Crazy Sounds Whith The Aliens
02. Blues Bitches
03. Video Game (feat Puppetmastaz)
04. Miss My Plane
05. Try It
06. Me And My Girl
07. Freaks Unit (feat. Crest, Cranky, The Wizzard & Mr Maloke)
08. Child Story
09. Spend My Money (feat Puppetmastaz)
10. Super Sharp Shooter
11. Wear My Clothes
12. Cartoon Boy
13. Alcohol