{multithumb thumb_width=500 thumb_height=325}Interviewer Mass Hysteria n'aura pas été tache aisée. Non pas que le groupe soit intouchable, bien au contraire, le problème venant plutôt de l'organisation du festival accueillant la formation ce soir. Alors que l'on m'avait confirmé que mon pass était « All Access », je me retrouve bloqué devant les barrières de sécurité par un vigil fort sympathique ne possédant qu'un unique mot à son vocabulaire (en l'occurrence : « non »). Un coup de fil à la personne en charge du groupe débloque néanmoins la situation, et mon nouvel ami, soucieux de bien faire son travail m'accompagne en me saisissant par le col, comme un malfrat. La situation prête à rire, d'autant plus quant on voit de quelle manière le public est encadré. L'alcool et autres substances illicites pénètrent sur le site sans aucun contrôle, et nombreux seront les morts-vivants évacués sur les civières des pompiers. Le temps de me faire des adieux déchirants, et celui-ci me laisse en compagnie de la très accueillante manageuse (sans second degré en ce qui la concerne) qui me conduit dans la loge des Mass où je suis attendu par Raphaël et Yann.
BEN : Quatre ans se sont écoulés depuis De Cercle en Cercle, que s'est-il passé pendant cette longue période ?
Yann : Au départ, on s'était dit que l'on allait prendre notre temps pour refaire un album. On voulait se poser un petit peu, on venait de finir une tournée et ça faisait huit ans que l'on enchaînait avec les sorties d'albums, on a changé de maison de disque… Donc tout cela a pris du temps, on s'est remis à composer après avoir signé les contrats, ça a été long.
Raphaël : On a trouvé l'inspiration après, on avait composé des trucs qui ne nous plaisaient pas vraiment, on a donc tout recommencé et ça a pris un peu plus de temps que prévu.
Vous n'avez pas renouvelé votre contrat chez Yelen, pourquoi ?
Yann : C'est juste qu'après avoir passé huit ans avec des gens, il vient un moment ou tu as envie d'aller voir ailleurs. On ne s'est pas du tout embrouillés, on avait juste envie de voir de nouvelles personnes, une nouvelle façon de travailler…
Raphaël : En plus, la personne qui s'occupait de nous chez Yelen était partie, donc pour moi c'était un peu comme un changement de label, on n'a donc pas reconduit notre contrat.
Matt Hyde remplace Colin Richardson à la production, qu'est-ce qui a motivé ce choix ?
Raphaël : On voulait un son plus rock…
Yann : On s'est donc dirigé vers un producteur qui faisait de la pop afin d'avoir un son plus…
Raphaël : Plus clair.
Yann : Oui, plus percutant…
Raphaël : Surtout moins froid que De Cercle en Cercle.
Yann : On a écouté plein de producteurs, mais lui il voulait vraiment s'occuper de nous, il avait flashé sur nos maquettes. On l'a rencontré et ça c'est bien passé, c'est une personne assez jeune de plus puisqu'il a vingt sept ans, et on a donc décidé de le faire avec lui.
L'album est encore plus diversifié et alterne des titres énergiques avec d'autres plus mélancoliques, aviez-vous comme objectif d'explorer une plus large palette d'émotions ?
Yann : Moi je trouve qu'il y a plus de cohésion…
Raphaël : C'est moins éparpillé…
Yann : Dans le précédent, il y avait un titre avec des rappeurs, ou encore des plages plus électro. Là c'est douze morceaux dans un style bien à nous. On ne s'est par contre jamais posé de questions, cette évolution est vraiment venue toute seule.
Raphaël : Avec Mass Hysteria, on ne s'est jamais posé de questions. On fait ce qui nous passe par la tête, et pour ce nouveau disque, les nouveaux titres nous plaisaient à tous.
Miossec a contribué à l'écriture de quelques textes, d'où vous est venue l'envie de travailler ensemble ?
Yann : On avait composé la base de sept morceaux, mais Mouss avait un peu le symptôme de la page blanche, l'inspiration ne venait pas. Il avait juste écrit à ce moment là « L'emo Clef » qui traduisait plus une envie de partir qu'autre chose. Miossec, qu'il connaissait depuis longtemps, l'a invité à chanter avec lui sur un festival contre la guerre en Irak au Zénith. A la suite de ça, Mouss lui a demandé s'il voulait bien lui écrire quelques trucs. Ils se sont revus pour écouter les instrumentaux, et deux mois après on avait six textes. Du coup Mouss a retrouvé l'envie d'écrire, et ce qu'il a écrit à la suite est encore meilleur que ce qu'il avait pu faire avant.
C'est beaucoup plus personnel que par le passé…
Yann : Quant tu a quelqu'un comme Miossec qui t'écrit quelque chose, il faut se mettre au niveau ! (Rires). Mouss écrivait déjà super bien avant, mais il fallait traduire, c'était parfois ambiguë. Cette fois-ci, il va plus à l'essentiel.
Raphaël : En fait, on n'en a gardé que deux tel quels. Miossec nous a laissé faire ce que l'on voulait avec ses textes, donc on a retouchés les autres.
C'est une question qui s'adressait à Mouss, mais beaucoup semblent surpris par l'intonation de la voix, est-ce que vous savez si c'est quelque chose qu'il a travaillé ?
