{multithumb}Alphabet Prison disponible depuis maintenant presque quatre mois, il était plus que temps pour Pleymo de reprendre la route. La soirée a cependant manqué de ne jamais commencer pour nous, puisque l'entrée nous est refusée suite à un oubli de Sony. Heureusement qu'un régisseur sympathique passait par là, nous délivrant notre sésame dans la foulée. Juste a temps pour apprécier le show de Tang, groupe émergeant de la scène régionale.
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Un choix de première partie plutôt étrange car radicalement éloigné des chemins rock – pop – metal parcourus par les six récents trentenaires tenant le haut de l'affiche. Tang pratique un hardcore teinté d'émo, et surtout sans concessions. Pas de chant clair ni de structures ciselées à la sauce FM, le quatuor ne craint pas de se voir confronté à un public très jeune et balance avec rage une bonne tripotée de morceaux tous plus difficiles d'accès les uns que les autres. Délectable. Mais malheureusement incompris. La formation lilloise s'éloigne en effet tout aussi radicalement de Pleymo de par une prestation scénique statique au possible, brisant l'organisation de scène traditionnelle (étrangement toujours soigneusement respectée) visant à placer le chanteur au milieu et la batterie en arrière plan.
Leurs compositions, sombres, torturées mais aussi magnifiquement envoûtantes, ne portent pas vraiment à la fête. La très jeune assistance essaye en vain de déclencher quelques mouvements dans la fosse, peine perdue tant la musique de Tang ne s'y prête pas. Quarante-cinq très courtes minutes, un set intense et passionné, probablement ennuyant pour une majorité d'auditeurs qui auraient probablement préférés un rock plus catchy et sautillant. Ceux-ci vont être servis par la prestation qui va suivre. Car entre Tang et Pleymo, c'est presque le jour et la nuit, qu'il s'agisse de musique, d'attitude scénique et de réaction du public.
Dès les premiers accords d'un « Zéphir » rageur ainsi que du groovy « Sept », la fosse entre dans une ébullition totale, hurlant les paroles aussi fort que possible et enchaînant les slams aussi vite qu'un punk vide les canettes de bière. Pleymo est encore l'un des rares groupes de néo Français à remporter un large succès, fait une nouvelle fois confirmé par une salle comble ce soir, débordant de fidèles connaissant chaque album sur le bout des doigts. Pourtant, l'interprétation des premiers morceaux s'avère loin d'être parfaite, le groupe semblant n'avoir guère profité des semaines précédentes pour répéter son set. Les tirades vocales de Marc dérapent, les pains à la guitare sont nombreux, mais les parisiens vont fort heureusement compenser ce lourd handicap par un déploiement d'énergie fort appréciable. Les six musiciens sont en effet déchaînés et ne tiennent comme à leur habitude pas une seule seconde en place, les compositions sélectionnées pour ce début de set contribuant de plus grandement aux différentes chorégraphies qui nous sont exposées.
Marc communique au maximum, et sera même forcé à peine dix minutes après le début du show de calmer une sécurité particulièrement zelé lorsqu'il s'agit de dégommer des adolescents volants par-dessus les barrières. Seul Eric ne semble pas vraiment de la fête, encapuchonné et cantonné dans ses positions, sortant même parfois de scène entre les morceaux. La première moitié du set se veut malgré tout explosive, et mettra notamment à l'honneur Episode 2 : Medecine Cake, second opus qui avait révélé Pleymo au grand public. Les désormais classiques « Tank Club », « Tout le monde se lève », « World », « New Wave » ou encore le traditionnel braveheart de « United Nowhere » mettent le feu au poudre, avant que le sextet n'embraye sur un enchaînement de compositions plus mélancoliques extraites de ces derniers travaux. Avec « Divine Excuse », la ballade « Je Regrette » ainsi que le nostalgique « Le Nouveau Monde », les six zigotos proposent quelques incartades plus reposantes, le chant de Marc se montrant plus convaincant lorsqu'il cesse de sauter dans tous les sens.
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L'ambiance survoltée refait son apparition le temps d'un rappel plutôt copieux, puisque Pleymo remonte sur la scène du Splendid avec un « Vanité » proche du style de Keçkispasse. Des débuts qui seront d'ailleurs totalement oubliés, puisque exception faîte d'une décharge de saturation sur un « Blohm » fédérateur, le groupe aura fait l'impasse sur son premier essai. Dommage. Pleymo a sans doute flairé que son public s'était renouvelé depuis, et qu'une partie minime de l'auditeur attendait réellement ces morceaux aux paroles complètement incompréhensibles mais aux instrumentations sautillantes à souhait. En tous cas, même si Pleymo n'a pas livré ce soir là une interprétation impeccable, on ne pourra guère leur retirer leur motivation, pour laquelle ils obtiennent une note plus que correcte.