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Interview d’Etienne Sarthou (AqME) : Nous avons toujours livré nos états d’âme, sans tricher

AqME respire encore. Actuellement engagé dans une dernière tournée qui se soldera en fanfare par un show de retrouvailles au Trianon – Thomas Thirrion et Benjamin Rubin rejoindront à cette occasion le groupe –, les parisiens balancent à la surprise générale un tout nouvel album de neuf titres. Le batteur et compositeur en chef Etienne Sarthou revient pour Vacarm sur la composition express de ce Requiem, dont la sortie est annoncée pour le 12 avril prochain.  

Peu de groupes prennent le temps de composer un disque après une annonce de split. L’album éponyme semble encore relativement récent et le communiqué du groupe annonçant le disque intervient à seulement quelques semaines de la sortie. A l’heure où les artistes teasent la moindre annonce, était-ce important pour vous revenir à un fonctionnement « à l’ancienne », de conserver un certain effet de surprise ?

On a eu trop peu de temps pour réfléchir à tout ça . On savait juste qu’on avait envie de créer la surprise, d’en faire qu’à notre tête comme d’habitude. Il nous semblait évident que personne n’oserait imaginer avoir un dernier album d’AqME à se mettre sous la dent alors que nous venions d’annoncer notre future fin.

Le groupe avait débuté la composition avant de prendre la décision de rendre les armes. Qu’est-ce qui vous a amené à envisager de mettre un terme à l’aventure, alors même que le « brainstorming créatif » était engagé ?

C’est un long cheminement qui nous a amené à dire stop. L’envie n’était plus tout à fait la même, nous nous sentons au bout du cycle, nous avons la sensation d’avoir donné ce que nous avions à donner. Quand la décision a été prise, nous avions malgré tout envie de faire un dernier cadeau à nos fans. Il était d’abord question d’un EP mais nous avons constaté qu’en s’y mettant à fond pendant quelques semaines nous pourrions être en mesure de réaliser un album complet. Il a fallu foncer, sans filet, sans recul, tout donner une dernière fois. Nous sommes plus qu’heureux et fiers du résultat.

Ces dernières années, certains d’entre-vous se sont installés loin de Paris et sont devenus parents. Parallèlement, la vie sur la route est devenue plus rude, même pour les groupes bien installés. Est-ce que ces différents changements personnels ont eu un poids sur votre décision finale ?

Sans aucun doute. Notre vie de groupe est devenue beaucoup plus compliquée à gérer. Nous sommes toujours très liés, mais nous avons senti que notre implication n’était plus la même qu’auparavant. Et cela ne vaut pas le coup de continuer si nous ne sommes pas à 100%. Le fait d’arrêter maintenant nous permet de garder de forts liens d’amitié, sans laisser nos relations se dégrader.

Le disque s’inscrit dans la continuité directe de l’éponyme, qui affichait une couleur assez rock. Les envies semblent presque cycliques chez AqME, dans le sens ou le groupe avait déjà amorcé un virage plus rock avec La Fin des Temps, avant de durcir le ton de façon progressive sur les trois albums suivants. On vous attendait presque davantage dans un registre vraiment violent suite à l’arrivée de Vincent, avec lequel vous aviez livré dans un premier temps trois morceaux ultra-burrinés pour Les Sentiers de l’Aube…

C’est vrai que les envies sont cycliques chez AqME. Nous restons entiers dans ce que nous faisons, on ne se pose pas vraiment la question de ce que nous devons faire ou pas. Nous agissons en fonction de ce que nous ressentons à l’instant ou nous le faisons. Ces dernières années nous avons renoué avec une forme de rock, tout en n’abandonnant pas pour autant notre côté plus métal. Notre bagage musical est très large et notre parcours musical en témoigne. Nos fans n’ont jamais pu prédire ce qu’AqME allait faire. Ça nous va très bien.

AqME reste un groupe qui, a certains moments de son existence, a su se montrer créatif dans l’urgence. La Fin des Temps était sorti une année après Polaroïds, Jupiter quelques mois après l’intégration de Julien et Les Sentiers de l’Aube avait été écrit rapidement avec Vincent. Comment analysez-vous ce processus d’écriture particulier, vous qui avez-eu l’occasion de l’expérimenter par le passé ?

C’est un processus sans pitié qui peut parfois se révéler magique, mais ça peut aussi totalement foirer. Dans le cas de Requiem, on s’est dit que certains titres avaient un gros potentiel, et les derniers morceaux écrits dans l’urgence nous paraissaient également très forts même si nous n’avions pas de recul. Nous avons travaillé au feeling, sans trop se poser de questions. Mais assez vite pendant l’enregistrement, j’ai senti que le niveau était bien là, que l’album allait être fort en émotions. On doit une fière chandelle à At(h)ome, notre label. Ils nous ont accompagné et soutenu encore une fois pour le projet artistique le plus fou et ambitieux de l’histoire du groupe.

Les paroles de Vincent tournent majoritairement autour de la mort ainsi que de « l’après ». Était-ce une façon pour lui d’extérioriser par rapport à cette « mort annoncé », ou un « jeu conceptuel » qu’il s’est autorisé / imposé ?

Nous avons toujours livré nos états d’âme du moment, sans tricher. C’est donc logiquement que Vincent parle essentiellement de la mort du groupe et plus généralement de la fin de toute chose sur ce disque. C’est sans doute notre album le plus fort émotionnellement avec Vincent. Il n’a pas non plus eu le temps de calculer et a couché ses sentiments sans fard, de manière très sincère et entière.

Vous avez dévoilé une vidéo annonçant la participation de Thomas et Ben pour le futur concert du Trianon. Vous sembliez à cette occasion plongés en pleine répétition. Comment avez-vous « renoué » avec vos anciens compagnons, sachant notamment que le départ de Thomas s’était à l’époque opéré dans la douleur ?

Les choses se sont faites de manière assez naturelle. On se connaît tous bien, les années sont passées. Les mauvais sentiments s’estompent. On se réunit pour passer un bon moment ensemble, faire plaisir à nos fans. On ne se pose pas plus de questions que ça.

Benjamin et Thomas sont restés éloignés du milieu pendant quelques années. Avez-vous retrouvé aisément vos « automatismes de groupe » ?

Tout le monde pourra se faire son idées sur cette question en octobre prochain, à l’occasion du concert au Trianon.

Eths est récemment parvenu à capturer son dernier show en faisant appel au financement participatif. Pourrait-on envisager ce type de dispositif afin de garder un souvenir vidéo de votre baroud d’honneur ?

C’est tout à fait envisageable. Pour l’instant , nous restons concentrés sur ce début de tournée et la sortie de cet ultime album. Il reste encore quelques mois afin de tout préparer pour le Trianon.

Un grand merci à Etienne ainsi qu’à Vincent.

Nouvel album, Requiem, disponible à compter du 12 avril via le label At(h)ome.

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