Tagada Jones, UltraVomit, No one is Innocent et La Phaze : un programme vénère à Bar-le-Duc !
Au dernier week-end d’août, toute la Gaule a remballé les chapiteaux de festivals. Toute ? Non ! Car une petite ville peuplée de Meusiens résiste encore et toujours à la fin de l’été.
Depuis 2010, le Watts à Bar est l’un des derniers éclats de décibels dans le ciel lorrain avant que la grisaille et les concerts en intérieur ne reprennent leurs droits. Sa carte de visite : faire du bruit, et le faire bien. Il était donc bien évident pour Vacarm d’abouler sonomètre et écocup dans la petite ville de Bar-le-Duc lors du week-end du 31 août… à un détail près : si la programmation du premier jour misait sur la musique de gros boeufs (et non beaufs), celle du second misait sur la musique de ceux qui aiment la beu.
On ne refera pas le portrait de Tagada Jones, mythique groupe d’énervés qui a bien joyeusement ouvert les hostilités ce vendredi. Comme les copains de No one is innocent, le quatuor n’a pas pris une ride malgré ses 25 ans d’existence. Et ses chansons non plus : même si on braille Tout va bien comme tout juste sorti de seconde SES, ça fait un sale pincement de se dire que la rengaine, comme toutes leurs autres chansons, est toujours terriblement d’actualité. Mais le sentiment d’être avec des copains est tenace, et l’ambiance est à la fête.
Même combat pour la suite ; tant qu’il y aura de l’injustice, il y aura No one is innocent pour dénoncer avec violence et fracas. Le groupe a défendu son récent album « Frankenstein » en peignant un bien noir tableau du monde actuel, rejoint par le chanteur de Tagada Jones pour le titre Charlie, qui évoque des copains qui auraient pas dû partir.
A l’heure où, devenu dépressifs, on compare les programmes de la France Insoumise et de Lutte Ouvrière, un rayon de soleil pouet-pouet arrive pour alléger l’ambiance. Les Looney Tunes du metal a.k.a. Ultra Vomit ont permis une interlude salvatrice dans la lourdeur générale, à base de pipi, mais également de caca. Le chapiteau, qui était déjà un manège à slams, devient une gigantesque fête metal. Un grand moment de fun sur fond musical irréprochable, le tout dans le ventre d’un chien géant avec, ça alors, le chanteur de Tagada Jones ! Mention spéciale au gars des canards.
Retour à plus de sérieux avec La Phaze sur fond de rythmes drum and bass ; encore des vieux de la vieille, mais le groupe fatigué a été mis en sommeil en 2012. Le retour a été brutal : le chanteur Damny s’est rompu le talon d’Achille il y a quelques semaines en plein concert. Être plâtré et assis ne l’a pas empêché d’envoyer anciennes et nouvelles chansons avec une puissance implacable. Avec le chanteur de Ta… Non je déconne, il était sur le côté de la scène mais il s’est pas montré cette fois. On garde les oreilles grandes ouvertes pour le nouvel album de La Phaze, qui devrait sortir au printemps 2019.
On termine la soirée avec une plongée totale dans le dub : l’identité musicale des Lyonnais de High Tone a quelque chose d’unique, et la part du public venue écouter des sons plus énervés est restée volontiers sous le chapiteau parcouru de nappes audio planantes. Le chanteur de Tagada Jones ne doit pas être loin non plus.
On remercie l’équipe du Watts a Bar pour leur accueil, et un big up particulier aux infatigables gars de la sécu, qui ont porté en princesse des dizaines de slammers et slammeuses pendant toute la soirée avec la bienveillance de gentils papas. Chapeau !
Photos : Ugo Schimizzi