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The Smashing Pumpkins – Siamese Dream

siamese dream smashing pumpkinsCertains albums sont intemporels. Siamese Dream est, au même titre que Nevermind de Nirvana, l’une de ces si précieuses perles rares. Un disque tellement habité qu’il sera presque impossible aux quatre américains de se fendre d’un successeur aussi beau et touchant, Mellon Collie And The Infinite Sadness s’en approchant néanmoins très fortement quelques années plus tard. Occulté par le succès du trio mené par Kurt Cobain lors de la sortie d’un Gish qui dessinait encore les contours d’un Smashing Pumpkins en recherche d’identité, le groupe accouche en 1993 d’une œuvre qui restera définitivement inscrite à l’encre indélébile au panthéon des albums rock.

Plus qu’une évolution, Siamese Dream est un pas de géant dans la carrière des citrouilles. Là ou Gish ne témoignait que de simples bonnes chansons, Billy Corgan ose enfin se livrer totalement et insuffle dans chaque composition une dimension humaine aussi touchante que vibrante (« Today », « Disarm », incroyable ballade aux paroles torturées). Une composante inhérente à la période de doutes alors traversée par les quatre de Chicago, une année de tensions internes qui rendent inévitablement l’album très sombre et désespéré, voire souvent très mélancolique. Pourtant, Billy Corgan n’est pas le meilleur vocaliste des années 90, et expose même un timbre nasillard qui pourra paraître irritant de prime abord. Mais le personnage sait désormais moduler son spectre vocal à merveille, témoignant de progrès flagrant depuis l’enregistrement de Gish. Le chant s’accorde à merveille aux instrumentations puissamment rock’n’roll à l’aide de tirades rugueuses (« Quiet », « Rocket »), muant vers un timbre nettement moins agressif à l’occasion d’une belle série de ballades poignantes de bout en bout (« Disarm », « Soma »), voire associant les deux registres au sein de morceaux abordants des ossatures alternant explosions d’électricités et étendues dépouillées (le classique « Today »). Le frontman et unique compositeur au sein des citrouilles tire surtout son épingle du lot en habitant ses paroles d’une sincérité à toute épreuve, fait d’autant plus perceptible lorsque celui-ci laisse planer ses interventions là ou les guitares se font discrètes (le superbe « Soma »). Car si Siamese Dream présente Corgan sous un visage nouveau, cette maîtrise vocale se montre grandement facilitées par un accompagnement instrumental plus adapté.

Car si auparavant les citrouilles se contentaient en grande majorité de garder le pied appuyé sur la pédale de saturation ou tout au contraire à livrer des essais apaisants assez anecdotiques et guère attachants, les quatre musiciens visent avec Siamese Dream une variété décuplée. Bien que le procédé ne soit pas aussi abouti que sur les deux albums suivants, les Pumpkins commencent à inscrire les premières lignes de leurs envies futures. Le groupe construit ses structures instrumentales en disposant l’électricité aux moments clés (le superbe « Soma », conclu en apothéose par l’arrivée remarquée des guitares) , dispensant judicieusement les compositions les plus explosives entre deux morceaux clairement dominés par l’acoustique. Les Smashing Pumpkins s’orientent vers des terrains moins virulents rythmés par la batterie calfeutrée d’un Jimmy Chamberlin polyvalent, mais ne versent à aucun moment dans la guimauve insipide pour autant. Les instrumentations deviennent même grandiloquentes lorsque les cordes viennent s’immiscer sur les lignes de guitares, décuplant encore d’avantage la tristesse de certains titres (« Disarm », « Luna »). La production apportée par le célèbre Butch Vig s’avère parfaitement approprié aux envies des musiciens. Les erreurs du passé ne sont pas reproduites, et Vig évite fort heureusement le lissage trop plat et gentil qu’il avait malheureusement appliqué au Nevermind de Nirvana.

Siamese Dream est incontestablement l’un des disques indispensables des Smashing Pumpkins. L’accès le plus aisé à leur univers, un disque de rock envoûtant grâce auquel les quatre musiciens parviendront enfin à se détacher de l’affiliation injustifiée avec Nirvana. Culte.

.: Tracklist :.

01. Cherub Rock
02. Quiet
03. Today
04. Hummer
05. Rocket
06. Disarm
07. Soma
08. Geek U.S.A.
09. Mayonaise
10. Spaceboy
11. Silverfuck
12. Sweet Sweet
13. Luna

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