Après un Lullabies to Paralyze usiné et évolutif, on se demandait ce que nous préparait Josh Homme et sa bande de reines de l’âge de pierre. Sorti en juin 2007, Era Vulgaris impose un cast qui en jette avec notamment la participation de Criss Goss (Kyuss, Masters of Reality, Goon Moon), de son comparse Mark Lanegan (Screaming Trees, Soulsavers) ainsi que celles plus étonnantes de Julian Casablancas (The Strokes) et Trent Reznor (Nine Inch Nails), ce dernier signant le titre éponyme « Era Vulgaris » qui cependant ne figure pas sur la version simple de l’album.
La crème du rock « stone » pour un album qui doit forcement valoir le détour. Era Vulgaris qui du latin au français donne « l’Ere du peuple », offre justement des impressions de révolution populaire : c’est brut, c’est rugueux, ça sonne homemade ; on est bien loin de Lullabies to Paralyze qui à coté semble d’une discipline étatique. C’est fait au fond du garage, mais ca reste du QOTSA avec ses rifs de guitare emblématiques qui vous pétent aux oreilles des le début avec « Turning on the screw », un titre qui annonce la couleur avec nonchalance et psychédélisme : La mélodie n’est pas compliquée mais ça marche. Le groupe fait parler la poudre avec un « Sick, sick, sick » complètement déjanté, ultra-saturé et plein de testostérone, le tout pimenté par un Julian Casablancas remarquable qui parfait l’originalité du morceau. Un single déroutant mais qui correspond à la volonté du groupe de ne pas céder a la médiocrité. Si ces deux premiers morceaux plantent le décor général de l’album, on retrouve également des compositions plus classiques dans la forme et la production ; « Into the hollow » et « I’m designer » sont des ballades du groupe sur le terrain du « rock far-west » avec une ambiance plus bluesy et une instrumentation calée. L’album termine sa guérilla musicale sur des titres poussiéreux et lancinants tels que « Misfit Love » ou le maintenant bien connu « Make it wit chu », qui transportent sous un soleil de plomb dans l’esprit Desert Session. Du stoner rock a l’état pur…
Si certains reprocheront a cet opus son coté ultra expérimental, brut de décoffrage grandement influencé par l’intervention de Criss Goss parrain du rock « stone », l’effet est tout de même garanti par un ensemble original et des perles psyché rock envoûtantes. Era Vulgaris est techniquement irréprochable, génie d’invention, inspiré, mêlant des titres à l’efficacité explosive dont on a l’habitude et des expériences brutes réussies. Le disque est donc plus complexe à aborder que ses prédécesseurs, cependant il pose des compositions à la variété exceptionnelle et d’une créativité impressionnante (« Suture up your future », « Run pig run »).
En résumé la première écoute déçoit un tantinet, la deuxième intrigue, la troisième enthousiasme. Si vous aimez le rock dur et dans sa plus simple expression vous serez immanquablement comblés après un temps d’adaptation. On regrette l’absence du titre éponyme « Era Vulgaris » écarté de l’album qui aurait su trouver son espace dans cet album racé et coupant comme une lame de rasoir.
.: Tracklist :.
01. Turning on the screw
02. Sick, sick, sick
03. I'm designer
04. Into the hollow
05. Misfit love
06. Battery acid
07. Make it wit chu
08. 3's & 7's
09. Suture up your future
10. River in the road
11. Run pig run