Yann : Je vais répondre à sa place, mais vu que ses textes sont plus personnels, je pense qu'il avait vraiment envie que les gens le comprennent. Je ne pense pas que ce soit voulu, c'est venu un peu comme ça, avec les morceaux, on a des maquettes plus anciennes par exemple ou le chant etait un peu moins clair…
L'artwork est également ultra-simple, était-ce quelque chose de voulu ?
Yann : Il s'est passé tellement de choses durant ces trois ans, bonnes comme moins bonnes… Ces douze nouveaux morceaux parlent de nous, de nous pendant ces trois années. On a reçu plein de pochettes différentes, mais il n'y avait strictement rien qui ne nous plaisait. Comme cet album était celui qui nous ressemblait le plus, on s'est dit qu'on allait l'appeler Mass Hysteria, avec pour pochette le logo en gros. C'est une idée que l'on avait déjà eu au départ, mais l'on était reparti sur d'autres choses par la suite.
J'avais lu que Mass Hysteria ne faisait quasiment pas de restes durant l'enregistrement (dans le sens ou tout finissait sur album). Pourtant on retrouve sur l'édition limitée deux titres bonus, pourquoi les avoir écartés de la track-list définitive ?
Yann : Oui, ils sont sur le digipak. La reprise de Miossec (« Non non non, je ne suis plus saoul ») on voulait la garder pour autre chose, c'était plus un clin d'œil, finalement elle est sur l'album et puis « Sexylex », c'est un morceau que l'on a composé dans les derniers mais qui ne collait pas trop avec le reste, c'était plus une plage marrante, second degré. On a voulu garder la cohésion, c'est pour cette raison que l'on a gardé ces deux là un peu à part.
La tournée a débutée dans les jours qui ont suivis la sortie du disque, comment cela ce passe-t-il jusque ici ?
Yann : C'est carrément énorme ! Pour moi on est bien meilleurs actuellement que lors des précédentes tournées !
Raphaël : Il y avait vraiment l'envie après toutes ces années…
Yann : A chaque fois que l'on monte sur scène, on est vraiment remontés à bloc. Tout ce passe vraiment super bien, on a du faire notre meilleur concert il y a une semaine… et puis voir tous ces gens qui nous attendent…
Pour la suite, que prévoyez-vous ?
Yann : En septembre, on lance notre tournée (le groupe joue au moment de l'interview sur les festivals d'été) qui va durer jusqu'en décembre je crois, avec une date à l'Olympia le 27 Septembre.
Et pour ce qui est de l'étranger ?
Yann : On passera par le Québec, mais sinon il s'agira surtout de pays Francophones.
Raphaël : On va peut-être aller en Hongrie.
Yann : Moi sinon j'aimerais beaucoup le Portugal…
Raphaël : Ou l'Espagne…
Vous avez toujours étés réputés pour vos prestations scéniques, prévoyez-vous la sortie d'un DVD ?
Yann : On en a vraiment envie, mais il y a deux choses à régler : Premièrement, il faut que l'on voit avec Sony car on a des morceaux chez eux, et deuxièmement, il faut que l'on trouve une équipe avec qui on veux vraiment le faire. C'est prévu, même si pour l'instant il n'y a pas de projet vraiment concret, mais on aimerait bien que ce soit la prochaine sortie pour le groupe.
Raphaël : J'espère vraiment qu'il sortira pour la fin de l'année prochaine.
La plupart des jeunes groupes n'hésitent pas à vous citer en exemple, avez-vous conscience d'avoir influencés toutes ces formations ?
Yann : On ne s'en rend pas compte, mais c'est vrai que l'on nous le dit. Hier j'étais dans une soirée avec Davy de Pleymo, après quelques whisky il m'a dit ce genre de choses… Bien sûr, ça m'a touché. Nous on est en parallèle avec ces gens là, et pour moi ils étaient plus influencés par des groupes de néo-métal Américains…
Vous avez toujours prônés l'éclectisme, que pensez-vous de l'ouverture d'esprit du public Français actuellement ?
Yann : On en parlait justement l'autre jour, nous on trouve que c'est de mieux en mieux. C'est sans doute pour ça qu'il y a de plus en plus de groupes de rock qui fonctionnent, des gens qui n'écoutaient pas ce style musical à la base s'y mettent. Les jeunes maintenant écoutent aussi bien Mass Hysteria que Louise Attaque ou encore Portishead… Une affiche comme Bobital (qui proposait un programme allant de La Rue Ketanou à Scorpions ou Mass) c'est très bien. Il y a dix ans, en Belgique ou dans d'autres pays étrangers, ça se faisait déjà. En France, c'est les vieilles charrues qui ont en peu lancé l'idée…
Raphaël : Des manifestations comme le Fury Fest c'est bien aussi, mais se taper quarante cinq groupes énervés dans la même journée… Tu lâches obligatoirement au bout d'un moment, enfin pour moi.
Justement en parlant du Fury Fest, qu'avez-vous pensés de ce qui est arrivé à Slipknot l'année dernier ?
Yann : C'est hallucinant, que ce soit Slipknot ou même Kyo, qui a rencontré le même problème il y a une semaine, c'est complètement ridicule. Si tu n'aimes pas, tu vas voir ailleurs, ou boire une bière…
Merci aux Mass, à leur sympathique manageuse ainsi qu'à l'équipe du label Wagram.