{multithumb}Si Roubaix semble de l'extérieur traîner dernière elle une image plutôt négative, force est de constater que la ville se bouge au niveau culturel depuis maintenant quelques années. La cave aux poètes propose à de nombreuses occasions des soirées fort intéressantes, mais sa faible capacité l'empêche d'accueillir les protagonistes de la soirée. C'est donc à deux pas, dans la salle Waltremez, que nous était donné rendez-vous avec les trois formations francophones.
Comme sur chaque date de la tournée, un groupe régional aura la difficile charge d'ouvrir la danse. La salle est encore peu remplie lorsque l'ovni musical qu'est Curry and Coco foule les planches. Composé d'un batteur et d'un chanteur / claviériste, le duo lillois instaure une ambiance très spéciale, leur style musical s'éloignant radicalement des deux maîtres de cérémonie qui vont suivre. Assez froid du fait d'une totale absence de guitares, le son reste difficilement abordable, d'autant plus sans pré-chauffage des oreilles. Reste que les deux musiciens se donnent à fond, alignant inlassablement les rythmiques robotiques et les sonorités complètement décalées extraites des tirades de clavier du frontman. Leur court EP est revisité en intégralité, complété de nombreux autres morceaux, ce qui semble particulièrement toucher un premier rang intégralement féminin. Des habituées apparemment, puisque les deux larrons enchaînent les prestations sur Lille et ses environs. Quelques privates jokes fusent, le rendez-vous est donné au Golden Wave, et la soirée se voit relancée par une composition batterie / voix des plus étrange. Assez original même si la découverte sur scène de la formation n'aide pas vraiment à rentrer dans leur petit univers.
Rhesus va instaurer une trentaine de minutes plus tard un climat bien plus chaleureux, la formation possédant à son actif quelques hymnes fédérateurs. Entre-temps, l'assemblée est sans surprise devenue bien plus conséquente, et c'est sous l'acclamation du public que les grenoblois entrent en scène armés de l'excellent « The Actress ». Le ton est donné, le trio semble en grande forme et prêt à en découdre pour cette toute dernière date d'une longue tournée de quatorze mois. Présentant deux tonalités de voix radicalement différentes mais néanmoins savoureusement compatibles et agréables, Aurélien et Laura adoptent également des comportements scéniques presque opposés l'un à l'autre. Le frontman ne tient pas une seconde en place, s'excitant sur sa six-cordes et effectuant de nombreux allers-retours, pendant que sa camarade de jeu adopte une attitude plus posée et statique, inondant de ses chœurs suaves les refrains des compositions du groupe.
Tout n'est pas parfaitement juste au niveau du chant, mais difficile d'en blâmer le trio tant celui-ci met le cœur à l'ouvrage. La communication est poussée à son maximum, Rhesus nous annonçant sa toute prochaine entrée en studio et plaisantant à de nombreuses reprises (les plus riches, ceux qui sont venus en mini-austin, seront donc priés de se rendre au stand marchandising au plus vite, les détenteurs de clio pourront quant à eux se rabattre sur les autocollants gratuits !). Les tubes s'enchaînent, repris en chœur par les premiers rangs, Rhesus balançant même en exclusivité deux inédits de très bonne facture (« No Direction » et « Hey Darling »). Le point culminant restera malgré l'excellent « Sad Disco » chargé d'émotions, sur lequel viendra se greffer le sympathique guitariste de Kaolin qui ne laissera pas de marbre les très nombreuses filles présentes dans la salle.
Il est donc 22 heures passées quand Kaolin prend à sa charge la suite des événements. Difficile de passer après l'incroyable prestation de Rhesus, et pourtant le quartet va élever la barre au même niveau, avec de plus une plage horaire nettement plus conséquente. Les quelques notes de xylophone suivie du semi-acoustique « Beach Party » introduisent le show dans la tranquillité, avant que les guitares n'explosent quelques secondes plus tard. Kaolin sur scène s'avère bien plus musclé que sur album, les morceaux prenant une toute autre dimension tout en conservant la même dose d'émotions ainsi qu'une sensibilité à fleur de peau. Les déjà rares représentants masculins présents dans les trois premiers rangs sont éjectés par la gente féminine qui s'amasse devant le guitariste Lulu, celles-ci reprenant mot par mot les paroles des hits que sont « Loin de l'île » ou encore le récent « Je reviens », tiré de leur dernier opus en date bien évidemment sur-représenté dans la set-list. Qui viendra véritablement s'en plaindre tant celui-ci s'avère riche en qualités… Les sourires se dessinent sur les visages des membres du groupe, qui laissera de nombreux refrains au public. « Belle évidence » clôture la première partie du set, et laisse place au jeu du « oh yeaah » auquel le public se prête bien volontiers, deux des membres de Kaolin sont originaires de la région, et ceux-ci ne manqueront pas d'exprimer leur satisfaction quant au public qui s'est déplacé ce soir. « Partons Vite », tube ultime largement diffusé sur les bandes FM du pays remportera sans surprise tous les suffrages, mais le plus impressionnant reste le respect de l'assemblée, qui n'ose même laisser échapper un petit hurlement lorsque le groupe joue tout doucement. Magique. Même sans Mathias Malzieu (leader de Dionysos), « C'est la vie » garde toute sa portée féerique. En guise de conclus
ion, on ne pouvait espérer mieux, même si c'est le tout aussi bon « Vide et silence » qui apportera le véritable point final à la soirée.
Authentiques, inspirées, sensibles et motivées par des préoccupations autres que strictement mercantiles, les formations présentes ce soir là à Roubaix prouvent que le rock Français à encore de très beaux jours devant lui. A voir et à revoir dès que l'occasion se présentera de nouveau.
Merci à Florence chez At(h)ome, à Julie pour l'organisation à la dernière minute, à l'appareil photo qui a mangé toutes les piles avant Kaolin ainsi qu'à ViVi.