fbpx
Vacarm.net
Image default

Interview Scratch Bandits Crew – Juillet 2013

Après avoir dérangé Nasser en plein repas le vendredi, nous avons eu l’opportunité de frapper à la porte de la loge des Scratch Bandits Crew le samedi soir du festival Art Sonic. Nous en avons donc profité pour interroger le trio pour un état des lieux du groupe un an et demi après la sortie de leur album 31 Novembre, deux petites heures avant de les voir monter sur scène.

Bonjour, pour commencer, est-ce que vous pouvez-vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
Donc on est le Scratch Bandits Crew, un projet né en 2000 à Lyon. À la base, on avait une vingtaine d’années et c’était une formation informelle, des passionnés qui se regroupaient autour de la scratch music qui était beaucoup moins démocratisée qu’aujourd’hui, et dont les techniques se transmettaient oralement, internet n’était pas encore là. On nous a très vite demandé de faire des showcases, et des petites démos, des premières parties. Au début, c’était des choses assez courtes tournées autour de la technique. Au bout d’un moment, on se sentait comme un vrai groupe, et on a commencé à faire des créations originales, et à préparer des concerts et des disques.

Est ce que vous pouvez nous parler, environ un an et demi après sa sortie, de 31 novembre ?
Oui, on a donc eu un premier EP en 2010, et cet album 31 novembre. On est très contents, mais après c’est toujours la même histoire, ton disque reflète des envies que t’as à un moment précis. Mais dans l’ensemble on est contents de l’accueil qu’il a eu et de la tournée qu’il a généré en France comme à l’étranger, pour une centaine de concerts, à Taïwan, au Mexique, et même en Inde. On a fait un disque où on a voulu mettre en avant le côté musical du scratch, défendu sur scène de manière plus énergique, pour ne pas être frustrés de jouer la même chose sur scène que sur le disque.

Pourquoi ce titre 31 novembre ?
C’est une date qui n’existe pas. C’est élargir le concept de détourner quelque chose : à la base une platine vinyle ce n’est pas un véritable instrument de musique, mais un lecteur, et on l’a détourné, c’est aujourd’hui notre instrument. Donc on trouvait que c’était intéressant et subtil, parce que si on fait pas trop attention on ne se rend pas compte que c’est une date qui n’existe pas. Le côté hors-réalité correspond bien aussi à l’univers visuel autour du groupe. Ça fait référence à un courant artistique surréaliste aussi, qu’on aime bien, comme par exemple 32 décembre de Bilal. Mais on s’en est rendu compte après, de ce lien avec la musique qui n’existe pas en quelques sortes, qui fait cohabiter des sons qui à priori n’ont rien à faire ensemble.

 

 

On sent un influence un peu plus dubstep dans cet album, par rapport à En Petite Coupure, c’est une musique qui vous touche ?
C’est bizarre que les gens nous disent ça. Dans le premier, il y a des vrais passages dubstep, alors que dans 31 Novembre la quasi-totalité des sons viennent d’instruments acoustiques. Après il y a toujours cette culture électro qu’on a mais vraiment c’est sans faire exprès. Les influences et la culture qu’on a, je trouve ça bien d’arriver à la faire sans instruments électroniques. C’est comme des groupes comme The Do qui font des rythmiques très breakées alors que c’est des groupes acoustiques.

Vous dites progresser sans aucun sample, ce qui est assez original dans votre style, pourquoi ce choix de ne plus sampler ?
À la base le scratch c’est l’utilisation de vinyles qu’on prenait dans nos bibliothèques. Au final on avait des sons qui étaient des remixes ou des samples toujours empruntés. Après, on a fait graver nos propres disques, et puis le numérique est arrivé, aujourd’hui, notre disque sur notre platine c’est une télécommande de ce qu’il y a dans notre ordinateur, et tout le monde s’est jeté dessus parce que c’est beaucoup plus simple. Un dj arrive sur scène et n’a plus besoin de tout son bac de disques. Nous, derrière ça, on s’est dit que si c’était juste pour que ça soit plus simple, ça servait à rien. Toute cette souplesse là, notamment de pouvoir enregistrer quelqu’un et de pouvoir le scratcher directement, on s’est dit que ça nous permettait beaucoup de choses. Et aussi, à un moment, on a cherché une identité artistique forte, parce que au début des années 2000, on avait besoin de se battre pour être reconnus en tant que groupe par les gens qui ne nous connaissaient pas. On a forcé le trait sur notre scénographie, sur la lumière et la vidéo, sur une manière de faire de la musique assez particulière, pour marquer notre identité artistique. 
Mais c’est pas exclu que plus tard on re-travaille autrement.

