Successeur de M. Patate, Objectif Thunes est le second effort des comico-metaleux français d’Ultra Vomit, paru début 2008. Pour les non-initiés, une petite remise à niveau s’impose : Ultra Vomit (avec Gronibard, les deux formations ne pouvant pas se piffrer), c’est le groupe qui a révolutionné à sa manière le monde du Metal/Grindcore grâce à des reprises totalement décalées de classiques tirés du répertoire Metal au sens large ou pas (« I like to vomit », « Une souris verte »). On était alors en droit de se demander si au final, Ultra Vomit n’était en réalité qu’une vaste blague, vouée à s’estomper aussi vite qu’elle était apparue, ou si les frenchies étaient capables de remettre le couvercle, voire de frapper encore plus fort, et ainsi de justifier tous les compliments faits à leur égard ?
C’est donc sans surprise que l’on dégotte toute une pelletée de nouveaux délires musicaux, en commençant par un détournement du générique de Koh-Lanta en guise d’introduction avec une imitation plus vraie que nature de Denis Brogniart de la part de Fetus. Une caricature parmi d’autres puisque le chanteur s’amuse à parodier (remarquablement bien, soit dit en passant) tantôt Lemmy de Motörhead et sa voix rocailleuse (« Quand j’étais petit », très rock’n’roll) tantôt Maïté (le violent « Maïté Revendark ») ou encore George Brassens (le surprenant « La flemme »). Quand je vous disais que le groupe était touche-à-tout !
L’album regorge de trips aussi loufoques qu’hilarants. Ainsi, on se défoulera sur la quatrième piste et son petit garçon (dont la voix est volontairement horripilante) auquel il faut apprendre « Les bonnes manières » et l’on ne pourra s’empêcher de reprendre à tue-tête l’entraînant et non moins risible « boulangerie pâtisserie ». Les gars passent sans détour d’une parodie du célèbre groupe de Black Metal Immortal avec le tonitruant « Mountains of maths » à l’hymne de l’érotisme par excellence de Joe Cocker revisité façon Death Metal, rebaptisé « Morbid Cocker » pour l’occasion.
Les morceaux sont pour les trois quarts très courts, certes, mais tous diaboliquement efficaces, quel que soit leur style musical d’origine. L’instrumental « Gremlins at the gates » est une petite merveille. Son riff principal ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à du Arch Enemy : top ! La ballade qui suit n’a musicalement rien à voir, mais alors quelle franche rigolade ! Ultra Vomit revêt son costume de loveur en nous interprêtant un « Je ne t’ai jamait autans aimé » à la fois poignant et tordant, deux sentiments contradictoires ! Drôle de sensation. Les choeurs sur fond de grosses grattes sont magnifiquement agencés et donnent même un côté quasi-épique au morceau.
Justement, parlons-en de la production ! Un grand bravo à monsieur Neb Xort d’Anorexia Nervosa qui réalise un Objectif Thunes d’une qualité irréprochable. Le son est lourd, net, compact. Du caviar pour les oreilles de métaleux que vous êtes, et qui ferait beaucoup de jaloux chez les groupes plus « sérieux » !
Pour conclure, Ultra Vomit a su confirmer son potentiel avec cet Objectif Thunes (référence à Tintin) qui résonne comme une grosse blague. Et c’est bien là ce qu’on aime dans ce nouvel opus : on est surpris à la découverte de chaque morceau, tant chacun d’entre eux est éloigné en tous points du précédent, tout en formant paradoxalement un ensemble cohérent. Cette diversification des genres a pour effet d’enrichir l’album. Effectivement, on ne se retrouve pas face à un M. Patate 2 mais bel et bien devant un disque original qui explore d’autres horizons. Ultra Vomit se pose désormais comme le roi de la déconne made in France. Vive le roi !
.: Tracklist :.
01. Intro
02. Quand J’étais Petit
03. Darryl Crow Chamber
04. Les Bonnes Manières
05. Boulangerie Pâtisserie
06. Maïté Ravendark
07. Jack Chirac
08. Pour un Mosh
09. Pauv’ Connard
10. Mechanical Chiwawa
11. Gremlins at the Gates
12. Je ne t’ai Jamait Autans Aimer
13. Poil de Cul
14. Croûte de Pus
15. La Flemme
16. Mountains of Maths
17. Morbid Cocker
18. Welcome to the Jingle
19. Je Possède un Cousin
20. Canidal Corpse
21. Condemned to Headbang
22. W.A Mozart 25th Symphony Allegro in C Minor K. 183
23. Je Collectionne des Canards (Vivants)
24. Outro