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INTERVIEW DE JERRY BOUTHIER

À l’occasion de la dernière sortie du label KitsunéKistuné Trip Mode mixée par ce DJ/ Producteur pionnier de la scène électronique française des années 90′, Jerry Bouthier nous a accordé un peu de temps pour répondre à nos questions.

Est-ce que vous pouvez vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore?

« Je suis un Parisien émigré à Londres, dj et producteur sous le nom de JBAG avec Andrea Gorgerino. Je travaille beaucoup avec Kitsuné et dirige mon label Continental records. Je suis aussi sound-designer pour la mode et consultant musique pour des marques et des hôtels. En gros je suis un filtre qui source de la musique pour des utilisations variées, toujours à la recherche du morceau qui correspond le mieux au moment ou au brief. »

Un petit mot pour présenter la maison Kitsuné, votre histoire, ce qui vous attirent dans cette maison de disque?

« C’est bien simple, dès leur première sortie, la compil Love, je suis tombé amoureux de l’esprit musical et de l’image que suggérait Kitsuné. C’était exactement ce dont j’avais envie à l’époque, et encore maintenant. La musique liée aux vêtements, c’est la base de tout pour moi. Et puis cette idée que la musique fusionne désormais instruments traditionnels et technologie, Kitsuné avait compris ça il y a 10 ans déjà. J’ai commencé à sérieusement les saouler pour avoir régulièrement les disques en avance, ainsi je me suis lié naturellement avec Gildas Loaec, l’éminence musicale du label. Nous avons souvent des goûts similaires, une oreille aiguisée pour dénicher les tracks qui donnent envie. J’étais résident du club BoomBox à Londres dans lequel nous l’invitions souvent à jouer, ça n’était vraiment pas un club comme les autres, assez unique dans son approche de la musique, des looks et de faire la fête, du coup j’ai sorti un mix BoomBox sur Kitsuné. Et puis d’autres après (Ponytep, Soleil 1 & 2). Kitsuné Trip Mode est le premier dont j’ai pleinement défini le concept, l’idée de faire un mix dj inspiré par les atmosphères essentiellement féminines de la mode tout en poussant l’aspect psychédélique et enchanteur au maximum. »

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Vous êtes revenus avec une compilation « Kitsuné Trip Mode ». Allez-vous peut-être vous consacrer sur un futur EP ou un Maxi?  

« Cet été, JBAG a sorti son troisième EP « Through Blue » (inclus sur « KTM ») avec en guest le chanteur de Kamp!, ce groupe electro-pop polonais craquant, déjà célèbre dans son fief. Nous travaillons sur le prochain, une collaboration avec la chanteuse de Shindu, duo Belge faisant partie de la famille. Et puis finissons de remixer la prochaine sortie Continental qui proposera des remixs d’un chouette (petit) tube anglais de 1987, Scarlet Fantastic -« No Memory », par une fine fleur de producteurs dont Luke Million de The Swiss ou encore Sean Hi-Fi l’ancien chanteur du groupe baggy The Soup Dragons. »

Vous êtes directeur musical chez Vivienne Westwood. Êtes-vous une sorte de DJ pour les grands défilés ? Est-ce exactement le même travail que de mixer dans les clubs ou alors complètement différent ?

« J’ai été en charge de la musique chez Westwood pendant 5 ans et ai réalisé les bandes sons d’une cinquantaine de défilés à ce titre. J’ai travaillé avec pas mal d’autres créateurs à Londres et ailleurs. Le travail est différent, dans un club le dj est là pour faire danser, à un défilé le dj construit une atmosphère particulière longuement mûrie avec le créateur. Au final le spectre musical est beaucoup plus large, ça ouvre des tas de possibilités. C’est cette ouverture d’esprit et liberté qui m’intéressait pour KTM, pas de dogmes ou d’ornières. Et puis dans les défilés, le dj ne mixe pas live dans 99% des cas. Moi je le fais un peu, histoire d’être calé avec le timing des vêtements quand le besoin est, mais tout est préparé en studio avant, mixé et produit afin de pousser l’aspect dramatique au maximum et que le public des défilés assiste à un vrai show. Des événements comme ça ne s’improvisent pas. »

Il y a de nombreux choix dans cette compilation, beaucoup d’influences, des styles qui se rapprochent et d’autres complètement différents. Comment s’est fait votre choix dans le catalogue Kitsuné pour cette compilation ? 

