Explosif, magistral et énigmatique… Peu d’adjectifs suffisent à décrire Battlefield, dernier chef-d’œuvre en date d’EZ3kiel. Mutée récemment en un quatuor, la formation tourangelle provoque la rupture avec son cinquième album et marque un tournant par rapport à son passé musical, jusque là rattaché (trop) génériquement au genre electro-dub. Toujours plus hybride et non pas moins innovant, le son du groupe continue donc de s’étendre vers différentes sphères stylistiques. Que ce soit à travers les territoires abrasifs du rock, de l’indus et du métal, mais aussi les confins de l’electro, du hip-hop et du jazz, EZ3kiel renouvelle sa mythologie et dépeint la beauté sombre et violente de sa dernière apocalypse.
A la manière d’un conte sonore, Battlefield insuffle aux oreilles les contours d’une histoire, voire d’une légende. L’ensemble de ses orchestrations suscite ainsi l’imagination et projette l’esprit vers un univers à la fois inquiétant, chaotique et dévastateur. De l’ambiance guerrière et orageuse d’« Adamantium », avec ses rythmes massifs et ses cuivres majestueux, à l’atmosphère floydienne de « Wagma », tout en passant par l’intensité grindcore de « Firedamp », l’écoute traverse successivement le danger, la tension, mais aussi le calme rêveur de la mélancolie.
A travers l’harmonie de ses instrumentations, ce nouvel opus d’EZ3kiel révèle une maîtrise impeccable de la composition. Les guitares se font tantôt tranchantes, tantôt aériennes, alors que les rythmiques, toujours très précises, imposent leur puissance de feu, le tout sur fond de basses entêtantes. La part laissée aux machines n’en n’est pas pour autant délaissée : chaque morceau présente dans son ensemble une (ou plusieurs) ligne électronique significative, comme l’impressionnant « Break and Die » et son flux de sons déstructurés. Les cuivres, les claviers et les violons, quant à eux, contribuent majoritairement à texturiser les sensibilités des différents titres de l’album, et ce de façon habile. Citons notamment « Lull », berceuse voluptueuse aux mélodies cristallines, ou encore « The Montagues and the Capulets », reprise à la fois glauque et enfantine du thème emblématique de l’opéra Roméo et Juliette, enregistrée pour l’occasion avec les belges de DAAU.
D’autres collaborations viennent également ornementer deux chapitres de ce livre musical, permettant de ce fait à Battlefield de se personnifier en plusieurs voix. « Spit on the Ashes » invite ainsi Ronin Jun et Crushtin’ Niils du groupe Narrow Terrence à baliser un rock émotif de leurs chants rauques (pour lui) et suaves (pour elle), tandis qu’« Alignement » est mené par le flow hip-hop/slam de Blu Rum 13, MC charismatique de Reverse Engineering et DJ Vadim.
Nouvel essai, nouvelle formation… Comme toujours, l’entité EZ3kiel a su une nouvelle fois se réinventer. Toujours plus beau, toujours plus fort, le son du groupe atteint avec Battlefield un summum qui ne pourra être détrôné.
.: Tracklist :.
01. Adamantium
02. Volfoni’s Revenge
03. Spit on the Ashes
04. Coal Flake
05. The Wedding
06. Break or Die
07. Alignement
08. Lull
09. Firedamp
10. The Montagues and the Capulets
11. Wagma