Et donc en studio, c’est un boulot collectif ou c’est une seule tête pensante ?
En fait, il y une tête pensante. Le groupe a été monté en 2000 et a subi quelques changements. La composition est faite par un seul d’entre nous et ensuite l’arrangement se fait tous ensemble. Non, au final on travaille tous ensemble.

J’ai lu qu’en live vous aviez des instruments inédits, est-ce que vous pouvez nous en toucher deux mots ?
On a essayé d’aller voir sur d’autres terrains que des samples et des matières enregistrées, en faisant un peu de synthèse grâce à l’informatique et à la platine en créant un environnement de programmes et d’outils spéciaux, qui sont ensuite exportés vers des capteurs et des contrôleurs. C’est pour compléter nos sources acoustiques enregistrées, on utilise de la synthèse en tant que programme informatique gérée par des contrôleur. C’est aussi pour avoir notre univers créatif là dedans, ça aussi on le fait nous même.

 

 

Il y a pas mal d’artistes de votre style qui au final font des lives qui sont millimétrés, ce qui est un changement en dix ans, je me demandais quelle était la place à l’improvisation dans vos lives ?
En fait, les choses ont évolué. Au départ, c’était très improvisé, et puis à un moment on a eu envie de se démarquer en faisant quelque chose d’écrit, aujourd’hui c’est très millimétré mais on aime pas faire tout le temps la même chose sur scène, c’est pourquoi on «update» le show très très souvent, et qu’on ne fait pas la même chose sur disque et sur scène. Il y a un peu d’impro mais vu que le live est multi-médias, on contrôle de la vidéo en plus du son, c’est important que ça soit millimétré. Mais on met très souvent notre show à jour, on fait plein de résidences pour ça. Après on aime bien que ça soit millimétré, mais on aime pas que ça soit trop propre quand même. Mais c’est deux choses différentes. On laisse des parties à l’impro mais on sait où on va. Alors qu’il y a dix ans on avait de grandes plages d’impro. En même temps ça faisait des concerts moins biens que d’autres. Quand tu joues beaucoup aussi, si tu improvises tout le temps, tu réfléchis trop parce que tu veux faire des trucs tout le temps différents.

Niveau projet, vous bossez sur quoi en ce moment, un nouvel album, un nouveau live ?
C’est des cycles après, tu fais ton cd, tu le défends, et tu recommences. Là on finit notre tournée et en parallèle on prépare de nouvelles choses.

Et dans le bus pour aller à Dour demain, vous allez écouter quoi en boucle ?
Rien (rires), un mec qui ronfle à côté de nous. Là l’enchainement est rude, on part à 5h du matin en s’étant couchés tard. Mais c’est pas sexy comme réponse, alors le dernier Kanye West.

Un dernier mot ?
Ça me fait toujours penser à Kad et Olivier cette question.
«Dégringole», non c’est trop négatif, disons «montargole», c’est le contraire de dégringole, tu montes d’une manière poétique (rires).

 

Propos recueillis par Colin FAY pour vacarm.net
Merci aux Scratch Bandits Crew pour leur temps.

Vous pourriez aussi aimer...

Laissez un commentaire

Le webzine qui fait du bruit
Vacarm.net est un site d'actualité musicale. Chaque jour retrouvez de nouvelles chroniques des dernières sorties d'album, des interviews de vos artistes rock / metal favoris et des live report des meilleurs concerts et festivals français.