{multithumb thumb_width=500 thumb_height=266}Nombreux sont ceux qui ayant découverts les Smashing Pumpkins sur le tard s'étaient faits à l'idée qu'il faudrait se limiter à la simple écoute des disques, aussi fabuleux soient-ils. Les annonces de Billy Corgan relançaient enfin tous les espoirs, après plus de six ans de silence radio qui aura vu nombre de clones néo-metal prendre le contrôle des ondes. Six longues années pendant lesquelles le leader des citrouilles a continué son petit bonhomme de chemin dans différents projets plus ou moins couronnés de succès. Mais en cette soirée du 22 mai, Billy allait renouer avec les applaudissements en marquant son vrai retour, un come-back au sein du groupe auquel il restera inévitablement et à jamais rattaché. Pour la première date de la tournée, les citrouilles avaient rendez-vous avec l'une des plus belles et prestigieuses salle parisienne, laissant par la même occasion planer bon nombre de questions sur les événements à venir.
La première et principale concernait bien évidemment le line-up de cette reformation, car même si James Iha avait clairement déclaré ne pas avoir été contacté par Corgan, l'espoir subsistait. Finalement, point de Iha, de D'Arcy ou de Melissa Auf Der Maur à l'horizon mais bien les deux lauréats précédemment et non officiellement présentés quelques semaines plus tôt sur internet, à savoir Jeff Shroeder à la guitare et la charmante Ginger Reyes pour ce qui est de la basse. Difficile pour ces deux petits nouveaux, visiblement impressionnés face à une assistance chaude bouillante (aurait-il pu en être autrement ?) de s'imposer, d'autant plus aux côtés de véritables légendes comme Billy Corgan ou Jimmy Chamberlain. L'entrée sur scène sera discrète, presque hésitante, l'interprétation impeccable. Car si la complicité ne semble pas encore avoir eu le temps de véritablement s'installer au sein de cette nouvelle mouture, force est de constater que les Pumpkins cru 2007 maîtrisent déjà et de nouveau leur art à la perfection, et vont s'efforcer de le prouver sur près de trois heures, fait assez rare pour être souligné.
Tout de blanc vêtus et baignés dans un éclairage chaleureux et intimiste, les Smashing Pumpkins menés par un Corgan en robe de gourou vont opérer un choix relativement risqué au niveau de la set-list, déstabilisant plus d'une personne de l'assemblée mais satisfaisant pleinement une écrasante majorité. Le quatuor, appuyé pour la peine par une claviériste sur une grande majorité de compositions, a en effet décidé de privilégier un futur que l'on imagine aisément radieux à son pourtant glorieux passé. Zeitgeist, nouvel album programmé pour la saison estivale, est donc à la surprise générale très largement mis à l'honneur et vient occuper une imposante place au sein de la set-list (composée de 29 titres !). L'occasion de rassurer une partie des fanatiques, méfiants envers ce changement de 50% du line-up, sur l'excellente teneur de celui-ci. Car à l'image de « Tarantula », fantastique premier single, Zeitgeist reste dans la veine Smashing Pumpkins, tout en ne se montrant pas avare en évolutions.
Très rock dans l'ensemble et à mille lieux des expérimentations raffinées d' Adore, ce nouvel opus fait la part belle aux guitares, le nouveau binôme formé par Corgan / Shroeder s'en donnant à cœur joie, notament à travers une bonne louche de solos et de nombreuses étendues musicales parfois étalées sur cinq ou six minutes. Cette avalanche d'électricité sera interrompue à l'occasion d'une pause acoustique centrée sur un Billy Corgan qui livre une prestation vocale pleine d'authenticité et d'émotion. Entre deux nouveaux brûlots, la formation n'a pas oubliée de parsemer une grosse poignée de hits incontournables qui laissent pleinement la salle exploser d'une joie non dissimulée. « 1979 », « Tonight Tonight », « Today », l'explosif « Zero », « Stand Inside Your Love », une bonne partie des vieux succès y passent, même si le groupe se fendra d'un « Bullet With Butterfly Wings » massacré du début à la fin. Qu'importe, les paroles seront reprises en cœurs par les rangs du Grand Rex. Jimmy Chamberlain derrière ses fûts confirme son statut de grand batteur, s'octroyant un solo qui ferait pâlir d'envie plus d'un apprenti musicien. On pourra certes regretter la relative absence d'extraits de Machina (et de l'incontournable « The Everlasting Gaze »), mais la qualité ne pourra aucunement laisser place à une quelconque déception.
« Untitled », inédit dévoilé suite à l'annonce de la séparation, clôturera la première partie du show comme il avait à l'époque tristement refermé le livre des Citrouilles. Le groupe reviendra néanmoins à deux reprises, expédiant encore quatre titres (« Shame », « Silverfuck », « Annie Dog » et « Muzzle ») avec la même énergie et un plaisir intact. Billy restera sur scène alors que ses camarades rejoignent leurs appartements, se confondant une nouvelle fois en remerciements, promettant un prochain détour par Paris. En attendant, difficile de penser que l'on pourra une nouvelle fois assister à un concert aussi magistral. Un grand album se profile déjà à l'horizon, nul doute que ce come-back ne risque aucunement de passer inaperçu.