Helium est un jeune groupe parisien de rock progressif fondé en août 2008 par deux amis : Guillaume et Vincent. Après une poignée de concerts, un dénommé Wire les rejoint, suivi de près par Yannoux et Arno. Helium a trouvé son line-up définitif. S’ensuit une tripotée de représentations dans la capitale ainsi qu’en province. Les cinq camarades décident ensuite d’entrer en studio, pile un an après la création du projet, pour accoucher de leur tout premier EP. Quatre mois plus tard, Helium voit le jour, l’occasion pour Vacarm de se pencher sur le phénomène et de découvrir quelle musique se cache derrière ce nom à la fois concis et attrayant.
Premier constat après écoute du maxi, Helium surprend par sa maîtrise et sa maturité, tant vocale qu’instrumentale. Wire possède une voix tout à fait singulière. Tantôt posé, chuchotté ou même hurlé, son chant sonne toujours juste et révèle que le chanteur a plusieurs cordes a son arc (vocales en l’occurrence). Ainsi, sa voix se rapproche de celle de Mike Patton (Fantomas) dans des compositions telles que « Talk To Me » ou encore « Breathe In ». Wire-le-maléfique hante les couplets de sa terrifiante voix et semble par moments prêt à éclater en sanglots. Sur d’autres titres, comme le percutant « Open Minds », le chant se rapproche davantage de celui de David Draiman (leader de Disturbed) non pas dans le timbre mais dans les gimmicks vocaux. Impressionnant !
En ce qui concerne la musique à proprement parler, les six compositions du quintet sont très variées. On ressent les multiples influences qui habitent les musiciens, provenant de groupes comme Tool, Pearl Jam et même Radiohead. En effet, l’intro de « Talk To Me » rappelle indéniablement le combo anglais (durant sa période la plus productive, je vous rassure). C’est aussi le cas pour « Breathe In », douce ballade mélancolique qui débouchera par la suite sur quelque chose de plus progressif, notamment à travers un pont mené de main de maître. Ce schéma est d’ailleurs très représentatif de la musique d’Helium : le début de chaque morceau ne laisse que rarement entrevoir la tournure qu’il va prendre. Par exemple, « Drown » et « Mainstream » démarrent sur une basse et un rythme très funky pour ensuite évoluer vers une musique beaucoup plus progressive voire metal à certains passages. Justement, dans les parties plus énervées, les riffs explosifs lâchés par Vince et Guillaume, tous deux guitaristes, font littéralement cracher les amplis et brisent ainsi la tension émanant de l’atmosphère générale des morceaux (« Open Minds », « Wind Currents »). Ils sont pour cela soutenus par Yannoux et son imposante basse ainsi qu’ un Arno (batteur) au jeu nuancé, servant au mieux les six tracks.
Toutefois, cet EP n’est pas exempt de tout reproche. On peut ainsi regretter que les ambiances si dramatiques et angoissantes développées au fur et à mesure que l’on avance dans les compositions soient soudainement interrompues par des refrains qui manquent un brin d’efficacité. Sachant que le refrain est quasi-systématiquement la partie la plus captivante d’une chanson, on peut être décontenancé à l’écoute des titres dont les couplets sont vraisemblablement plus accrocheurs que le reste.
Ce premier effort d’Helium reste malgré tout fort satisfaisant. Certes, il n’échappe pas à la règle en ayant quelques défauts, mais il a surtout le mérite d’être sincère, original, et de nous plonger dans un monde à part, triste et douloureux. Helium est une formation étonnante, talentueuse et pleine d’ambition. Souhaitons-leur un avenir à la hauteur de leurs espérances !
.: Tracklist :.
01. Talk To Me
02. Open Minds
03. Drown
04. Breathe In
05. Mainstream
06. Wind Currents