« C’est tout simple, ils me font écouter tout ce qui se prépare et je trie en fonction de l’humeur, de l’atmosphère que je veux développer dans le mix. Par ex pour la série Soleil en partenariat avec Gildas, le thème est évidemment l’été et les vacances, donc il faut que tu sentes les rayons de soleil te caresser la peau à l’écoute de chaque morceau. Pour Kitsuné Trip Mode je cherchais des morceaux plutôt extatiques et très mélodiques qui suggèrent une certaine idée de la beauté et de la féminité mais sans être nunuche non plus, en conservant un esprit moderne et audacieux, voire même trippy et enivrant. Tout en faisant attention à ne pas adopter un style prédominant particulier mais au contraire de proposer différents états d’esprit afin de raconter une histoire avec des chapitres et des émotions différentes, un peu comme un film à écouter. Au fil des années mes goûts évoluent, je suis beaucoup plus ouvert que je n’ai pu l’être et finalement tout finit par se mélanger. C’est pareil pour JBAG, on ne sait plus trop si on fait de la house, du nu-disco, de la pop ou du funk, moi j’appelle ça « balearic » tout simplement, c’est l’étiquette qui résume le mieux ce que nous faisons je crois. Cet esprit de l’Ibiza d’antan, où toutes les musiques pouvaient se mélanger sur le dancefloor sans distinction et sans barrières, un concept originellement défini par le maître de l’île, le dj argentin Alfredo qui fit les beaux jours de l’Amnesia et du Pacha. Quand je fais dj c’est la même chose, je ne me cantonne pas à un style particulier, je me concentre surtout sur les transitions et les enchaînements, la qualité des titres, leur contenu émotionnel, en essayant de mélanger le plus possible car personnellement quand je danse j’ai envie que le dj me fasse voyager et me surprenne, pas qu’il m’endorme ou me matraque le crâne. »

Vous vous voyez comment dans dix ans? 

« Franchement, à faire exactement la même chose. J’adore chacune de mes activités et n’envisage nullement de raccrocher. Tant que la musique me fait vibrer, car tout est là. Depuis toujours passionné par les sons futuristes je rebondis sur les nouvelles scènes et tendances, en effectuant le tri. Malgré la sur-commercialisation de la musique électronique, l’avènement et le succès de genres fast-food comme l’EDM, je continue de croire que même s’il y en a moins, les musiciens inspirés ne s’éteindront pas et qu’ils continueront de faire avancer la musique. J’espère que je travaillerai plus encore avec la mode et les marques car elles ont grand besoin d’aide, la musique étant essentielle pour communiquer un univers intéressant et marquant. Et puis un jour peut être écrire sur la musique aussi. J’ai de bonnes histoires et comme tout bon français j’adore philosopher haha. »

Il y a des artistes électronique avec qui vous aimeriez collaborer dans le futur? 

« Je suis ouvert à tout, toute expérience est bonne. Maintenant ça fonctionne très bien avec mon partenaire musical Andrea, nous ne manquons pas d’inspiration mais injecter du sang neuf est toujours positif, essayer des choses nouvelles ne peux faire qu’avancer. »

Selon vous, le public électro a changé depuis vos débuts en tant que pionnier de ce genre?

« Pendant longtemps en France c’était une scène pour initiés et passionnés curieux et enthousiastes. Aujourd’hui qu’on aime ou pas tout le monde est conscient que la musique électronique est là pour rester car elle est partout, même la variété est devenu électronique. »

Que penser de la nouvelle vague électronique française ?

« A qui fait tu référence en particulier? Il se passe beaucoup de choses en France. Reflex de l’écurie Continental basés dans le sud la France sont de formidables compositeurs, on entend rarement de si beaux accords. Ce sont les Eurythmics pop français haha. J’aime beaucoup les rythmes chaloupés, il y en a de plus en plus, le producteur Myd est particulièrement doué car son oreille est très musicale et bat a plate couture ses équivalents. J’aime beaucoup Pyramid aussi, LOGO, Oxford, Julien Plaisir de France, le dj Claap, Golden Bug ou encore Black Strobe, il est loin le temps ou la France était à la traîne. Les Belges sont très bons aussi. En fait aujourd’hui je me sens souvent plus belge que français, car les belges sont très anglophones dans leur attitude à la musique. Leur position centrale au sein de l’Europe les rends particulièrement riches puisqu’ils absorbent des éléments des cultures flamandes, françaises, anglaises et allemandes qui se trouvent  autour d’eux. »

Votre artiste du moment ?

« Ça change tous les jours et puis il me serait impossible d’en isoler plus qu’un autre… Je suis fan de tous les artistes qui sortent des disques chez Continental, c’est la condition sine qua non pour travailler ensemble: Mjolnir de Jakarta, Boys Get Hurt de Tokyo, Cyclist de Toronto, Mannequine de Zurich,  Refelex, Shindu font tous de très bons disques… En dehors de Continental, Kitsuné reste mon label préféré car les idées et tendances fusent dans tous les sens, ça change tout le temps, il y a toujours de nouvelles choses excitantes qui se profilent a l’horizon comme le second album des londoniens Citizens! ou les maxis récents de Danglo et Frances (remixé par le mexicain Cesare). Le titre du français Croquet Club sur la compil Maison 16 (qui s’apprête a sortir) est démentiel, la ligne de basse de l’année, plus deep tu meurs. »

Samedi 13 Septembre, c’était la grande soirée où vous avez mixé sur les toits de Paris pour présenter « Kitsuné Trip Mode ». C’était ambiance chilling ?

« C’était exactement ça, dans un lieu unique a Paris avec une vue de 360 degré sur les toits de Paris. Et pourtant dans une ambiance méditerranéenne avec un soleil magnifique comme si la plage était a deux pas. La soirée a d’ailleurs été prise d’assault et nous nous excusons pour tout ceux qui n’ont pas pu rentrer, car ça a été très compliqué a la porte. »

Retrouvez l’article concernant la nouvelle compilation Kitsuné : Kitsuné Trip Mode

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